I- Etat des lieux :
La propagation des virus dans le monde est influencée aujourd’hui par une combinaison de facteurs biologiques, sociaux et environnementaux.
Une compréhension approfondie de ces éléments est essentielle pour élaborer des stratégies efficaces de prévention et de contrôle. Après le coronavirus, on fait face aujourd’hui à un autre virus appelé variole du singe ou Monkeypox.
C’est une maladie initialement présente chez l’animal, notamment chez des rongeurs en Afrique, et qui circule désormais chez l’être humain ; on parle ainsi de zoonose émergente, le Centre de contrôle et de prévention des maladies, CDC Afrique, a déclaré cette maladie d’urgence sanitaire publique de sécurité continentale.
Elle se présente comme une forme atténuée de la variole humaine, avec des symptômes moins graves et une létalité plus faible.
A quand ce virus a été isolé pour la première fois pour permettre aux chercheurs de pencher sur ses mutations :
Le virus Mpox fut isolé pour la première fois en 1958 au Danemark, au sein d’une colonie de singes. Ces singes présentaient des lésions cutanées évoquant ainsi la variole humaine. D’où la dénomination de variole du singe, attribué à cette maladie.
Attention, ce n’est pas via les singes que cette maladie se transmet à l’humain, mais à partir des rongeurs nous allons décrire dans le volet transmission.
Quels sont les types du virus Mpox ? on distingue deux principaux types : Le clade 1, présent au bassin du Congo en Afrique Centrale et le clade 2 présent en Afrique de l’Ouest.
II – La Symptomatologie : La transmission se fait soit par contact direct avec des animaux infectés, soit par contact avec les lésions cutanées ou les fluides biologiques, soit de façon indirecte via des matériaux contaminés (comme la literie ou les surfaces). Elle pourrait peut-être se faire aussi via les gouttelettes respiratoires d’une personne infectée.
III – L’épidémiologie : Cette année, 18 737 cas de Mpox et plusieurs cas de décès ont été reportés dans au moins 12 pays africains selon Africa CDC (au 16/08/2024).
-RDC : 15 664 cas potentiels, 548 décès
-Burundi : 65 cas suspects, 103 cas confirmés
-Afrique du Sud : 24 cas confirmés dont 3 décès
-Cameroun : 23 cas suspects, 5 cas confirmés dont 2 décès
-République du Congo : 150 cas suspects, 19 cas confirmés dont 1 décès
-République centrafricaine : 223 cas suspects, 45 cas confirmés, 1 décès
-Nigeria : 749 cas suspects, 39 cas confirmés
-Liberia : 5 cas confirmés
-Rwanda : 4 cas confirmés
-Côte d’Ivoire : 2 cas confirmés
-Ouganda : 2 cas confirmés
-Kenya : 1 cas confirmé
IV- Le traitement : le traitement des cas simples ( traitement symptomatique ) :
- La fièvre :
- PARACETAMOL : 60 mg/kg/jour en 3 ou 4 prises, P.O pendant 2 jours poursuivre si persistance de fièvre.
- La douleur :
- Légère : PARACETAMOL : 60 mg/kg/jour en 3 ou 4 prises, P.O pendant 2 jours poursuivre si persistance de la douleur
- Modérée : TRAMADOL : douleur modéré à sévère 2 mg/kg en 4 prises
- Lésions cutanées (élémentaire) : macules, papules et vésicules
• Laver avec de l’eau et du savon antiseptique. - Prurit :
• Antihistaminique: LORATADINE: 10 mg par voie orale une fois par jour.
V- Les préventions : Les vaccins développés pour immuniser contre la variole sont également efficaces à 80% contre le mpox, ce qui pourrait permettre de venir assez rapidement à bout de l’épidémie. Au-delà, on peut agir pour :
- Prévenir les surinfections : Placer le malade sous la moustiquaire imprégnée cette dernière sera nettoyée tous les 3 jours ; et donner de l’ERYTRHOMYCINE IV/IM : 30-40 mg/kg/jour en 2 prises pendant 5 jours.
-Atteintes Oculaires : RETINOL PO au J1 et J2
-Prévention de la déshydratation : Faire boire le malade régulièrement.
– Prévention de la malnutrition : Favoriser l’allaitement au sein, nourrir l’enfant à la demande, repas fractionnés toutes les 2-3 heures. Augmenter les apports pour favoriser le rattrapage de croissance dès que l’appétit revient, aliments faciles à manger et à digérer, riches en calories et nutriments.
VI- Les recommandations : Elles visent à renforcer les capacités locales et à s’attaquer aux défis uniques des pays pauvres pour mieux contrôler et prévenir les épidémies virales.
- Renforcement des infrastructures sanitaires : Améliorer les infrastructures de santé, telles que les hôpitaux, les cliniques et les laboratoires, est crucial.
-Formation des personnels : Former les travailleurs de la santé locaux et éduquer les communautés sur les mesures préventives est essentiel.
-Accès aux vaccins : Assurer l’accès équitable aux vaccins à travers le transfert de compétences est vital.
-Renforcement des systèmes de surveillance : Mettre en place des systèmes de surveillance efficaces pour détecter rapidement les épidémies et suivre leur évolution permet une réponse rapide et ciblée.
-Amélioration des conditions de vie : S’attaquer aux déterminants sociaux de la santé, tels que l’accès à l’eau potable, l’assainissement et les conditions de logement, réduit les risques de propagation des infections.
-Programmes de prévention et de traitement : Mettre en place des programmes de prévention spécifiques aux maladies virales endémiques et garantir l’accès aux traitements nécessaires est crucial pour contrôler les épidémies.
-Politiques et gouvernance : Renforcer les politiques de santé publique et améliorer la gouvernance pour une gestion plus efficace des crises sanitaires.
VII- Conclusion : La lutte contre cette maladie virale est un défi complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle. Notre pays, la Guinée, étant frontalier de certains pays déjà touchés par ce virus ( Liberia et Côte d’Ivoire), doit maintenir une vigilance continue en collaboration avec tous les acteurs du système de santé pour garantir une lutte préventive efficace et appropriée.
Par M. Karamo Kaba
Docteur D’Etat en Pharmacie, Rétrovirologue, Spécialiste en Gestion des hôpitaux et services de santé, Écrivain-Auteur, Consultant Santé-Médias. Contact : 628 49 78 95