Il fut un temps où l’accession aux fonctions publiques élevées exigeait une certaine tenue : morale, intellectuelle et institutionnelle. Être homme d’État, c’était porter le poids de la nation sur ses épaules, incarner l’idéal républicain, faire preuve de retenue dans l’expression et de grandeur dans la décision. Aujourd’hui, ce noble statut est tombé en désuétude. On n’élève plus des hommes d’État, on les improvise.
Dans notre pays, nous assistons, médusés, à une véritable kermesse au sommet de l’État. On y voit des bandanas à la place des cravates, des loubards grimés en stratèges, des démarcheurs de coulisses propulsés à des postes qui exigent rigueur, éthique et vision. L’État se donne en spectacle, et la fonction publique devient une scène où les rôles se distribuent au gré des fidélités, des deals d’arrière-boutique ou des incantations populistes.
Le problème n’est pas seulement esthétique. Il est profondément moral, institutionnel, civilisationnel. Car lorsque la République est réduite à une foire d’empoigne, lorsque la politique devient un marché de dupes, il ne faut pas s’étonner de voir l’anarchie grignoter l’ordre, ni la médiocrité éclipser l’excellence.
Et au Général Président Mamadi DOUMBOUYA de se rappeler de sa première adresse à chaud au peuple de Guinée ; les réformes institutionnelles, la rectification annoncée sont de véritables balises pour sa gouvernance. Tous ces vacarmes autour de lui sont inopportuns, inefficaces. Pour preuve, quand il a décidé de passer à l’acte, il n’a eu nullement besoin de ces colporteurs.
Les défis sont grands, le chemin parsemé d’embûches alors M. le Président, ne vous laissez distraire et désorienté de vos objectifs et de votre vision pour le pays.
Le verni vertu, probité, compétences, intégrité, patriotisme, respect de la parole donnée doivent couvrir tous vos actes posés. Que vous soyez candidat ou pas, l’idéal, c’est de vous entourer de personnalités engagées pour la République et non par des abonnés aux pitances de sortes couleurs. Même si vous êtes candidat pour les prochaines échéances électorales, nul besoin de ce brouhaha. Retenez cette maxime, qui a trahi une fois, trahira toujours.
Le peuple, lui, observe. Il se tait ou il gronde. Il espère ou il désespère. Il attend qu’un souffle nouveau vienne nettoyer cette pièce encombrée d’impostures et d’usurpateurs. Il réclame des repères, des hommes et des femmes capables de parler à son intelligence, pas seulement à ses tripes.
Il est temps de remettre de l’ordre dans la symbolique républicaine, de réhabiliter l’exigence, de restaurer la dignité des fonctions publiques. L’État ne peut être un refuge pour marginaux relookés ou stratèges de comptoir. Il doit redevenir le temple de la compétence, de la vertu et du dévouement au bien commun.
Sidiki Diaby