À l’aube du prochain décret d’affectation des magistrats, il devient urgent d’attirer l’attention des autorités compétentes sur la situation préoccupante que traverse le Tribunal du Travail de Conakry. Juridiction essentielle dans la régulation des relations professionnelles, ce tribunal est aujourd’hui confronté à des dysfonctionnements qui compromettent sa mission de justice sociale.
Malgré son rôle central dans le règlement des litiges entre employeurs et salariés, le Tribunal du Travail ne compte actuellement que deux magistrats en poste. Le troisième, partagé entre le Tribunal de Première Instance de Mafanco et celui du Travail, peine à assurer efficacement ses fonctions dans les deux juridictions. Cette insuffisance structurelle se traduit par une surcharge des dossiers, avec plusieurs dizaines de requêtes enregistrées chaque jour, tant au fond qu’en référé.
Plus inquiétant encore, le tribunal ne siège que deux fois par semaine ; les jeudis et vendredis, limitant considérablement sa capacité de traitement des affaires. Ce rythme, bien trop restreint au regard du volume croissant des contentieux, allonge les délais de procédure, et affaiblit la crédibilité de l’institution auprès des justiciables.
Le président du tribunal, monsieur Mohamed DIAWARA, magistrat investi et fervent défenseur du renforcement de cette juridiction, a plusieurs fois interpellé les autorités compétentes. Mais ses appels restent à ce jour sans réponse concrète.
Le problème n’est pas seulement humain ; il est aussi matériel. Le Tribunal du Travail ne dispose pas d’un local adapté pour ses bureaux et son audience. Contraint de tenir ses audiences dans les salles ayant servi au procès du 28 septembre, situées bien loin de son siège au TPI de Mafanco, le tribunal fonctionne dans une précarité logistique regrettable.
Comment garantir la célérité d’un procès quand le simple transfert d’un dossier devient une épreuve ?
Face à cette réalité, nous appelons les autorités judiciaires à prendre des mesures urgentes et adéquates :
- Affecter un nombre suffisant de magistrats au Tribunal du Travail pour assurer une permanence judiciaire digne de son statut.
- Doter la juridiction d’un local propre, fonctionnel et accessible, qui reflète son importance dans l’édifice institutionnel de la République.
- Élargir les jours de siège afin d’accélérer le traitement des dossiers et réduire le sentiment d’abandon chez les justiciables.
Renforcer le Tribunal du Travail de Conakry, c’est œuvrer pour une justice plus proche, plus rapide et plus juste pour tous les travailleurs guinéens. Le renouveau judiciaire commence par l’écoute des besoins de ceux qui rendent la justice au quotidien.
Me Jonas KOUROUMA
