Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a convoqué ce mardi, 17 janvier 2023, dans un réceptif hôtelier de la place, les six maires et conseillers communaux de la capitale. Mory Condé a mis l’occasion à profit pour taper du poing sur la table. De la vente des domaines de l’État à la délivrance des documents d’état civil en passant par les lieux de loisirs, le chef de département a remué le couteau dans la plaie.
D’entrée, il dit recevoir incessamment des plaintes venant des citoyens : « A longueur de journée, nous sommes interpellés par les citoyens sur plusieurs problèmes vous concernant (conseils communaux, ndlr). Au menu de ces problèmes, c’est la question du foncier. Il est inconcevable que votre situation se retourne contre ces citoyens. En moyenne, par jour, je reçois quatre à cinq demandes d’interventions venant des citoyens qui se disent être expropriés de parcelle par tel président du conseil de quartier, tel chef secteur ou maire. Quand vous fouillez, vous vous rendez compte que les plaignants disposent de la documentation (…) Aujourd’hui, quand vous faites le tour de nos cours et tribunaux de Conakry, s’il y a 1000 dossiers, les 980 sont les dossiers liés aux fonciers bâtis ou non bâtis. Lorsque vous vérifiez, il n’y a pas un dossier dont le maire ou le conseiller n’a pas son nom dedans. Depuis que je suis ministre de l’Administration du Territoire, je n’ai vu un membre du conseil communal ou un maire venir me dire que tel citoyen dans mon quartier a été victime de ça, je suis venu pour le défendre. Aucun ! », a-t-il insisté.
Autre situation déplorée par Mory Condé, c’est la ‘’corruption’’, affirme-t-il, dans la délivrance des documents d’état civil dans les municipalités de Conakry : « La fourniture de l’extrait de naissance et de la carte d’identité biométriques dans nos communes, c’est un autre problème (…) Je ne peux pas comprendre qu’on ait déployé des moyens afin de permettre aux citoyens de se procurer de ces documents et que dans vos communes, ils en en souffrent. Nous avons interpellé plusieurs fois les maires pour qu’ils puissent mettre de l’ordre. Comme vous ne comprenez pas, l’État va prendre ses responsabilités, en recrutant les jeunes diplômés qui vont assurer ce travail là au service des citoyens. Quand on me dit qu’à Ratoma et dans les autres communes, un citoyen pour se procurer de l’extrait de naissance, est obligé de débourser 200 000 francs guinéens. La fiche donnée gratuitement par une entreprise, est revendue aux citoyens au vu et au su de l’ensemble des membres du conseil communal. Si ça ne marche pas, vous risquez de perdre vos prérogatives au niveau des collectivités », a-t-il prévenu.
Par ailleurs, le ministre de l’Administration du Territoire fait remarquer que les jeunes sont en manque de lieux de loisirs aujourd’hui : « De Dixinn jusqu’à Kagbelen, vous n’avez un seul endroit de loisirs pour les jeunes. Conséquences, ces derniers sont obligés de descendre au bord de la mer pour jouer. A force de fréquenter ces lieux, ils finissent par consommer le chanvre indien. Après c’est pour dire que beaucoup de jeunes baignent dans la délinquance. Mais, qu’est-ce-que vous les élus locaux avez fait pour atténuer ce phénomène, sauf revendre les équipements (…) Il y a de ces quartiers aujourd’hui, même si on a la volonté de réaliser des marchés pour nos mamans, on y parvient pas car toutes les parcelles ont été revendues », a-t-il lâché.
En effet, Mory Condé menace de remplacer les maires et conseillers communaux qui ne produiront pas de résultats.
Mohamed Lamine Souaré
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