Faire la promotion d’une écriture pour permettre à une communauté de transcrire ou de transmettre le savoir, ses valeurs sociétales, est une très bonne idée, une ingénieuse idée que tous les guinéens respectent. Mais, de là à s’inscrire dans une logique de falsification de l’histoire, de manipulation psychologique en s’attaquant aux autres communautés, constitue une menace contre la paix et la quiétude sociale.
Mettre en place des associations pour demander des droits d’indigènes aux autres communautés, dites-vous ? C’est le comble de la sottise. Si vous saviez la portée de vos propos, vous ne les aurez pas tenus. Qui est plus guinéen que l’autre ici, pour qu’il s’arrose gracieusement le droit de demander des droits d’autochtones aux autres ?
Que les gens se ressaisissent en Guinée. Aucune communauté n’est supérieure à l’autre. Celui qui fait la promotion d’une culture, d’une écriture doit développer un langage allant dans le sens du renforcement du tissu social, donc de l’unité nationale, car toutes les communautés qui se sont retrouvées dans un ensemble sur une partie du berceau de l’humanité après le partage et la division de l’Afrique entre 1884 et 1885 lors de la conférence de Berlin, sont condamnées à vivre ensemble. La vraie priorité aujourd’hui, c’est de sortir notre patrimoine commun de l’ornière et non de développer des idées rétrogrades, bellicistes et apocryphes qui pourraient un jour mettre en péril notre vivre ensemble. Le peuplement de la Guinée serait-il parti des côtes vers la zone continentale ou le contraire ?
Tous les anthropologues savent que la vie est venue de l’est. Les communautés guinéennes ne font pas l’exception de cette règle. En effet, la mise en place des populations guinéennes est le résultat de plusieurs vagues de migrations successives provoquées par les grands bouleversements qu’ont subis les empires soudanais.
Il est temps pour les autorités guinéennes notamment le ministère en charge de la Culture de tuer dans l’œuf cette idée de suprématie ethnique sur toutes ses formes. Il faut ramener à l’ordre tous ceux qui s’attaquent à cœur joie aux autres communautés ou qui s’aventurent sur ce sentier interdit visant à promouvoir l’esprit du rejet de l’autre. Dire que c’est parce que telle ethnie a fait des emprunts chez telle autre que telle ethnie est plus ancienne que telle autre, ne repose sur rien de solide. Quand des communautés vivent ensemble, mêmes si elles s’installent au même moment, elles se font forcement des emprunts du fait du brassage.
Bref, ceux qui s’occupent des aspects culturels doivent laisser tranquilles le peuple de Guinée qui a trop souffert de ces petitesses d’esprit. On a une histoire commune ; cherchons à la consolider, plutôt que de la fragiliser. Aucune ethnie n’est supérieure à l’autre.
Sayon MARA, Juriste