Casablanca – Depuis plus d’une décennie, le Consulat de la République de Guinée à Casablanca fonctionne sans le moindre appui financier de l’État guinéen. Et pourtant, il continue d’exister, de servir, de soulager, et parfois même de sauver des vies. Comment ? Grâce à l’engagement exceptionnel d’un homme : Monsieur Roda Fawaz, Consul de Guinée au Maroc.
Les faits remontent à 2010, lorsqu’une décision présidentielle, sous l’ère d’Alpha Condé, avait ordonné la fermeture pure et simple du consulat. Face à cette décision perçue comme une abdication diplomatique, les ressortissants guinéens du Maroc s’étaient mobilisés, contraignant les autorités à rétablir la mission consulaire. Mais depuis lors, aucun budget de fonctionnement ne lui a été alloué par Conakry.
Selon des sources concordantes, c’est le Consul lui-même, Monsieur Roda Fawaz, qui prend personnellement en charge le financement du fonctionnement de la représentation diplomatique, à hauteur d’environ 12 000 euros par mois. Ce montant couvre les salaires des six fonctionnaires du poste et permet de venir en aide à une communauté estimée entre 3 500 et 4 000 Guinéens, confrontés à des difficultés multiples : expulsions locatives, soins de santé, problèmes judiciaires, demandes de rapatriement, etc.
« Monsieur Roda Fawaz est un patriote dans le sens le plus noble du terme. Voilà plus de 15 ans qu’il ne reçoit aucun centime de l’État guinéen, mais il continue d’agir, en silence, avec ses propres moyens, au service exclusif de ses compatriotes », témoigne Madame B, ressortissante guinéenne résidant à Casablanca, qui a requis l’anonymat.
Et d’ajouter, non sans émotion : « Le Consul est à l’écoute, toujours disponible, et d’une générosité rare. Certains viennent chercher des billets d’avion pour rentrer au pays, d’autres frappent à sa porte pour des soins médicaux. Il répond toujours présent. Si tous les cadres guinéens suivaient l’exemple de Monsieur Fawaz, le pays avancerait. Cet homme aime la Guinée d’un amour sincère. Le ministre des Affaires étrangères, Docteur Morissanda Kouyaté, et le Premier ministre Bah Oury devraient reconnaître son sacrifice et surtout lui donner les moyens de continuer sa mission».
Malgré les nombreuses démarches entreprises depuis 2024 auprès du ministère des Affaires étrangères, rien n’a encore été fait pour remédier à cette situation ubuesque. Une source proche du Consulat confie, résignée, « nous avons frappé à toutes les portes. Le dossier est sur la table du ministre depuis des mois. Silence radio ».
Ce que vit le Consulat de Guinée à Casablanca (Setta, Mohamedia et Eljadida) n’est pas une simple négligence administrative mais équivaut tout simplement à un abandon institutionnel prolongé. Que l’État reste muet face à une telle abnégation est incompréhensible. Il est temps que les autorités guinéennes, au plus haut sommet, posent un acte fort. Le patriotisme ne devrait jamais être pénalisé. Au contraire, il doit être soutenu, reconnu et encouragé. Car dans le cas du Consul Roda Fawaz, c’est toute la dignité de la Guinée à l’étranger qui est en jeu.
Thierno Oumar Diawara, journaliste
