Depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, le CNRD, dirigé par le Général Mamadi Doumbouya, a imposé une nouvelle donne politique en Guinée. La stratégie actuelle du CNRD se décline en plusieurs actions qui visent à maintenir son emprise sur le pouvoir et à affaiblir les forces d’opposition. Cette stratégie repose sur un mélange de manipulation, de répression et de division, avec des objectifs clairs : maintenir le contrôle sur la population, neutraliser l’opposition politique et imposer une nouvelle vision du pouvoir en Guinée.
L’une des premières étapes dans la stratégie du CNRD consiste à faire comprendre au peuple que l’ancien président Alpha Condé, déchu du pouvoir, prépare une attaque contre la Guinée en passant par le Liberia. Ce narratif, bien que difficile à vérifier, sert à entretenir un climat de peur et à justifier des mesures exceptionnelles. En amplifiant cette menace, le CNRD cherche à légitimer son pouvoir et à présenter le régime de Doumbouya comme un rempart contre une instabilité politique fabriquée.
Le CNRD a également recours à des actions spectaculaires, telles que la mise en scène d’attaques en provenance du Liberia. Cela permet de créer l’illusion d’une menace extérieure tout en procédant à la radiation de plusieurs soldats, ceux-ci étant parfois accusés d’être des partisans de l’ancien régime. Cette méthode permet d’affaiblir l’armée, de redéfinir l’allégeance militaire et de renforcer la mainmise du CNRD sur les forces armées.
Le CNRD continue de poursuivre ses opposants par des méthodes répressives, notamment à travers des enlèvements de citoyens accusés d’être des dissidents. L’intimidation des leaders politiques à Conakry est aussi un élément fondamental de cette stratégie. En créant un climat de peur, l’objectif est de maintenir un silence complice au sein de la classe politique, empêchant ainsi toute forme de contestation ouverte.
La fermeture des sièges des partis politiques à partir du 25 novembre est une autre mesure qui illustre l’isolement de l’opposition. En plus de cela, le CNRD a intensifié la militarisation de Conakry et du grand Conakry. Les patrouilles militaires dans les rues, ainsi que le stationnement de forces armées dans chaque carrefour, visent à maintenir une pression constante sur la population, l’empêchant de s’organiser et de manifester ses désaccords.
Parallèlement à cette répression, le CNRD poursuit une politique de diversion à travers des affaires judiciaires liées aux anciens ministres du gouvernement Condé. Les arrestations, souvent suivies de mises en scène médiatiques, ont pour but de donner l’illusion d’une justice impartiale tout en maintenant l’attention de la population loin des véritables enjeux politiques. De plus, des mouvements de soutien à Doumbouya sont régulièrement organisés dans les préfectures pour critiquer l’ancien président et la classe politique dans son ensemble, alimentant ainsi une propagande favorable au CNRD.
Le CNRD se concentre également sur le renforcement de son pouvoir à travers la distribution de décrets et l’achat de consciences. La vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution et les remaniements gouvernementaux sont des outils permettant de consolider son autorité et de faire taire les voix dissidentes. L’interdiction des rassemblements dans les cafés et gargotes de Kaloum et l’envoi des ministres dans les préfectures pour mener la propagande du CNRD illustrent l’omniprésence de l’État et la surveillance systématique des comportements sociaux et politiques.
Cette stratégie du CNRD est avant tout une question de pouvoir. En manipulant les peurs, en écrasant l’opposition et en militarisant la société, Mamadi Doumbouya cherche à asseoir son autorité sur un pays déjà marqué par des décennies de tensions politiques. Mais, comme le disait le grand sage africain Amílcar Cabral : “La guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens”. Le CNRD semble avoir choisi la guerre politique, et la Guinée risque de devoir en payer le prix fort.
Qu’Allah sauve la Guinée ! Aamiin
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen