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Nyakoye et ses Conseillers : Un Dilemme Politique au Bord de la Rivière de Questionnement (Christian Desco Condé)

Le crépuscule tombait sur la Rivière de Questionnement, enveloppant la ville d’une brume de confusion et de tension. Mais dans le salon d’apparat de Nyakoye, homme politique de grande envergure, un autre genre de lumière, plus sobre, s’épanouissait. Autour de lui, ses conseillers s’agitaient, perplexes et en proie à leurs propres préoccupations. L’heure était grave : la Rivière de Questionnement, ce fleuve aux multiples ramifications et aux complexités innombrables, se trouvait à un moment charnière de son histoire. Nyakoye, dont l’influence était incontestée, se sentait tiraillé entre la fidélité à ses principes et les exigences pragmatiques de la politique. Les questions qu’il se posait, et qui taraudaient son esprit, étaient les suivantes : « Dois-je, par principe, rejoindre ceux qui détiennent le pouvoir pour assurer une certaine stabilité au bord de cette rivière, ou bien me retirer dans l’ombre, fidèle à mes idéaux de justice et d’intégrité ? »

Les papiers officiels et les cartes géographiques de la Rivière de Questionnement jonchaient la grande table de bois sculpté, témoins des multiples dossiers qui occupaient l’esprit de Nyakoye. Il y demeura un instant, seul avec ses pensées, cherchant à discerner la voie juste. Le pouvoir, cet objet insaisissable et tyrannique, semblait lui échapper tout en étant à portée de main. Chaque décision qu’il prendrait, ou qu’il choisirait de ne pas prendre, déterminerait non seulement son avenir personnel, mais aussi celui de cette rivière et de ses habitants. Leurs attentes étaient lourdes. Le peuple, les élites, la communauté internationale : tous attendaient qu’il se positionne, qu’il fasse un choix.

Ses conseillers pénétrèrent dans la salle. L’un d’eux, le plus cynique, s’avança sans détours.

« Excellence, il ne sert à rien de se perdre en considérations éthiques et philosophiques. La politique est un art de compromis et de manœuvres. Si vous ne vous alliez pas aux détenteurs du pouvoir, vous serez relégué à une simple fonction de spectateur. L’Histoire ne se fait pas à partir de l’ombre ; elle se forge dans la lumière des décisions, et parfois, il faut savoir s’allier avec les puissants pour obtenir ce que l’on désire. »

Nyakoye, levant un regard pénétrant sur son conseiller, répondit, sa voix empreinte d’une gravité réfléchie :
« Mais qu’en est-il de l’honneur, mon cher conseiller ? Si l’on choisit de se plier aux désirs des puissants, n’est-on pas en train de sacrifier notre conscience, et, plus encore, l’intégrité de nos idéaux ? La politique, telle que vous la dépeignez, devient alors un simple jeu d’égoïsmes où seul le pouvoir prime. Mais à quel prix ? À celui de l’âme ? »

Le conseiller, sans perdre de sa verve, répondit sans détour :
« Monsieur, vous semblez oublier que la Rivière de Questionnement n’est pas un lieu pour les idéalistes, mais un champ de bataille pour les réalistes. Ceux qui refusent de se soumettre à la dureté des réalités politiques, ceux qui restent perchés sur leur moralité, finissent oubliés. C’est une vérité amère, mais elle est incontestable. »

Nyakoye, le visage marqué par l’angoisse de ce dilemme, se leva soudainement, son regard se perdant dans la lointaine brume de la capitale.
« Faut-il vraiment se compromettre pour gouverner ? Faut-il accepter l’inacceptable pour pouvoir prétendre à un pouvoir qui, de toute évidence, corrompt ? » dit-il d’un ton amer.

Un autre conseiller, plus prudent et mesuré, prit la parole avec une calme assurance :
« Votre grandeur, il est indéniable que la politique, au bord de la Rivière de Questionnement comme ailleurs, exige une capacité d’adaptation et de compromis. Ceux qui veulent gouverner doivent savoir où se trouvent leurs alliés, et comprendre qu’une alliance, même tactique, peut être la clé pour faire avancer les réformes. L’idéal doit toujours coexister avec le pragmatisme, sous peine de rester dans l’illusion. »

Le silence envahit un instant la pièce. Nyakoye, les mains posées sur la table, réfléchit profondément. La pensée qu’il avait repoussée jusque-là remontait en lui avec force. « La Rivière de Questionnement, souffrant de divisions internes et de pressions externes, a besoin de leaders. Mais ces leaders doivent-ils se perdre dans les jeux d’influence et la quête insatiable de pouvoir ? », se demanda-t-il, le cœur lourd de cette inquiétude qui pesait sur son esprit.

Il se tourna finalement vers ses conseillers, leur adressant des paroles pleines de résolution et de lucidité :
« Je suis bien conscient des enjeux, de la complexité de la situation. Vous me le rappelez à chaque instant. Mais je ne peux m’abaisser à ce point. Ce que je choisis, ce n’est pas la facilité, mais la sincérité. Je ne serai pas un spectateur passif des manœuvres des puissants, mais un acteur du changement. Je choisis de ne pas me laisser engloutir par ce système. J’agirai dans la lumière, avec les hommes et les femmes qui veulent, de tout cœur, voir cette rivière évoluer. »

Le silence se fit, plus profond, comme si le vent de la vérité venait souffler sur les pensées des conseillers. Finalement, l’un d’eux, manifestant une approbation sincère, répondit :
« Vous avez raison, Monsieur Nyakoye. Il est de notre devoir de servir le peuple, non d’entrer dans une danse de compromissions. Si l’on veut que notre rivière change, il faut une vision claire et une intégrité sans faille. Votre engagement est un phare qui guidera ceux qui veulent bâtir un avenir meilleur au bord de cette rivière. »

Nyakoye, d’un ton ferme, conclut :
« Que l’Histoire se souvienne de nous, non comme des opportunistes, mais comme des bâtisseurs. Nous avons une rivière à reconstruire, et pour cela, il faut être “avec” ceux qui veulent vraiment le changement. »

Ainsi se termina cette soirée de réflexions, où l’homme politique choisit de rester fidèle à sa vision, tout en sachant que les temps à venir seraient semés d’embûches. Mais pour lui, ce n’était pas le pouvoir qui importait. Ce qui comptait, c’était la direction vers laquelle il pouvait orienter le destin de la Rivière de Questionnement, et l’héritage qu’il souhaitait laisser.

Par Christian Desco Condé
Politologue Interationaliste
Enseignant-chercheur

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