Le Monde avec AFP – L’aide internationale a commencé à arriver en Turquie, où un deuil national a été décrété pour sept jours. Dans un froid glacial, les sauveteurs continuent de rechercher d’éventuels miraculés.
Dans un froid glacial, les sauveteurs continuaient, mercredi 8 février, de mener une course contre la montre pour tenter de porter secours aux rescapés du tremblement de terre d’une magnitude de 7,8, survenu lundi à l’aube, et qui a détruit des villes entières dans le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie. Le séisme a fait plus de 19 000 morts, dont plus de 3 200 en Syrie, selon le dernier bilan provisoire.
« Le nombre de morts et de blessés devrait s’alourdir considérablement, de nombreuses familles se trouvant encore sous les bâtiments effondrés », a déclaré jeudi matin sur Twitter, Raed Al Saleh, le chef de la Défense civile syrienne, organisation humanitaire présente dans le nord-ouest de la Syrie. Le ministre de l’intérieur turc a averti, mardi, que les prochaines quarante-huit heures seraient « cruciales » pour retrouver d’éventuels survivants. Ankara a décrété un deuil national pour sept jours.
L’Organisation des Nations unies (ONU) a reçu l’assurance qu’une partie de l’aide humanitaire d’urgence « allait passer ce jeudi » par le point de passage de Bab Al-Hawa, le seul autorisé entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, a fait savoir l’envoyé spécial de l’ONU à Genève, Geir Pedersen. « Le premier convoi d’aide de l’ONU est entré aujourd’hui », a déclaré à l’Agence France-Presse Mazen Allouch, un responsable du poste-frontière, tenu du côté syrien par les rebelles. « Elle sera suivie, si Dieu le veut, comme on nous l’a promis, de convois plus importants pour aider notre peuple sinistré », a-t-il ajouté. De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations a précisé dans un communiqué que ce convoi, composé de six camions transportant couvertures, matelas, tentes, matériel de secours et lampes solaires devrait couvrir les besoins d’au moins 5 000 personnes.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a reconnu des « lacunes » dans la réponse apportée. « Il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a-t-il déclaré depuis la province du Hatay (Sud), l’une des plus touchées, à la frontière syrienne. « Quelques personnes malhonnêtes (…) ont publié de fausses déclarations, telles que “nous n’avons pas vu de soldats ni de policiers” » dans cette province, a dénoncé M. Erdogan, ajoutant que 21 000 membres du personnel de secours avaient été déployés au Hatay. « Nous apporterons une réponse au désastre de façon à ne laisser personne sous les ruines ni personne souffrir », a-t-il promis à quatre mois de l’élection présidentielle.
L’accès à Twitter a été rétabli jeudi 9 février en Turquie, après avoir été bloqué pendant une douzaine d’heures sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile du pays, habitué à ce type de pratique. La restriction au réseau social a suscité de multiples critiques visant la réponse du gouvernement au séisme
« Toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit »
Les premières équipes de secouristes étrangers sont arrivées mardi. Selon M. Erdogan, qui a déclaré l’état d’urgence pour trois mois dans les dix provinces touchées par le séisme, quarante-cinq pays ont proposé leur aide.
L’Union européenne (UE) a mobilisé pour la Turquie 1 185 secouristes et 79 chiens de recherche de dix-neuf Etats membres. Pour la Syrie, l’UE est en contact avec ses partenaires humanitaires sur place et finance des opérations d’aide.
L’UE va organiser au début de mars une conférence des donateurs pour mobiliser des fonds internationaux afin d’aider les deux pays, a annoncé, mercredi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. « La Turquie et la Syrie peuvent compter sur l’UE », a tweeté la responsable européenne. Cette conférence, organisée en coordination avec les autorités turques, « sera ouverte aux Etats membres de l’UE, aux pays voisins, aux membres de l’ONU » et aux institutions financières, selon la Commission.
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a promis au chef de l’Etat turc « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ». Deux équipes de secouristes devaient arriver mercredi matin sur place. La Chine a annoncé, mardi, l’envoi d’une aide de 5,9 millions de dollars (5,50 millions d’euros) ainsi que des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel d’urgence. Même l’Ukraine, malgré l’invasion de son territoire par la Russie, a annoncé l’envoi en Turquie de 87 secouristes.
Les Emirats arabes unis ont promis 100 millions de dollars d’aide, et l’Arabie saoudite, qui n’entretient pas de liens avec le régime de Damas depuis 2012, a annoncé la mise en place d’un pont aérien pour venir en aide aux populations affectées dans les deux pays.
« D’horribles conditions qui s’aggravent »

En Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a cependant surtout été entendu par son allié russe. Selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur place pour aider les secours. Mardi, Washington a dit travailler avec des organisations non gouvernementales locales en Syrie, insistant sur le fait que ses « fonds iront bien sûr au peuple syrien, pas au régime [de Damas] ».
Lors d’une conférence de presse, Robert Holden, chargé de la réponse au séisme au sein de l’Organisation mondiale de la santé, a expliqué que l’objectif immédiat était de sauver des vies, mais que, « en même temps, il [était] impératif de s’assurer que ceux qui ont survécu à la catastrophe initiale continuent de survivre ».
Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation de l’épidémie de choléra, qui a fait sa réapparition en Syrie. « Il y a beaucoup de gens qui ont survécu et qui se trouvent maintenant en plein air dans d’horribles conditions qui s’aggravent », a insisté M. Holden, en précisant que l’approvisionnement en eau, en carburant et en électricité ainsi que les communications étaient fortement perturbés.
Vingt-trois ans de violents séismes en Turquie
Cette carte présente plus de 2 000 séismes dont la puissance est supérieure à une magnitude de 4,5 en Turquie et chez ses voisins méditerranéens. Chaque cercle représente un tremblement de terre dont la taille est proportionnelle à sa magnitude
Le Monde avec AFP