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Quel système de santé pour accompagner la dynamique de décentralisation du CNRD à Conakry ? (Dr Kaba Sow)

La Guinée vit une phase de transformation historique sous l’impulsion du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). En mettant la décentralisation au cœur de sa stratégie de développement, le CNRD vise à transférer les compétences et les ressources vers les collectivités locales afin de favoriser un développement inclusif et durable. Dans ce contexte, la capitale Conakry, passant de 5 communes à 13 communes dans une logique de déconcentration des responsabilités, nécessite un système de santé adapté pour répondre efficacement aux besoins croissants de ses habitants.

La santé comme pilier du développement local

Un système de santé performant est un levier essentiel pour le développement économique et social. Conakry, avec une population dense et des défis sanitaires multiples (accès aux soins primaires, faible couverture vaccinale, gestion des maladies infectieuses, amélioration de la santé maternelle et infantile, entre autres), doit repenser ses structures de soins pour accompagner cette dynamique de décentralisation.
La multiplication des communes offre l’opportunité de rapprocher les services de santé des citoyens. Cependant, cette expansion administrative soulève des défis majeurs :
Accessibilité et proximité des services de santé
L’augmentation du nombre de communes doit s’accompagner d’une extension des infrastructures de santé, notamment les centres de santé et les centre médicaux communaux. Cela suppose une cartographie des besoins sanitaires par commune pour garantir une répartition équitable des ressources disponibles.
Renforcement des capacités humaines et matérielles
Chaque commune doit disposer de personnels de santé formés et en nombre suffisant. Il est essentiel de renforcer la formation continue des médecins, infirmiers, sage-femmes et agents communautaires, tout en investissant dans des équipements modernes pour faciliter et assurer la prise en charge de toute sorte de pathologie, ce qui éviterait d’ailleurs à l’Etat, les interminables évacuations sanitaires à des couts très élevés.
Autonomie locale et financement innovant

La décentralisation nécessite des mécanismes de financement adaptés. De nombreux pays l’ont compris et ouvrent à cela. Les communes doivent bénéficier d’un budget suffisant pour gérer leurs structures sanitaires. Parallèlement, il est crucial d’explorer des modèles de financement innovants, comme les partenariats public-privé, les fonds communautaires et les assurances santé locales.
Digitalisation des services de santé
La transformation numérique peut jouer un rôle clé dans cette réforme. Un système d’information sanitaire centralisé mais accessible par les communes permettrait de suivre en temps réel les besoins, la disponibilité des médicaments et les performances des structures de santé. Les informations digitalisées constituent une base documentation pour l’Etat ou les bailleurs qui souhaitent investir dans nos structures de santé.
Ce qu’il faut faire pour réussir cette transition
Pour bâtir un système de santé adapté aux 13 communes de Conakry, le gouvernement et les autorités locales pourraient envisager les actions suivantes :
Mettre en place une stratégie nationale de santé décentralisée : cette stratégie doit définir clairement les rôles des communes, des régions et de l’État central dans la gestion du système de santé. Cela constitue d’ailleurs un indicateur de performances des structures déconcentrées de l’Etat pour atteindre les objectifs liés à la bonne gouvernance dans un système de santé axé sur l’efficacité et le résultat.
Construire et/ou réhabiliter des infrastructures : chaque commune doit disposer d’au moins un centre de santé de référence et un centre médical communal CMC. L’amélioration des routes et des transports en commun faciliterait l’accès aux structures enclavés. Les routes entre les quartiers doivent être dégagées et rétablies. Ainsi les services de santé et les personnes malades pourront s’y rendre facilement et cela sauveraient des vies humaines puisque chaque minute perdue dans la prise en charge d’un patient est capitale.
Impliquer les communautés locales : une approche participative où les habitants des communes participent à la planification et au suivi des services de santé est essentielle pour garantir l’efficacité des réformes. Les relais communautaires et les points focaux doivent être installés partout pour écouter, analyser et remonter au niveau des structures compétentes de l’Etat, les avis de nos concitoyens.
Prioriser la prévention et la promotion de la santé : un accent particulier doit être mis sur la prévention des maladies par des campagnes d’éducation sanitaire, la vaccination et la promotion de l’hygiène.
Créer des synergies avec d’autres secteurs : la santé est interdépendante d’autres secteurs tels que l’éducation, l’assainissement et l’énergie. Une collaboration intersectorielle renforcerait l’impact des initiatives de santé.
En fin, La transformation de Conakry, passant de 5 à 13 communes, constitue une opportunité unique pour repenser son système de santé. En intégrant la décentralisation comme moteur d’amélioration des soins, le CNRD peut jeter les bases d’un système de santé équitable, résilient et adapté aux besoins de sa population. Ce défi exige une vision claire, des investissements substantiels et une gouvernance collaborative entre l’État, les collectivités locales et les partenaires au développement. L’avenir de Conakry en tant que capitale dynamique et inclusive passe inévitablement par un système de santé robuste et accessible à tous.

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