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Si Sékou Touré était aussi incontestable comme le prétendent ses adeptes, la Guinée ne serait pas à ce niveau… (Abdoulaye Sylla)

Je sais, de manière empirique, que je ferai l’objet d’un procès systématique comme de nombreux Guinéens qui, lorsqu’ils décident de prendre la parole dans l’espace public, subissent le sort de Galilée. Mais ces juges auront certainement un exercice délicat car mon ethnie sera difficile à situer en me basant sur mon nom de famille; en Guinée, la première chose à savoir sur celui qui prend la parole dans l’espace public est d’abord son ethnie, celle-ci servira de guide pour mesurer la sincérité de ses propos, une confession honteuse mais réelle.

Quoi qu’il en soit, quoiqu’il ait été, nous avons quelques reproches à faire au premier régime guinéen. Que les Talibés Sekotouréistes me pardonnent. Si la Guinée se trouvait aujourd’hui au sommet de la pyramide, on devrait une partie de cela à Sékou Touré en guise de reconnaissance.

À la lumière de la pensée et de la discussion, je n’ai rien contre Sékou Touré, je reconnais sa grande élégance morale mais je ne suis en aucun cas admirateur de ce qu’il a été en termes de pouvoir politique en matière de reconstruction sociale, politique et économique. Inutile d’aller plus loin, la situation socio-politique actuelle en Guinée en dit long sur l’héritage du premier régime. Il est inutile de rappeler que le présent découle du passé, et que celui-ci sert de boussole pour le futur. Cela signifie que quiconque souhaite critiquer la Guinée d’aujourd’hui doit également se pencher sur le passé.

Le sacré a perdu son sens et son essence dans notre société. Plus rien n’a d’importance aux yeux des Guinéens : ni la dignité humaine, ni la parole donnée, ni la justice. Pour s’engager sérieusement dans un processus de remise en question, il est nécessaire de questionner l’héritage de nos prédécesseurs en matière de gouvernance. C’est là qu’il devient impératif de questionner le « seigneur » Ahmed Sékou Touré, son héritage social, politique et culturel en Guinée.

À l’heure actuelle, la Guinée aurait dû dépasser le niveau des débats qui encombrent son espace public : langue nationale, coups d’État, ethnocentrisme, constitution. Nous reprochons au premier président de la république de Guinée de n’avoir pas été capable de faire de la Guinée UNE NATION. Nous lui reprochons d’avoir consacré plus d’énergie à sa propre mystification – comme le font ses adeptes aujourd’hui – qu’à la pérennisation de la notion de l’Etat et de la république. Nous lui reprochons d’avoir accepté le divorce entre la Guinée et ses intellectuels.

Des centaines de personnes ont perdu la vie sous le régime de Sékou Touré, des milliers de Guinéens ont été contraints à l’exil, mais dans quel but? C’est nous, la nouvelle génération, qui payons le prix de ces actions. Il est désormais impossible pour nous de nous réunir autour d’une table pour discuter sérieusement des problèmes qui touchent la nation guinéenne. Plus rien ne parvient à nous unir, c’est là l’héritage laissé par le premier régime.

Malgré tous les discours tenus par Sékou Touré, on peine à voir les résultats concrets de son action. Il a davantage promu son image que celle de la Guinée. Il est bien connu que l’on reconnaît les vrais leaders après leur passage. Le cas de la Guinée en est un.

ABDOULAYE SYLLA 

Écrivain-Auteur 

Président de la FESDAS ( Fédération des Étudiants, Stagiaires et Doctorants Africains au Sénégal). 

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