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Comment sortir de l’impasse de la transition : je ne trouve que deux possibilités ( Par Sitan Sinè Sidibé) 

Pour un peuple responsable !

Le peuple guinéen, en grande majorité, est de nos jours si pusillanime devant l’inacceptable que nombreux sont des observateurs qui affirment qu’il mérite bien tout ce qui lui arrive comme malheur. 

Pourtant, avec une analyse plus profonde et rigoureuse des choses, on pourrait dire que cette attitude n’est pas un phénomène spontané ; ni imputable à la gouvernance d’un seul régime ; mais bien un construit, quoique regrettable, de plusieurs décennies de répression, de corruption et d’ethnicisation du peuple par les différentes gouvernances qu’a connues le pays depuis l’indépendance.

Avec tous les mérites qu’on pourrait dire du premier régime, il faudra reconnaître, avec un minimum d’honnêteté, qu’il a aussi laissé derrière lui, un peuple terrorisé, peureux, voire traumatisé. C’est pourquoi le régime qui lui a succédé s’en est servi comme argument pour susciter une certaine adhésion dans sa prise du pouvoir en 1984. Ce deuxième régime qui « a libéré » le peuple de cette frayeur, ne tarda pas, lui aussi, à mettre en place un système de gouvernance émaillé de corruption à la limite de l’inconcevable. Ce fut un terrain fertile à la démagogie, à l’improductivité administrative et au culte de la personnalité. Le troisième régime avait donc le pain sur la planche, celui issu des urnes en 2010; hélas. Ce fut la montagne qui accoucha d’une souris. Le régime Condé s’est illustré dans la politisation en outrance de l’administration publique, dans l’ethnicisation des discours et la manipulation d’une jeunesse en manque de vision. 

Peut-on s’attendre à grand chose chez un peuple peureux, corrompu et communautarisé ? 

Le régime du CNRD ne fait donc qu’utiliser, à son compte, un système hérité des pouvoirs qui l’ont précédé, même s’il en abuse. 

Alors, comment sortir de l’impasse ?

Je ne trouve que deux possibilités, à des degrés différents en termes de pertinence et d’objectivité : une prise de conscience par le peuple (I) et ou l’avènement d’un régime de rupture (II).

I. Une prise de conscience par le peuple. 

C’est souvent la réponse ou la proposition qu’on fait lorsqu’on est devant ces pareilles situations.  Aussi idéale et séduisante qu’elle puisse être, cette proposition n’est pas moins simpliste, voire imaginaire ; surtout dans le contexte guinéen. Une prise de conscience, la véritable, implique aussi une union sacrée du peuple dans toute sa diversité, du moins la grande majorité, devant les intérêts supérieurs de la nation. Une indignation collective et proactive contre tout ce qui touche les valeurs sacrées de la République. Un soutien populaire et une adhésion commune à toute initiative ou politique qui met en avant le bien être du peuple et de la nation. Voyez-vous ? Il s’agit là d’une approche un peu plus théorique que pragmatique ; avec un peuple profondément divisé par des considérations qui sont, parfois, plus subjectives et qui sont tellement encrées dans les esprits qu’on considère toute idée contraire comme une offense. Elle devient encore plus compliquée lorsqu’on convoque des souvenirs douloureux que les uns croient avoir subi par le fait des autres et sur lesquels aucune action concrète n’est intervenue pour dire la Vérité et rendre la justice. 

Est-il possible, malgré tout, un jour, que les Guinéens fassent preuve d’une véritable prise de conscience ? Quoique difficile de voir se réaliser cette solution, elle n’est pas impossible pour le peuple de 1958 et celui de 2007.

II- L’avènement d’un régime de rupture.

L’autre possibilité réside dans la gouvernance d’un pouvoir qui se garde de toutes les pratiques citées ci-haut. Cela suppose une véritable rupture avec « les erreurs du passé  » en soufflant le vent du renouveau. L’avènement d’un régime avec la ferme conviction et l’inébranlable vocation d’instaurer un État démocratique basé sur une gouvernance responsable et productive. Laquelle gouvernance privilégiera la compétence au détriment de l’affinité, le discours fédérateur contre la division, la redevabilité pour lutter contre la corruption, la justice dans sa cécité absolue, mais aussi et surtout, le respect des principes démocratiques. Un régime qui suivra cette démarche laissera immanquablement un peuple nouveau, avisé et mature. Un peuple confiant et responsable ; qui a, entre ses mains, son destin, de par la possibilité que les règles démocratiques lui donnent pour contrôler et sanctionner ses dirigeants. 

Cependant, il faut reconnaître que si cette approche peut-être plus réaliste, elle n’est pas dépourvue d’embûches dans notre contexte où l’atmosphère politique est dominée par presque les mêmes qui ont instauré le système décrié. Faudrait-il espérer l’arrivée d’une nouvelle classe politique ? Ou espérer la rupture avec les mêmes qui ont déçu hier ? 

De toutes les façons, le CNRD qui a aujourd’hui la commande des affaires avait ou a encore – pour être plus optimiste – l’opportunité d’opérer cette rupture salvatrice pour le salut du peuple.

Sitan Sinè SIDIBE

Juriste-Écrivain 

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