La Guinée traverse actuellement une période de transition politique importante, marquée par l’élaboration d’une nouvelle constitution. Ce processus est crucial car il doit poser les bases d’un système juridique solide et stable pour le pays.
L’organe de Transition le CNT a travaillé sur un avant-projet de constitution. Bien que ce travail soit méritant, plusieurs points méritent réflexion et discussion.
L’un des principaux sujets de préoccupation concerne l’engagement initial du président de la transition le GénéralMamadiDoumbouya. Lors de sa prise de pouvoir, celui-ci avait promis publiquement et clairement de ne pas se présenter aux prochaines élections, tout comme les membres du CNRD. Cet engagement avait été inscrit dans la Charte de transition comme une règle définitive.
Pourtant, dans l’avant-projet de constitution, cette promesse n’est pas explicitement mentionnée. Le texte affirme rejeter toute forme inconstitutionnelle de transmission du pouvoir, mais ne précise pas l’interdiction pour les autorités actuelles de se porter candidates. Cette omission est surprenante et inquiétante.
Certains argumenteront que la constitution doit être pensée pour l’avenir et non pour des personnes spécifiques. Cependant, la période de transition est exceptionnelle et nécessite des dispositions claires et précises. En droit constitutionnel, les dispositions transitoires servent justement à garantir un passage institutionnel transparent et légal.
L’efficacité d’une constitution ne dépend pas seulement de sa rédaction technique, mais surtout de la volonté collective de la respecter. Une constitution n’a de valeur que si ceux qui sont chargés de l’appliquer sont réellement engagés à en respecter l’esprit et la lettre.
L’objectif principal d’une constitution en période de transition devrait être de préparer le terrain pour des institutions démocratiques et légitimes. Elle doit décourager toute tentation autoritaire et garantir une transition pacifique et transparente.
L’absence de dispositions claires sur l’inéligibilité des autorités actuelles risque de compromettre la crédibilité du processus. Si les dirigeants peuvent facilement contourner leurs propres engagements, comment la population peut-elle avoir confiance dans le nouveau système ?
Enfin, la rédaction de cette constitution représente un moment historique pour la Guinée. Elle doit refléter non seulement les aspirations du peuple, mais aussi les engagements solennels pris par les dirigeants. Les citoyens ont le devoir de veiller à ce que ce texte soit vraiment porteur de changements démocratiques.
Il est essentiel d’inscrire clairement les principes démocratiques et de respecter les promesses initiales. Seule cette approche permettra de garantir une transition réussie et d’éviter de reproduire les erreurs du passé.
« La démocratie n’est pas un cadeau, mais un combat quotidien qui se construit avec patience et détermination. » Proverbe africain
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen
