spot_img
spot_img
AccueilGUINEEÉlections en Guinée : restaurer la confiance, le défi vital de la...

Élections en Guinée : restaurer la confiance, le défi vital de la Direction générale des élections (Mohamed Chérif Touré, juriste)

À l’approche des prochaines échéances électorales, la question de la crédibilité et de la transparence du processus reste au cœur des préoccupations nationales. Dans cette analyse, Mohamed Chérif Touré, juriste et chef de division chargé de l’entraide pénale à la Direction Nationale des Affaires Criminelles et des Grâces, examine le défi majeur que doit relever la Direction générale des élections pour organiser des scrutins apaisés et acceptés par tous.

Les élections constituent l’un des moments les plus sensibles de la vie politique guinéenne. Elles cristallisent espoirs et tensions, et leur crédibilité conditionne la paix, la stabilité institutionnelle et la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.
La Direction générale des élections (DGE), bras technique de l’administration électorale, porte aujourd’hui un défi fondamental : organiser des élections libres, transparentes et inclusives, capables de restaurer la confiance des électeurs et des acteurs politiques.
Depuis plusieurs décennies, la Guinée fait face à des contestations récurrentes des résultats électoraux. Ces crises sont nourries par plusieurs facteurs : un fichier électoral contesté, des insuffisances logistiques, des retards dans la distribution des cartes, mais surtout un déficit de confiance envers l’institution en charge des élections.

Pour relever ce défi, la DGE doit agir sur plusieurs leviers :
Renforcer son indépendance et sa neutralité. L’institution doit être perçue comme totalement impartiale, au-dessus des influences politiques et gouvernementales.
Améliorer la qualité du fichier électoral, en menant une révision exhaustive et transparente, afin d’assurer que chaque voix compte et que le corps électoral reflète fidèlement la population votante.
-Assurer des capacités techniques et logistiques suffisantes, en mobilisant à temps les ressources matérielles, humaines et financières nécessaires à l’organisation des opérations électorales.

– Promouvoir la transparence et la communication, en informant régulièrement les partis politiques, la société civile et les citoyens sur chaque étape du processus pour prévenir la méfiance et apaiser les tensions.

– Garantir l’inclusivité, en veillant à ce que les femmes, les personnes handicapées, les jeunes et les populations rurales aient un accès équitable et effectif au vote.


L’enjeu est crucial. Si ces défis ne sont pas relevés, le pays court le risque de replonger dans des crises post-électorales, avec leur lot de violences, de violations des droits de l’homme, et d’instabilité politique, compromettant ainsi les efforts de développement et de consolidation démocratique.
Des réformes ambitieuses sont nécessaires. Elles doivent porter sur l’indépendance juridique et budgétaire de la DGE, le renforcement des capacités de ses agents, l’adoption de technologies électorales adaptées et sécurisées, ainsi qu’une meilleure implication de la société civile et des partenaires techniques et financiers pour un accompagnement efficient.
Organiser des élections crédibles n’est pas qu’une question technique. C’est un impératif démocratique et une condition essentielle de la paix et du progrès durable en Guinée.

Mohamed Chérif Touré, juriste, chef de division chargé de l’entraide pénale et de la coopération judiciaire internationale à la Direction Nationale des Affaires Criminelles et des Grâces, ministère de la Justice et des Droits de l’Homme de Guinée.

RELATED ARTICLES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Most Popular

Recent Comments