Depuis son accession au pouvoir en septembre 2021, le CNRD, dirigé par le général Mamadi Doumbouya, a fait montre d’un durcissement notable vis-à-vis de la presse indépendante. Ce qui, de la promesse initiale de restaurer l’ordre institutionnel, se mue en une stratégie systématique de répression de l’information. L’année 2024 marque un tournant dans cette escalade liberticide où un ancien journaliste est à la tête de l’autorité de régularisation de cette institution.
Un vrai recul de la liberté de la presse
Selon Reporters Sans Frontières (RSF), la Guinée recule de la 78ᵉ à la 103ᵉ place dans son classement mondial de la liberté de la presse, tandis que son score chute de 59,97 à 52,53 entre 2024 et 2025 selon Guineepanorama. Ce recul est essentiellement imputable à la censure ciblée des médias à grand écoute comme FimGuinee, Hadafo médias et à l’enlèvement des journalistes et toutes voix critiquent.
Le SPPG, rapporte une année noire. On dénombre plusieurs journalistes séquestrés et arrêtés arbitrairement, certains gravement torturé.
Mécanismes institutionnels du musellement
Des médias indépendants ont été systématiquement brouillés, suspendus et finalement retirés des bouquets Canal+ et StarTimes. Des centaines emplois ont ainsi été détruits, affectant particulièrement les femmes enceintes, victimes collatérales.
La Haute Autorité de la Communication (HAC), prétendue régulatrice du secteur, a ordonné le retrait de chaînes comme Fim-fm Djoma TV, Evasion TV, Espace FM pour « raisons de sécurité nationale », sans aucune transparence.
Même internet et les réseaux sociaux ont été bloqués ou rendus inaccessibles sans raison claire pour un temps, amplifiant l’isolement des médias.
Répression physique et judiciaire des journalistes
Des violences contre des journalistes ont marqué les manifestations : en octobre 2023, des journalistes du SPPG ont été sauvagement battus et arrêtés, en pleine propagande d’État.
En janvier 2024, le secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa et collègues ont été arrêtés arbitrairement ; Pendessa restera en détention 40 jours, puis sera comdanné à six mois de prison, avant d’être libéré en appel suite à une resistance du SPPG à la tête Ibrahima Kalil Diallo l’Adjoint de la victime.
Les attaques ne sont pas que physiques : menaces, pressions et intimidations ciblent aussi les correspondants de médias internationaux comme Africa24, France24…
Appels à la résistance et solidarité nationale
Le SPPG, lors de la Journée internationale de la liberté de la presse a publié les « les péchés capitaux du CNRD », dénonçant cette « sombre page » marquée par des mois de destruction systématique Médiatique en guinée Ils réclament la libération des médias sans conditions, des indemnités pour les victimes, la réhabilitation des journalistes mais reste sans gain.
Quelques politiques expriment sa solidarité avec les médias indépendants en dénonçant une tentative délibérée du CNRD de les faire taire mais aucune réponse des autorités de la dite refondation.
Sans oublier le refus catégorique de livrer des agréments au mouvements politiques qui s’opposent à cette pensée unique des soi-disant refondateur.
En quintessence.
Le musellement de la presse en Guinée n’est pas un simple incident isolé. C’est une stratégie systématique visant à étouffer toute voix critique. Derrière les brouillages, arrestations traumatisantes ou suppressions de chaînes se cache une volonté claire de contrôler l’information, d’écarter les médias indépendants et de réduire la capacité du citoyen à s’exprimer ou s’informer tout en réduisant le tout aux médias de l’Etat.
Pourtant, les voix de la presse n’ont pas disparu. Leurs cris d’alerte, leurs revendications de justice et de transparence sont autant de bouées jetées à une Guinée en quête de dignité démocratique.
L’unique moyen qui nous reste aujourd’hui est les réseaux sociaux.
Quelle refondation pour notre chère Guinée ?
Olladi Ibrahim, journaliste.