La République de Guinée régresse dans le classement mondial sur la liberté de la presse. Dans le rapport dressé par Reporter sans frontières, le pays sous la transition militaire passe de la 78ème place en 2023, à la 103ème place mondiale en 2024.
Ce rapport révèle plusieurs violations de la liberté de la presse par les autorités de la transition en Guinée. Un manquement aux engagements pris par la Guinée.
Le régime de transition, installé depuis le coup d’État de septembre 2021, n’a pas tenu ses promesses de garantir la liberté de la presse en Guinée. L’année 2024 a consolidé un tournant dans la répression de la presse privée, avec notamment la censure de médias critiques et l’enlèvement d’un journaliste toujours porté disparu.
Paysage médiatique
La presse écrite s’est développée depuis les années 1990 : sur 65 hebdomadaires existants, dix paraissent régulièrement, qu’il s’agisse de journaux satiriques comme Le Lynx, ou de journaux d’information générale comme L’Indépendant. Le secteur audiovisuel est composé d’environ 60 radios et d’une dizaine de chaînes de télévision. En ligne, une centaine de sites d’information ont vu le jour en 25 ans. Pourtant, la production d’informations critiques est mise à mal par les autorités de la transition, qui ont censuré, en toute illégalité, quatre radios et deux télévisions privées en mai 2024. Avant cette décision, les radios faisaient l’objet de brouillages constants depuis six mois. Les restrictions d’accès à des sites d’informations indépendants ne sont pas rares.
Contexte politique
Alors que le gouvernement de transition s’était engagé auprès de RSF à respecter la liberté de la presse, juste après son arrivée au pouvoir en octobre 2021, les atteintes commises par les autorités se sont multipliées, notamment via la censure de plusieurs médias au ton libre et à grande audience. L’organe de régulation des médias, la Haute Autorité de la communication (HAC), a tendance à s’aligner sur les autorités de la transition et a adopté une ligne plus dure envers les médias critiques. En décembre 2023, elle a retiré trois chaînes de télévision de bouquets télévisuels – dont deux sont désormais interdites – pour des raisons de “sécurité nationale”. C’est également un “problème sécuritaire” que le ministre des Affaires étrangères avait invoqué pour expliquer le blocage de l’accès aux réseaux sociaux dans le pays durant trois mois début 2024.