Dans une parodie d’autorité grotesque, le régime illégitime qui gouverne la Guinée s’arroge aujourd’hui le droit d’évaluer, suspendre, et même dissoudre des partis politiques, à quelques semaines seulement de la fin annoncée de sa propre transition boiteuse. C’est le comble de l’ironie : un pouvoir sans mandat, sans confiance populaire, impose ses diktats et exige une conformité dont il est lui-même dépourvu. Comment un régime sans légitimité ose-t-il juger de la légitimité des structures démocratiques du pays ? Il n’a ni l’autorité morale, ni le soutien institutionnel pour mener à bien une telle entreprise.
Le rapport de 180 pages qui accompagne ces décisions est une caricature bureaucratique de purge politique. Selon ce document, aucun des 211 partis politiques, à l’exception de 37 “chanceux” non encore examinés, ne serait en conformité avec les normes imposées par cette dictature déguisée en autorité administrative. Au final, 53 partis ont été dissous, 54 suspendus, et 67 mis sous surveillance. Peut-on sincèrement prétendre que cette opération sert le bien public ? Il ne s’agit que d’une manœuvre éhontée visant à manipuler le paysage politique, tout en consolidant une emprise autoritaire.
Les chiffres fournis par le rapport trahissent la précarité dans laquelle se débattent les partis. Entre autres prétendues irrégularités, 85 partis n’ont aucune implantation nationale, 64 % sont en retard pour organiser leurs congrès, et un tiers n’ont même pas de compte bancaire. En vérité, c’est le pouvoir en place – comme ses prédécesseurs – qui, par des conditions délibérément hostiles, a fragilisé les partis, découragé la transparence et limité leur capacité à s’organiser. Les accusations du régime sur le manque de stabilité de ces structures masquent mal son rôle direct dans leur affaiblissement.
L’hypocrisie du pouvoir atteint des sommets lorsqu’il exige des partis des normes de conformité qu’il ne respecte même pas lui-même. Lui-même fonctionne sans mandat clair et sans légitimité démocratique, mais exige des partis qu’ils remplissent des obligations bureaucratiques. Le régime s’étonne que seuls 30 % des partis aient inventorié leur patrimoine, alors même qu’il ne respecte aucune transparence dans la gestion des biens publics. Les absurdités s’enchaînent : les partis sont critiqués pour le manque de formations pour leurs membres, alors même que le régime écrase toute initiative indépendante et manipule l’opinion publique pour annihiler l’esprit citoyen.
L’État ose accuser certains partis d’avoir des agréments “falsifiés” ou “illisibles”. Ces accusations ne sont rien d’autre que la preuve d’un mépris profond pour l’histoire politique guinéenne. C’est ce même régime qui, par des procédures délibérément tortueuses, complique l’accès aux certifications nécessaires, limitant ainsi la légitimité des partis.
Ce rapport n’est rien d’autre qu’un document absurde et tragique, un effort pathétique pour éliminer l’opposition par des procédures technocratiques dérisoires. En tentant d’étouffer ce qu’il reste de vie démocratique sous couvert de “conformité”, ce régime illégitime ne fait que révéler son propre échec. Les réformes nécessaires en Guinée naîtront de la transparence et de la démocratie, des concepts que le pouvoir actuel semble incapable de comprendre, et encore moins d’incarner.
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen