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Récompenser la vertu : vers une incitation à la bonne gouvernance en Guinée (Par Mohamed Chérif Touré)

Dans le contexte actuel de la Guinée, où les dirigeants se succèdent et où les promesses de changement se heurtent souvent à la réalité, il est essentiel de repenser notre approche de la gouvernance. Une question fondamentale se pose : comment encourager les dirigeants à servir véritablement l’intérêt supérieur de la nation ?

Le Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur lui) a dit : « Celui qui n’a pas de mérite, ne mérite pas de récompense. » Cette sagesse souligne l’importance de reconnaître et de récompenser ceux qui œuvrent sincèrement pour le bien-être de la communauté. Dans cette optique, le calife ‘Umar ibn al-Khattâb (qu’Allah l’agrée) a institué des pensions pour les Muhâjirîn (immigrants de La Mecque) et les Ansâr (habitants de Médine) en fonction de leur mérite et de leur contribution à la communauté musulmane. Cette pratique visait à encourager l’engagement et à reconnaître les sacrifices consentis pour la cause commune.

En Guinée, l’instauration d’un système similaire pourrait constituer une incitation efficace pour les dirigeants actuels et futurs. Le projet de nouvelle Constitution, actuellement en discussion, prévoit dans son article 74 que « les anciens présidents de la République et leurs conjoints bénéficient de privilèges matériels, financiers et d’une protection dans les conditions déterminées par une loi organique ». Cette disposition, bien qu’elle vise à assurer une transition pacifique et à honorer les anciens chefs d’État, soulève la question de l’équité et de la justice sociale.

Pourquoi ne pas étendre ce principe de récompense aux dirigeants qui, tout au long de leur mandat, ont agi avec intégrité et ont véritablement servi l’intérêt général ?

Proposition d’un mécanisme incitatif applicable à la Guinée

À partir des enseignements de ce hadith et de l’expérience historique de la Guinée – où de nombreux dirigeants ont fini par perdre leurs honneurs après avoir dévié de l’intérêt général – on peut proposer une “charte d’incitation à la bonne gouvernance” fondée sur trois piliers :

1. La Récompense honorifique et matérielle pour les dirigeants vertueux

À l’image de la pension donnée aux Muhâjirîn et aux Ansâr selon leur service :
Mettre en place au niveau national un Fonds d’Honneurs de la Nation, destiné aux hauts responsables ayant terminé leur mandat sans enrichissement illicite et ayant amélioré les indicateurs de développement humain.
Cette récompense pourrait prendre la forme :
d’une pension spéciale à vie (par exemple 30 % du salaire de fonction active) ;
d’une distinction nationale permanente assortie de privilèges (logement, sécurité, soins, représentation officielle, etc.).

2. La publication d’un “Tableau d’honneur national”

Comme les compagnons dont les noms sont gardés dans la mémoire islamique pour leur engagement :
Instaurer une liste officielle et publique (affichée au palais du peuple, publiée dans les journaux nationaux et les écoles) recensant les dirigeants qui ont servi le peuple avec probité.
Cela créerait une culture de l’honneur, où les futurs dirigeants aspireraient à figurer dans ce tableau.

3. Le rappel du sort des injustes comme dissuasion

De même que l’histoire guinéenne montre que ceux qui ont opprimé ou trahi le peuple ont fini abandonnés et humiliés :
Intégrer dans les programmes d’éducation civique et de formation des cadres un cours obligatoire sur les revers subis par les anciens dirigeants corrompus, pour rappeler que :
« Celui qui trahit la confiance du peuple finira abandonné par ce même peuple ».

Conclusion spirituelle

À l’instar d’‘Umar (ra) qui distinguait ceux qui avaient réellement sacrifié pour la Oumma, l’État guinéen gagnerait à instaurer un système où la bonne gouvernance n’est pas seulement une obligation morale, mais aussi un chemin vers l’honneur et la considération nationale, ici-bas et – espérons – dans l’au-delà.

Ainsi, la récompense (pension, dignité nationale, privilège) serait un stimulant, et l’histoire des revers subis par les injustes constituerait un avertissement.

C’est cette combinaison qui crée une véritable incitation pour gouverner uniquement dans l’intérêt de la Guinée et des Guinéens.

Mohamed Chérif Touré
Mohamedcheriftoure80@gmail.com

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