Tabou pour certains, une préoccupation majeure pour d’autres, le trouble du langage ou le bégaiement affecte de plus en plus la société guinéenne. Il s’agit d’un handicap qui empêche de nombreuses personnes dont des petits-enfants à articuler bien les mots, les prononcer en hésitant et en répétant la même syllabe avant de prononcer celle qui suit. De nos jours, ce fléau constitue un frein pour certains écoliers qui parlent d’une chose d’une manière très vague et imparfaite, les obligeant ainsi dans la plupart des cas à abandonner les études.
Pour éradiquer ce fléau, l’association « Libération et Élan de Parole » organise le 8 avril 2025 à Conakry, une vaste campagne de dépistage et de prise en charge des personnes bègues. Au programme, avec l’apport de deux orthophonistes qui seront à Conakry, au moins 200 enfants (de 2 à 15 ans) bénéficieront d’un diagnostic et d’un suivi gratuit pendant la phase initiale. Et 30 professionnels locaux seront formés sur les bases de l’accompagnement du trouble du langage. M’mah Conté, présidente de ladite association sollicite l’accompagnement des autorités guinéennes pour donner un éclat particulier à ce évènement.
Selon une récente étude de l’association « Libération et Élan de Parole » feuilletée par notre rédaction, « le bégaiement qui toucherait 1% des guinéens, peut être officiellement reconnu comme un handicap (…). Le bégaiement est un trouble d’élocution fréquent chez les personnes de tous âges, il altère la fluidité verbale normale et l’enchainement du discours. Le bégaiement a été lié à des différences de l’anatomie, du fonctionnement et de la régulation dopaminergique du cerveau qui seraient de source génétique. En conséquence, les définitions contenues dans l’ADA suggèrent fortement que le bégaiement est un handicap : il peut altérer la capacité d’une personne à parler, à communiquer et à travailler. On appelle bègue ou personne bègue ou encore personne qui bégaie une personne atteinte de bégaiement », indique l’association avant de poursuivre.
« Heureusement, il peut régresser rapidement après une prise en charge et une rééducation précoce adaptées. Car il peut se manifester de façon plus ou moins selon les jours, les moments de la vie ou encore l’environnement. Le bégaiement qu’il faut prendre au sérieux. Souvent sujet de plaisanterie, il handicape pourtant fortement la vie de certaines personnes. Au point de les empêcher totalement de s’exprimer. Pour certains, le simple fait de dire « bonjour » représente un effort presque insurmontable. Cela peut même se transformer en moment de panique. Quand le bégaiement empêche de mener une vie sociale normale, il faut cesser de le considérer comme un trouble léger. Par exemple, s’il bloque la recherche d’emploi. Pour mesurer la vraie détresse que peut causer le bégaiement », selon ladite association.
Aujourd’hui, poursuit l’association, c’est un handicap qui est devenu une « gêne sérieuse » pour les personnes souffrant de bégaiement. « Ne pas pouvoir parler normalement dans certaines situations, quand on en a vraiment besoin, peut sérieusement perturber une vie. Pour une personne bègue, cela peut créer des problèmes dans la vie privée ou professionnelle. Dans le cadre scolaire, cela peut aussi affecter le déroulement des études. A la longue un stress important peut s’installer. Enfin, les personnes qui bégayent peuvent être victimes de discrimination, due à la moquerie répétée. Dans certains cas, la peur de bégayer en public peut conduire à l’isolement par peur du regard des autres. Un sentiment de honte ou de culpabilité peut alors se développer. Celui-ci peut conduire la personne bègue à s’interdire de parler. Ce repli silencieux sur soi même peut devenir une vraie dépression, parfois réellement dangereuse », alerte l’association « Libération et Élan de Parole » avant de rassurer.
« Cependant, traité à temps par un thérapeute compétent, un bégaiement peut très bien se résorber. D’ailleurs, il peut même disparaitre. Dès que des symptômes se manifestent, il est conseillé de consulter un orthophoniste. Plus le traitement est précoce, mieux les séances de soins permettent de récupérer sa confiance en soi. Un exercice efficace est d’apprendre à lire sans hésitation. Ainsi, progressivement, la personne bègue apprend à se contrôler à chaque fois qu’elle s’exprime. Le bégaiement chez l’enfant suscite énormes inquiétudes pour les parents.
Le bégaiement est un trouble de la fluidité de la parole qui se manifeste parfois par des répétitions des mots (ex : j’ai, j’ai
Le bégaiement apparait vers l’âge de 2 à 5 ans durant la période d’apprentissage de la parole. Nous savons qu’il est plus fréquent chez le sexe masculin. La première des choses qu’il faut savoir, le bégaiement peut arriver et ça ne va pas forcement rester, Il diminue pour certains au fil des années. »
Selon ladite association, des symptômes existent pour reconnaître un enfant qui bègue. Il s’agit tout simplement « des mouvements involontaires du corps quand il a de la difficulté à dire des mots (ex : il bouge ses bras ou ses jambes, ou il se retourne de la personne à qui il parle, il évite de dire certains mots. Il évite de parler à certaines personnes ou dans certaines situations. Il devient timide. La cause du bégaiement inclut des facteurs génétiques et neurologiques, mais aussi des facteurs qui sont propres à l’enfant.
Est-ce que le bégaiement se soigne ? Dès cinq ans déjà, il est difficile de guérir du bégaiement. Par contre on peut notablement améliorer le confort et le vécu de la personne bègue. Si le bégaiement se révèle être un handicap dans certaines situations, comme à l’école, au travail, ce trouble n’affecte en rien les capacités intellectuelles et professionnelles de la personne bègue. Le bégaiement peut avoir de graves conséquences sur la santé mentale. Près de 40% des enfants de 12 à17 ans qui bégaient souffrent également de troubles tels que l’anxiété ou la dépression », fait savoir l’association.
Plus loin, cette organisation non gouvernementale fait savoir qu’il existe des moyens pour aider « de façon simple » un enfant à surmonter son bégaiement. De prendre un moment privilégié avec votre enfant seul à seul le soir et de lui parler plus tranquillement et lentement, en faisant des pauses, dans ces moments privilégiés. De reformuler ce qu’il dit afin de l’aider à prendre en compte l’interlocuteur et à ralentir. Il s’agit notamment de dédramatiser sa situation, de le féliciter pour ses bons coups, de lui faire vivre d’autres situations où il peut se perfectionner comme les loisirs, le sport ou la lecture ou encore de lui faire part de votre affectation et votre amour. Il est important de parler lentement à l’enfant qui bégaie et de le laisser compléter ce qu’il veut dire. L’enfant qui bégaie a besoin de plus de temps pour parler. Consulter le plus rapidement, l’objectif dès qu’un enfant commence à bégayer il faut le prendre en charge rapidement c’est un problème au niveau de la fluidité de la parole il peut être un problème chez l’enfant. Savoir réagir et intervenir rapidement pour une prise en charge », conseille l’association avant de poursuivre.
« C’est d’observer les évènements qui se sont produits récemment dans la vie de l’enfant au moment de l’apparition du bégaiement. Il se peut qu’il ait des changements dans la vie de l’enfant un évènement particulier qui le travail, il y a des enfants qui peuvent faire pipi de l’eczéma ou d’autre le bégaiement. Parfois ça peut lier à un déménagement, un décès un changement d’endroit, quelque chose qui peut inquiéter. L’enfant peut bégaiement en période de stresse, de fatigue lorsqu’il est sur usager, il y a trop de pression. De fatigue ou trop de choses à gérer etc. Lorsqu’il y a trop de tension. C’est pourquoi on demande plus de calme moins de tension, favoriser le sommeil de l’enfant. Diminuer les sources de tension, trouver quelque chose de léger diminuer pression temporelle, avoir plus de souplesse. Quand on parle à un enfant qui bégaie on va essayer de parler avec douceur beaucoup de lenteur, un rythme plus lent, lui montrer que le langage est plus doux et plus agréable, lui montrer le coté doux de la parole. On essaye de se mettre à son niveau et on le regarde dans les yeux le rassurer qu’il est sur le bon chemin. Il faut éviter de lui dire de réfléchir avant de parler. Quand on lui on le bloque et cela favorise le bégaiement, laisser se l’exprimer aisément », indique l’association « Libération et Élan de Parole » avant de conclure.
« Il faut en parler avec lui échanger avec lui. Qu’est ce qui ressent lorsqu’il bégaie, le rassurer lui dire que c’est quelque chose qui va passer au fil du temps.
Développer avec lui son rythme de cadence lorsqu’il parle, l’accompagner dans son apprentissage à bien parler avec beaucoup de douceur. Evitez tout ce qui est moquerie parce qu’un enfant qui bégaie est fragile, personne ne fait exprès de bégayer, créer un environnement pour mettre l’enfant en confiance. Il a besoin d’être accompagné.
Parler aux personnes qui sont autour de l’enfant à l’école, ses amis, ses familles ses grands-parents la nounou d’éviter les moqueries. Apprendre la technique du souffle pour gérer le rythme de prise de parole. Dans certains cas, la personne bègue peut très bien se soigner elle-même. En effet, lire des ouvrages spécialisés et pratiquer des exercices quotidiens peut suffire. Une rééducation menée de cette façon peut être efficace. Une étude a révèle que la moitié des enfants âges entre 4 et 7ans ont réussi à se débarrasser de leur bégaiement sans consulter un orthophoniste. Cependant, si le trouble dure, il est préférable de s’adresser à des centres spécialisés, ils peuvent alors proposer des stages adaptés. Finalement le traitement qu’on choisit dépen de l’intensité du bégaiement et des possibilités de chacun. »
Compte tenu de l’ampleur que ne cesse de prendre ce phénomène, le 22 octobre de chaque année est dédiée aux personnes bègues. Et en Guinée, l’association « Libération et Élan de Parole » se bat tant bien que mal pour éradiquer cet handicap. Pas plus tard que le 14 janvier 2025, elle a adressé au président du Conseil National de la Transition guinéenne un plaidoyer pour qu’une loi soit votée en faveur des personnes souffrant de troubles du langage en République de Guinée.
