Souvent connu pour ses interventions politiques, Souleymane Keïta a donné sa lecture sur cette unième transition en cours dans le pays. Après un rappel approfondi sur les régimes qui se sont succédé à la tête du pays, l’enseignement chercheur a livré ses analyses sur le processus en cours dans le pays, depuis le 05 septembre 2021. Sa première lecteur s’adresse aux nouveaux dirigeants : « Je voudrais également faire remarquer aux autorités de la transition que le consensus/compromis n’est nullement une compromission ; il est d’autant plus important de savoir que nous vivons dans une société marquée par des rancœurs et des souvenirs douloureux, la crise de confiance et les suspicions les plus farfelues qui empêchent la lucidité dans la réflexion et donc, proies faciles à la manipulation, c’est pourquoi elles devraient agir sans acrimonie aucune », indique-t-il.
Selon l’enseignement chercheur, le régime actuel tire sa légitimité de la crise de gouvernance des anciens dirigeants qui, d’après lui, sont tombés en ‘’disgrâce’’ sous la pression de la rue ou par la force armée. Souleymane Keïta fait remarquer que l’option de la transition, malgré la lecture que se fait chaque acteur, dépend des époques, des contextes, de la volonté des parties prenantes ; autorités transitoires et acteurs sociopolitiques. S’adressant aux acteurs à tous les nouveaux, Souleymane Keïta fait cite une étude : « Selon Mathilde Tarif et Thierry Vircoulon, dans une étude réalisée sur trois pays, le Mali, la Centrafrique et la Somalie, les transitions politiques se caractérisent par l’échec des autorités à mener à leur terme des programmes surréalistes et s’achèvent par des élections précipitées et de très médiocres qualités », rapporte-t-il.
Plus loin, l’enseignement chercheur estime que l’enthousiasme et les bonnes intentions qui caractérisent les autorités d’une tradition, s’écartent souvent de la réalité : « Ainsi, il est difficile d’assimiler la période de transition à des moments de construction de l’unité nationale, de redressement de la sécurité, de refondation de l’Etat, de la relance du développement, et dans une moindre mesure de lutte contre les détournements de deniers publics car, les risques de persistance et d’amplification de la corruption restent très élevés », dit-il, tout en indiquant que la transition guinéenne ne soit pas être un cas atypique, notamment l’appel pressant de la CEDEAO et une bonne partie des acteurs sociopolitiques, pour le retour à l’ordre constitutionnel : « il appartient aux autorités transitoires de créer un environnement propice à l’organisation de bonnes élections », a-t-il rappelé.
Invitant les parties prenantes au processus de transition à faire preuve d’exemplarité, l’enseignement chercheur estime qu’il faut, « éviter de s’imposer un cadre temporel de course contre la montre. Instaurer un partenariat clair entre tous les acteurs et sortir du mépris, de l’arrogance, de l’arbitraire et de la violence de part et d’autre. Revoir à la baisse les ambitions de la transition. […] Cette transition enfin, doit ouvrir la voie à une transition démocratique durable et irréversible pour donner des raisons de rêver aux générations futures dans un pays béni par la nature et par Dieu », a-t-il conclu.
Mohamed Lamine Souaré