Contexte :
L’année 2025 sera une année électorale a martelé le chef de l’Etat guinéen, en ce début d’année.
La situation politique de la Guinée intéresse pas mal d’observateurs nationaux et internationaux.
La Guinée depuis son indépendance, a soufflé le chaud et le froid. Depuis l’accession du pays à l’indépendance, il n’y a pas eu vraiment de moment d’accalmie pour la Guinée. Une élection se profile à l’horizon, mais on peut légitimement s’interroger sur la réussite de l’organisation de cette élection.
L’idée n’est pas tant la réussite de l’organisation des élections, mais le défi de la Guinée est surtout d’organiser une élection inclusive, dont les résultats seraient acceptés par la majorité de la population guinéenne, et pour cela si nous allons à des élections sans inclure les principaux opposants nous risquons sans doute de voir l’élection et le pouvoir élu être contesté notamment dans la rue.
Pour ma part, je pense que le premier défi pour la Guinée, c’est la stabilité sociale, et la fin de l’hémorragie, il faut apaiser le théâtre politique guinéen, il faut apaiser la scène politique guinéenne.
Mon regard sur le rôle des parties prenantes : Etat, ONU, opposition et société civile dans cette élection.
Les Nations Unies doivent jouer un rôle clé dans le suivi de cette élection, les différentes agences du système des Nations Unies doivent jouer un rôle d’arbitre neutre afin de permettre une élection inclusive. Le Centre Européen d’Appui Électoral, doit participer au processus et veiller à avoir une élection fidèle au vote des urnes, elle doit le faire en amont et en aval.
D’ailleurs, au sein de la société civile guinéenne, des critiques s’élèvent sur la répartition des Kits d’enrôlement et l’équilibre entre les régions administratives, et cela peut conduire à avoir un fichier non accepté par la majorité de la population, un fichier qui ne fait pas consensus. Nous attendons donc des agences onusiennes mais aussi du Centre Européen d’Appui Électoral, un plaidoyer auprès des autorités guinéennes afin de partir aux élections sur de bonnes bases.
En outre, l’Etat guinéen doit aussi jouer un rôle prépondérant, en contribuant à apaiser la situation politique, notamment en informant la population sur le sort réservé aux activistes guinéens.
L’opposition guinéenne, utilise la rue comme moyen de se faire entendre, mais cette solution n’est pas vraiment viable sur le long terme, car les violences d’Etat perdurent et les victimes sont toujours plus nombreuses.
Il faudrait que l’ONU joue un rôle d’intermédiaire, de médiation afin d’éviter que le fossé ne se creuse entre l’Etat guinéen, la société civile et l’opposition.
Ce qui reste évident, c’est que l’opposition et surtout la société civile ont le cœur lourd, car depuis les manifestations de janvier et février 2007, ils ont perdu tellement d’hommes, d’adolescents, et ils voudront être entendus peu importe le prix.
Je précise aussi que des élections peuvent être organisées rapidement, un président être élu, mais aussi tôt élu ce président risque d’être contesté, et l’élection risque d’être noyé dans les jours qui suivront le vote par des manifestations.
L’équation est donc complexe, mais tout se joue dans l’inclusivité des élections, plus l’élection sera jugée inclusive, moins de troubles il y aura après le vote. Et, il en va de l’intérêt des Guinéens, de la communauté internationale, d’avoir une guinée en paix afin d’utiliser le potentiel minier pour aider les Guinéens mais aussi alimenter les multinationales en ressources minières.
En somme, les défis sont nombreux et l’équation complexe en Guinée.
La médiation des partenaires internationaux et la possibilité qu’ils puissent faire pression sur les parties prenantes est vital pour la stabilité de la Guinée et de la région.
Alseny Thiam