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Et si les guinéens avaient dit non au coup d’État du 05 septembre 2021, non pas pour Alphaniser le pouvoir mais… (Aboubakr Guilavogui)

Et si les guinéens avaient dit non au coup d’État du 05 septembre 2021, non pas pour Alphaniser le pouvoir mais pour exercer la volonté populaire sur la démocratie à la guinéenne.

Le 5 septembre 2021, la Guinée a basculé dans une ère où l’incertitude s’est travestie en espoir. Mais imaginons un instant que ce jour fatidique, le peuple de Guinée, fort de sa dignité séculaire, ait refusé ce coup de force. Refusé non par une soumission passive, mais par un réveil collectif qui aurait crié « Non ! » à l’usurpation du pouvoir par les armes. Si tel avait été le cas, nous aurions assisté à une nouvelle étape dans l’histoire politique guinéenne, où l’expression populaire aurait trouvé un véritable écho dans les couloirs du pouvoir. Ce rejet massif aurait sans doute marqué le début d’une transition démocratique véritable, portée par la volonté des masses et non par les caprices de militaires en quête de légitimité.

Mais hélas, c’est précisément les divisions ethniques qui ont pavé la voie à ce chaos. Ces fractures, alimentées depuis des décennies par des dirigeants cyniques, ont sclérosé l’unité nationale et miné la cohésion sociale. À chaque élection, les clivages ethniques deviennent des armes politiques, exacerbant les rancœurs et divisant un peuple qui, en réalité, partage les mêmes rêves d’un avenir meilleur. Si le 5 septembre avait été une journée de refus collectif, il aurait fallu que ce refus transcende les identités ethniques, que les Guinéens se lèvent en bloc, non pas en tant que Malinké, Peul, Soussou ou Forestier, mais en tant que fils et filles d’une même nation.

Le regret est-il tardif ? Peut-être. Mais la vérité cruelle est que les peuples qui se laissent entraîner dans la valse des illusions finissent par danser sur les tombes de leurs espoirs déchus. En réalité, ce n’est pas seulement le refus d’un coup d’État que les Guinéens auraient dû opposer, mais aussi une révolte farouche contre le système corrompu et archaïque qui, depuis des décennies, ronge leur pays comme une gangrène insidieuse. Ce n’est pas le colonel qui est la cause de nos maux, mais cette inertie collective, cette incapacité à dire non avant que le désastre ne soit consommé.

Mais, à l’instar de Sisyphe, devons-nous éternellement rouler la pierre de nos erreurs en haut de la montagne ? Le peuple aurait pu se dresser en monolithe, inflexible face à cette volonté brutale de changer l’ordre constitutionnel. Or, en ouvrant les bras à ce coup de force, il a ouvert la porte à des lendemains incertains, où l’ombre de la dictature militaire plane toujours, prête à dévorer les rêves d’émancipation.

Le regret est tardif, mais il n’est pas inutile. Il nous enseigne que le courage politique ne se limite pas à s’opposer à un président vieillissant ou à applaudir des hommes en treillis, mais à construire, pierre après pierre, une nation où la démocratie est le fruit d’une lutte consciente, non un jeu de hasard.

Comme quoi de plus étonnant, il faut dire que les guinéens sont les seuls individus au monde qui disent à Albert Einstein non c’est toi le fou et non nous, : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Sinon, la maxime est claire comme le jour.

Des éternels comédiens perdants qui jouent au simulacre au dos du monde dans la lamentation la plus fertile qu’elle soit.

Par Aboubakr Guilavogui

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