Le procès très attendu de l’ancien ministre des Mines, Ahmed Kanté, s’est poursuivi ce lundi 5 mai au Tribunal de première instance de Kaloum avec l’ouverture des plaidoiries et réquisitions. Poursuivi aux côtés d’autres prévenus pour « abus de confiance et concurrence déloyale » au préjudice du Russe Alexandre Zotov, d’African Bauxite Corporation (ABC), Ahmed Kanté a bénéficié d’une défense méthodique et vigoureuse qui a mis à nu les failles du dossier.
Dès l’entame des plaidoiries, les avocats de la défense ont pointé un élément central : l’absence totale de preuve liant leur client à un quelconque contrat avec le plaignant. Maître Aboubacar Sidiki Kanté, avocat principal de la défense, a martelé que « la société ABC n’a jamais eu d’activité sur le territoire guinéen », soulignant que « M. Ahmed Kanté n’a signé aucun contrat avec Alexandre Zotov ». Un point capital qui remet en cause le fondement même des accusations portées contre l’ancien ministre.
Dans un ton ferme, la défense a également attiré l’attention du tribunal sur une irrégularité procédurale : l’absence du procureur ayant suivi toute l’instruction. « C’est un autre procureur qui a requis, ce qui jette un doute sur la cohérence des réquisitions », a dénoncé Me Kanté, avant de qualifier les réquisitions du parquet de « politiques » et « décevantes ».
Sur le volet financier, la défense a démontré l’inconstance de la partie civile qui, initialement, réclamait 50 millions de dollars, avant de revoir ses prétentions à 36 millions, sans justifier ces écarts. Une incohérence qui, selon les avocats, traduit le flou et la faiblesse du dossier monté contre leur client.
« Il plaira à votre tribunal de constater qu’aucune infraction n’est constituée à l’encontre de M. Kanté. Nous demandons sa relaxe pure et simple et le rejet de toutes les demandes de la partie civile », a conclu Me Kanté.
Appelé à la barre, Ahmed Kanté a rejeté catégoriquement toutes les accusations, se montrant serein, digne et confiant dans la justice de son pays. « J’ai servi la République avec honneur. Aujourd’hui, dans le privé, je continue d’agir dans la légalité. Je n’ai jamais fui la justice et je me remets à votre sagesse, Monsieur le président. Que le droit triomphe », a-t-il déclaré.
L’audience a été levée avec le renvoi du verdict au 19 mai 2025, une date décisive pour Ahmed Kanté, dont la défense vient de marquer un point important dans cette affaire. En attendant, l’opinion publique reste suspendue à la décision du tribunal, dans un dossier où les contours juridiques semblent de plus en plus fragiles.
Ahmadou Hamzah BAH