Dans une récente interview, la Directrice générale des élections a remis en cause la légitimité du PRP et de son président Rafiou Sow, l’accusant de militer davantage pour l’UFDG que pour son propre parti. Des propos qui relancent deux débats majeurs : la prolifération des micro-partis en Guinée et la neutralité attendue des institutions électorales.
Quand la critique des partis devient institutionnelle
« On ne va pas me dire que le PRP, c’est un parti important. Son président lui-même est un militant de l’UFDG, puisqu’il est le porte-parole de l’ANAD. Il milite plus dans l’UFDG que dans son propre parti. Il n’a pas de siège. Je le regarde en face : il sait, je sais. »
Cette déclaration, au ton frontal, a immédiatement suscité réactions et interrogations.
La faiblesse chronique du système partisan
Le constat est connu : la Guinée compte plusieurs dizaines de partis politiques, dont beaucoup n’existent que sur le papier. Ces formations, souvent sans base militante ni siège réel, trouvent leur survie dans les coalitions.
La sortie de la Directrice, au-delà de la polémique, pointe donc un mal structurel : la prolifération de micro-partis qui affaiblit la lisibilité et la crédibilité du jeu politique.
Une neutralité institutionnelle fragilisée
Cependant, une telle prise de parole interroge sur la posture institutionnelle. En s’exprimant de manière si personnelle, la Directrice générale des élections prend le risque d’entamer la confiance des acteurs politiques dans l’impartialité de son institution.
Or, en matière électorale, la neutralité perçue est aussi essentielle que la neutralité réelle.
Réformer pour avancer
Deux pistes apparaissent nécessaires :
1. Renforcer les critères de reconnaissance des partis politiques (adhérents, implantation, siège effectif) pour assainir le paysage partisan.
2. Adopter une communication institutionnelle plus mesurée de la part des organes électoraux, afin de maintenir un climat de confiance.
Un débat à transformer en opportunité
Plutôt que de se limiter à une controverse, cette sortie peut être vue comme un appel à repenser deux piliers de la démocratie guinéenne :
– la structuration du système partisan, aujourd’hui trop éclaté,
– et la crédibilité des institutions électorales, qui doivent rester au-dessus de la mêlée politique.
En d’autres termes, un rappel que la solidité d’une démocratie dépend autant de la qualité de ses partis que de l’impartialité de ses institutions.
Mohamed Chérif Touré
Mohamedcheriftoure80@gmail.com