Monsieur le Président,
Une certaine opinion enseigne que « Le pouvoir change les hommes mais en réalité le pouvoir ne
change personne il révèle simplement la vraie nature des hommes, en mots simples il révèle ce qu’ils
sont et ce qu’ils ont toujours été ».
Monsieur le Président,
Il arrive un moment où les subtilités théoriques se transforment en arguties rhétoriques qui finissent
en douloureuses contorsions et font le lit du sentiment de deux poids deux mesures.
C’est exactement le baromètre actuel de cette transition que vous conduisez avec une certaine arrogance
et une insouciance inouïe.
Monsieur le Général Président, puisque passé de Colonel à Général par la ruse d’un pouvoir que je qualifie de goguenard, le pouvoir de nomination actuellement manipulé par vous avec mépris et
manque d’élégance étatique.
Finalement Qu’est-il arrivé Monsieur le Général ?
Monsieur le Président,
Je vous adresse cette lettre en tant que citoyen préoccupé par l’état actuel de notre nation. La
Guinée, riche de son histoire et de ses ressources, aspire à une gouvernance stable, juste et démocratique. Il est impératif, dans un esprit de patriotisme et de responsabilité civique, d’exprimer les inquiétudes croissantes que nous, citoyens guinéens, avons à propos de la manière dont la
transition politique actuelle est menée.
Pourtant, les transitions politiques prolongées que nous avons connues ces dernières années ont toujours mal finies voilà pourquoi celle actuelle que vous conduisez en capitaine confiant soulève des
inquiétudes profondes quant à l’avenir de notre pays.
Depuis l’indépendance, la Guinée a traversé plusieurs périodes de turbulence politique, souvent marquées par des transitions prolongées et des changements de régime qui n’ont pas toujours respecté la volonté populaire. Ces périodes d’instabilité ont eu des répercussions négatives sur notre
développement économique, notre cohésion sociale et notre crédibilité internationale.
Monsieur le Président,
Le pouvoir est une responsabilité sacrée. Il doit être exercé avec sagesse, transparence et dans l’intérêt supérieur de la nation. Les transitions qui durent créent une incertitude politique qui peut
éroder la confiance des citoyens dans les institutions et affaiblir l’autorité de l’État. Il est essentiel de respecter les délais de votre charte et de veiller à ce que les processus électoraux soient libres, équitables et transparents.
Nous aspirons à voir notre pays évoluer vers une démocratie mature où le transfert du pouvoir se fait de manière pacifique et régulière, conformément à la volonté du peuple exprimée à travers des
élections libres. Pour cela, il est impératif de renforcer les institutions démocratiques, de garantir la séparation des pouvoirs et de promouvoir une culture politique fondée sur le dialogue et le respect des droits de l’homme.
Je vous exhorte, Monsieur le Président, à prendre des mesures concrètes pour assurer une transition
politique rapide et crédible, qui mette fin à cette période d’incertitude. Il est temps de montrer au
monde que la Guinée est capable de surmonter ses défis politiques et de se diriger vers un avenir plus stable et prospère.
Monsieur le Président,
Le peuple de Guinée a souffert et continue de souffrir des conséquences de transitions politiques mal conduites. Nous avons espéré que cette fois-ci serait différente, que cette transition marquerait un tournant décisif vers une démocratie véritable et durable. Cependant, plusieurs faits alarmants
montrent que cet espoir est en train de s’étioler. Le peuple de Guinée pleure tachez de ne pas être sourd face à ses pleurs.
L’absence de transparence et de communication constitue l’une des nombreuses causes de cette déroute transitoire.
La gestion opaque des affaires publiques et le manque de communication claire avec la population sont des signes préoccupants. Une transition démocratique doit être conduite dans la transparence la
plus totale, permettant aux citoyens de comprendre les décisions prises en leur nom. L’absence d’information crée un climat de méfiance et d’incertitude, contraire aux principes d’une gouvernance démocratique.
La violation des droits humains et la répression exercée sont inquiétantes.
Les rapports récurrents de violations des droits humains et de répression des voix dissidentes sont extrêmement préoccupants. La transition doit être une période de réconciliation et de dialogue, et
non de division et de violence. Toute tentative de museler la presse ou de réprimer les manifestations pacifiques nuit gravement à la crédibilité du processus et alimente les tensions sociales.
Les signes de dérives autoritaires, tels que la concentration du pouvoir exécutif et le recours excessif aux forces de sécurité pour gérer les affaires civiles, sont inacceptables. Une transition politique saine doit renforcer les institutions démocratiques, garantir la séparation des pouvoirs et encourager la
participation citoyenne. Tout acte contraire constitue une menace pour la démocratie que nous espérons bâtir.
La gestion des ressources publiques pendant cette période de transition a également soulevé de nombreuses questions. Le détournement de fonds et la corruption endémique sapent la confiance du
peuple dans ses dirigeants et retardent le développement économique du pays. Il est crucial que les ressources de la nation soient utilisées de manière transparente et équitable pour le bien-être de tous les citoyens.
De plus, le processus de transition semble manquer d’une feuille de route claire et précise, ce qui accentue l’incertitude politique. Les élections, promesse clé de cette transition, semblent continuellement repoussées sans justification claire ni calendrier défini. Cela crée une impression de tergiversation et de manque de volonté politique pour remettre le pouvoir aux civils.
Monsieur le Président,
La Guinée mérite mieux. Le peuple africain de Guinée aspire à un leadership qui respecte ses aspirations, protège ses droits et œuvre pour son développement. La transition actuelle doit être réévaluée et redirigée de manière à répondre véritablement aux attentes des citoyens.
Je vous exhorte en urgence, d’informer régulièrement et de manière transparente la population sur les décisions et les progrès de la transition.
De garantir le respect des droits fondamentaux, mettre fin à la répression et promouvoir un climat de dialogue et de réconciliation.
D’assurer l’indépendance des institutions, notamment la justice et le parlement, et encourager une participation active de la société civile.
De mettre en place des mécanismes rigoureux pour prévenir et sanctionner la corruption, de traquer tous les bandits à col blanc sans exception et veiller à ce que les ressources publiques soient utilisées
de manière équitable et transparente.
D’établir un calendrier précis pour les élections et les autres étapes cruciales de la transition, en consultation avec toutes les parties prenantes, y compris l’opposition et la société civile.
Monsieur le Président,
L’histoire jugera sévèrement les actions de nos dirigeants en cette période cruciale. Il est encore temps de rectifier le cours de cette transition pour qu’elle devienne une véritable opportunité de changement positif pour la Guinée. Le peuple guinéen mérite un avenir meilleur, et cela commence
par une transition menée avec intégrité, transparence et un véritable engagement envers les principes démocratiques.
Pour conclure, je fais appel à votre sens de l’histoire et à votre responsabilité envers le peuple guinéen. L’avenir de notre nation dépend de votre capacité à guider cette transition avec intégrité et vision. Ensemble, nous pouvons bâtir une Guinée où chaque citoyen se sent respecté et représenté.
Avec tout le respect qui vous est dû, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Après tout ça n’engage que ma gueule, diront certaines brebis galeuses de votre cercle. (Rires)
A défaut, d’être en mesure de faire tout cela je vous apprends que vous pouvez démissionner aussi, si votre entourage vous cache cette information pour les plaisirs qu’ils tirent du pouvoir.
Aboubakr Guilavogui
Citoyen de la République de Guinée.
