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Concurrence des coupures d’eau et d’électricité : De l’ironie du dialogue à la rationalité des faits

Le défi est que les deux concurrents évitent de venir ensemble au même moment. Ainsi, quiconque des deux qui serait venu pendant que l’autre est présent aura perdu la compétition.

« Ce pari n’est pas difficile à tenir » (dit l’électricité), « parce que :

a) D’abord, je vais constamment interrompre le courant électrique ;

b) Ensuite, je ne ferai d’approvisionnement normal qu’au moment de la distribution des factures d’électricité ;

c) Enfin, je ne déposerai les factures qu’au jour de l’expiration du délai de paiement, afin de percevoir les pénalités de retard ».

« À cela, s’ajoute le fait que je vais aussi me donner le droit de m’absenter et de retarder la fourniture de courant électrique, mais je ne pardonnerai aucun retard de paiement de la part des clients… »

« S’ils retardent le paiement, j’impose la pénalité de 10%, et s’ils arrêtent de payer, je leur coupe définitivement ».

« …Et gare au client ! En cas d’incendie, je décline toute responsabilité ! Le client est toujours responsable des incendies qui arrivent ! »

« … Ce n’est jamais ma faute, ni la faute de mes travailleurs, ni la faute des transfos, ni la faute des tempêtes… »

« …C’est plutôt toujours la faute de la mauvaise qualité du fil que le client a utilisé, la faute des petits électriciens de quartier qu’il a employés pour le dépanner, la faute des surcharges de ses branchements, etc. »

« Qu’en dis-tu de ces mesures que je vais entreprendre ? » (demande l’électricité à l’eau).

« Génial! et c’est surtout facile à appliquer, en tout point de vue. (Répond l’eau). » « Oui, je suis d’accord que la mise en œuvre est facile » (concède l’électricité).

« Par ailleurs, je vais aussi mettre les transfos en panne jusqu’à l’exécution correcte des budgets de fonctionnement de tous les services impliqués ». (Affirme l’électricité).

« D’accord, maintenant à mon tour. Donc, un peu d’écoute » (Introduit l’eau).

« Un pari très facile pour moi aussi, parce que je rappelle, d’entrée de jeu, que je suis plus importante que toi, électricité », (dit l’eau)

« En quoi tu es plus importante que moi, qui éclaire tout, et qui fait fonctionner tout équipement moderne ? » (se demande l’électricité)

L’eau de répondre : « parce que l’eau c’est la vie. Sans eau, personne ne peut vivre »

L’électricité réplique : « je suis d’accord que l’eau c’est la vie, mais tu oublies qu’on peut conserver l’eau dans des bidons pour prévoir les moments de coupure d’eau?… »

« …Tu oublies aussi que personne ne peut conserver le courant qui était venu, afin de l’utiliser en cas de coupure d’électricité? »

« …Tout le monde est obligé d’attendre le retour du courant. L’eau c’est la vie, mais les coupures d’électricité sont plus durement ressenties »

L’eau concède en disant « Tu as quand-même un peu raison »

Et l’électricité de continuer en instant que « Je vais donc assécher toutes les sources d’eau, de sorte à ne retrouver suffisamment d’eau qu’après le reboisement de tout le couvert végétal déboisé et la restauration de tous les cours d’eau dévastés ».

« Nos solutions de retabrétablissement d’un approvisionnement normal d’eau et d’électricité sont pourtant très faciles d’un point de vue pratique » (soutient l’électricité).

« Elles sont pourtant très difficiles d’un point de vue des habitudes » (Réplique l’eau).

« En quoi cela est-il difficile précisément ? » (Se demande l’électricité).

« Difficile pour les raisons que voici » (Dit l’eau) :

« Premièrement: Difficile, parce qu’au regard de la taille du chantier, chaque régime mettra le reboisement au compte de ses projets de futur, en oubliant qu’il ne sera pas forcément présent quand le futur sera arrivé »…

« Deuxièmement: Difficile, parce que les budgets de fonctionnement auront du mal à être correctement exécutés, tant que les travailleurs auront le sentiment qu’ils risquent de tomber dans la pauvreté noire à la retraite ».

« Et qu’en est-il de la conscience de l’honnêteté ? » (Se demande l’électricité).

Et l’eau de répondre en affirmant que « le fait de se suffir est un besoin primaire, alors que le fait de vouloir honorer sa conscience d’honnêteté est un besoin tertiaire. La nature humaine pense rarement à faire preuve d’honnêteté quand ses besoins primaires sont cruellement insatisfaits »;

« Ce qui fait que la plupart des cadres qui ont commis des détournements de haut niveau de deniers publics quand ils étaient pauvres, finissent par briller dans la lutte contre les détournements lorsqu’ils sont nommés à des postes de responsabilité qui les mettent à l’abri des besoins » (Continue l’eau)

« Donc, pauvres, ils brillent dans le détournements sans se soucier de la conscience de l’honnêteté. Mais dès qu’ils deviennent riches, la conscience de l’honnêteté revient pour faire d’eux de brillants combattants contre les détournements »

« La conscience de l’honnêteté est un élément éphémère qui dépend de la situation chez la plupart des humains. »

« Cette conscience n’est stable que chez quelques rares personnes qui sont des élus de Dieu par nature. Riches ou pauvres, ces personnes ont toujours la conscience de l’honnêteté surplace »

« Et très malheureusement, ce sont ces honnêtes gens que la société qualifie de maudits, lorsqu’ils accèdent à des postes élevés de gestion de deniers publics sans commettre de détournements et finir en homme ordinaire.>>

<<Plutôt donc que d’être félicités et plébiscités, ces honnêtes gens sont critiqués et rejetés. Comme pour dire que dans un monde faux, ce sont les faux qui sont justes. » (Conclut cet aspect avant de continuer)

« …Troisièmement, par ailleurs : Difficile, parce que très paradoxalement, il arrive aussi que des cadres qui se sont enrichis par des malversations veuillent toujours amasser plus de fortune, en se fortifiant de l’impunité »…

« Quatrièmement: Difficile, parce que les mesures de répression sont beaucoup plus conjoncturelles que structurelles… »

« ..D’ambitieuses mesures de répression qui sont mises en œuvre par un régime donné, pourraient être négligées ou tout simplement supprimées sous le régime succédant, en présentant les malfrats détenus de l’ancien régime comme des héros à réhabiliter sous le nouveau régime ».

« Daccord, mais je me rappelle d’une autre bonne solution concernant le courant électrique » (dit l’électricité).

« Laquelle ? » (se demande l’eau)

« L’énergie solaire est une excellente solution au problème de courant en Guinée, parce que le soleil est abondant » (Répond l’électricité)

« Génial pour ce qui est de la solution de certains aspects du problème. Mais un nouveau problème surgira, tandis qu’un ancien problème continuera toujours de persister » (affirme l’eau)

« Et quels sont ces problèmes ? » (Se demande l’électricité)

« le premier est un nouveau problème. Avec l’énergie solaire, il y aura des possibilités d’une bonne fourniture de courant électrique… »

« …À cause de ce souci réglé, on ne se préoccupera plus de la restauration des cours d’eau dévastés ni du reboisement du couvert végétal déboisé. Ainsi, la dégradation de l’environnement et le réchauffement climatique vont s’accentuer » (Soutient l’eau)

« Le second problème est le risque de persistance de la mauvaise gestion, au regard des facteurs précités à propos de la force des habitudes et de l’instabilité des mesures de répression. » (Conclut l’eau)

L’eau et l’électricité finissent par conclure de concert que « C’est finalement en ces facteurs que ce qui devrait être facile d’un point de vue pratique, devient difficile d’un point de vue des habitudes, car les habitudes sont têtues ».

Dr Mohamed campel CAMARA socioanthropologue

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