En Guinée, on connaît maintenant le refrain : ceux qui donnent le plus de leçons de démocratie sont souvent les premiers à s’en éloigner quand ça les arrange. Ils crient à la dictature aujourd’hui, mais hier ils applaudissaient les violences urbaines comme stratégie de conquête du pouvoir. Ils ont soutenu l’armée quand ça les arrangeait, aujourd’hui ils veulent une autre transition, une autre prise de pouvoir, un autre coup d’État… jusqu’à quand allons-nous tourner en rond comme ça ?
Soyons vrais : quand l’ancien régime vacillait, beaucoup n’ont pas hésité à appeler au chaos. Ils ont porté la violence comme étendard. Ils ont utilisé les jeunes comme boucliers dans la rue, avec la complicité de certains leaders dits « sociaux », pendant que leurs enfants vivaient tranquilles à l’étranger. Quand le CNRD est arrivé, ils étaient les premiers à applaudir. Ils pensaient que l’armée allait faire leur sale boulot. Mais quand la transition ne leur a pas ouvert les portes du pouvoir, ils ont vite changé de discours.
Ce sont les mêmes qui criaient pour qu’on interdise l’ancien parti au pouvoir, qui jubilaient quand les leaders de l’ancien régime étaient arrêtés. Aujourd’hui que certains d’entre eux sont convoqués, ils redécouvrent les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la séparation des pouvoirs…
Alors franchement, de qui se moque-t-on ? On ne peut pas faire la démocratie en mode « à la carte » ! Soit on la défend dans toutes les situations, soit on l’utilise comme un déguisement.
Notre silence, notre retenue ne sont pas complices. Ils relèvent plutôt d’une forme de sagesse. Dans la tourmente, dans le vacarme des postures et des colères, nous choisissons la voie de la responsabilité — individuelle et collective. Celle qui s’inscrit dans l’esprit républicain, où chaque parole compte, chaque acte engage, et où l’Histoire finit toujours par trier les vrais bâtisseurs des fauteurs de troubles.
Soyons lucides : la Guinée n’a jamais connu de guerre civile, de guerre religieuse ou de guerre de sécession. Rendons grâce à Dieu et à nos devanciers. Ne jouons pas avec le feu en appelant à l’affrontement, en attisant les divisions, en utilisant l’ethnie ou la région comme armes politiques.
La Guinée souffre. Nos populations vivent dans une misère indescriptible. Ce n’est pas le moment de tirer sur une ambulance. Le rôle de chacun aujourd’hui, c’est d’apporter une critique utile, pas de détruire. Aucun régime n’est innocent, mais ce n’est pas une raison pour encourager la haine ou la vengeance.
Le CNRD, s’il veut réussir sa mission, doit éviter de s’entourer de la vulgarité, des courtisans, des agitateurs qui vivent du buzz et du bruit. On ne montre jamais sa maison de la main gauche, dit-on chez nous. Ce pays, c’est notre seul bien commun.
Changeons de discours, arrêtons de parler pour nous venger. Portons la parole de la Guinée qui veut avancer, dans un monde qui bouge, avec des enjeux géopolitiques énormes. Proposons, dénonçons, construisons, mais ne détruisons pas.
Parce que ce pays mérite mieux que nos colères.
Soninké Diané
Citoyen