Il y a deux mois, dans un article publié chez ActuSante Magazine, je dénonçais farouchement l’attitude inadmissible et déshumanisante de certains professionnels de santé, notamment certains médecins, envers les patients en situation de précarité financière.
Ce phénomène, hélas trop fréquent dans notre pays, met en lumière une inégalité criante dans l’accès aux soins et dans la manière dont certains malades sont traités. Ce constat est profondément triste et préoccupant.
Je tiens à saluer la famille de la victime qui a eu le courage de dénoncer ce comportement et de demander justice. Leur acte mérite toute notre reconnaissance, étant des agents de santé assermentés.
Il est essentiel de comprendre que, dans notre société, certains réflexes irrationnels, comme un fatalisme religieux, peuvent parfois intervenir dans des situations de vie ou de mort.
Lorsqu’un décès survient à l’hôpital, il est trop facile pour certains de se réfugier derrière des justifications religieuses en affirmant que « c’est Dieu qui l’a voulu », citant des versets pour échapper à toute responsabilité humaine.
Mais comment expliquer qu’un médecin refuse d’assister un malade sous prétexte de manque de moyens financiers ? En agissant ainsi, il méprise le serment d’Hippocrate. Et, après la mort de ce malade, pourquoi entend-on des excuses aussi déconcertantes que « C’est Dieu » ?
N’est-ce pas une mauvaise interprétation des textes religieux, voire un détournement des principes humanistes qui devraient guider les soignants ? Il est temps de mettre fin à cette fausse justification religieuse et de faire face à la réalité.
La vérité est que la médecine est avant tout un acte de service et de dévouement envers l’autre, quel que soit son statut social ou ses ressources financières. C’est pourquoi les professionnels de santé passent plus de sept ans sur les bancs d’écoles avant d’être autorisés à exercer : pour apprendre à placer la vie humaine au-dessus de tout.
Lorsque des professionnels de santé mettent l’argent avant la vie humaine, cela franchit une limite inacceptable. Il est plus que jamais urgent que la justice joue pleinement son rôle et que les responsables de telles dérives soient traduits en justice, afin qu’ils servent d’exemple.
Les patients, en particulier ceux en situation de vulnérabilité, doivent pouvoir compter sur une prise en charge égale et équitable.
L’empathie doit primer sur les considérations financières dans nos structures de santé. La vie humaine ne peut être sacrifiée sur l’autel de l’argent ou de la démission morale.
Mes sincères condoléances à la famille et je demande justice pour toutes les victimes de ce genre de négligence dans nos structures de santé.
Dr. Karamo Kaba
Spécialiste en Gestion des Hôpitaux et Services de Santé