Depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir le 05 septembre 2021, la violation des droits de l’homme semble s’intensifier du jour en jour à travers le pays, selon certains observateurs. Des acteurs sociopolitiques et des leaders d’opinion sont « arbitrairement » arrêtés et envoyés à une destination inconnue, dénoncent-ils. Le muselèment des médias et la réduction au silence des journalistes et des hommes de médias est visible. Cette altitude des dirigeants actuels inquiète de plus en plus des ONG de défense des droits de l’homme dans le pays.
Emmanuel Fassou Sagno, président des ONG de défense des droits de l’homme dans la région administrative de N’Zérékoré fustige cette situation.
« Nous avons été tous informés que le président du parti MoDeL Aliou Bah a été arrêté à Pamlap, il partait pour la Sierra Leone. Je crois c’est un esprit d’inquiétude qui nous anime tous. Le CNRD à la prise du pouvoir avait mis en avant le respect des libertés individuelles et collectives. La protection des droits des citoyens comme explique d’ailleurs la charte de la transition et les codes de convention qui nous gouvernent maintenant. C’est vraiment inquiétant que des citoyens soient arrêtés dans des circonstances qui ne sont pas élucidées. Donc nous exigeons qu’Aliou Bah soit situé sur son sort afin que la justice fasse son travail s’il n’a pas fait un acte contraire à la loi pour qu’il soit libéré purement et simplement. Il a le droit de jouir de tous les droits que lui confère la loi », s’indigne Emmanuel Fassou Sagno.
Interrogésur l’avancé des enquêtes sur les évènements du 1er décembre dernier, l’activiste se montre clair.
« Le gouvernement a mis en place une commission d’enquête qui est en train de faire son travail, d’écouter la plupart des acteurs qui sont impliqués dans l’organisation de ce tournoi doté du trophée Général Mamadi Doumbouya. Nous aussi nous avons été écoutés par cette commission, entendus autour des chiffres c’est-à-dire le nombre de morts. Nous faisons confiance à cette commission et nous pensons que le travail qui sera fait va permettre aux Guinéens de connaître ce qui est arrivé ce jour au stade, afin qu’il ait justice. Au cours de notre déclaration, nous avons fait état de 135 morts, mais au jour d’aujourd’hui nous sommes autour de 150 morts sans compter des blessés et des disparus. Donc le travail continue sur le terrain, nous lançons un appel solennel en vers les institutions en charge de la protection des droits humains de nous venir en aide pour qu’une enquête approfondie soit faite sur le terrain pour élucider mais aussi pour avoir l’avis des victimes et leurs parents sur ce qui s’est passé et qu’est ce qu’ils veulent faire est ce qu’ils s’en remettent à Dieu ou bien ils veulent une action en justice pour que s’il y’a des fauteurs dans cette affaire, qu’ils soient jugés et condamnés selon les dispositions de nos textes de loi », souhaite cet activiste de défense des droits de l’homme.
Plus loin,Emmanuel Fassou Sagno s’est exprimé sur le bilan de la violation des droits humains dans la région administrative de N’Zérékoré courant l’année 2024.
« Dans un premier temps, nous avons constaté qu’il y a eu des arrestations arbitraires, la détention provisoire prolongée dans les différentes maisons d’arrêt. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons mis en œuvre des actions et aussi des actions d’appui aux audiences criminelles. La loi est très claire là-dessus la détention provisoire ça ne doit pas dépasser 6 mois et pour un cas de délit et pour un cas criminel ça ne doit dépasser plus d’un an. Mais nous avons dans nos prisons des détenus qui ont fait plus de 6 mois pour une infraction délictuelle et plus d’un an pour une infraction criminelle. Pour nous, ils sont détenus de façon arbitraire et c’est une détention provisoire prolongée. Normalement, à cette date-là, l’enquête devrait être clôturée et qu’il ait jugement. Donc l’auteur d’un crime doit être jugé au moins à peine 8 mois de détention provisoire. Nous avons entrepris des actions dans ce sens pour que les droits de ces citoyens soient respectés que des autorités ont tant violés. Il y’a eu aussi des lois violées au modèle d’interpellation, tout citoyen doit être interpellé avec une convocation sauf un cas de fragrant délit. Convoquer un citoyen sans convocation c’est une violation des droits de l’homme. Nous avons un bilan mitigé par rapport au viol fait aux femmes et aux jeunes filles. Cette année, il y a eu beaucoup de cas de viol enregistrés dans la région. Il y a eu d’autres violations qui ont eu lieu par la sécurisation des citoyens et de leurs biens comme le drame survenu au stade de N’Zérékoré. Nous avons assisté aussi à beaucoup de conflits où les citoyens ont été interpellés arbitrairement c’est le cas de Lanaï et Moribadou et d’autres localités. C’est vraiment un cri d’alarme que nous lançons en vers les autorités de nous protéger », lance Emmanuel Fassou Sagno.
De N’Zérékoré, Gilbert Yoma Neyo Tinguiano, Kalenews.org