Après 13 ans d’attente, le procès du massacre du 28 septembre 2009 commis au stage de Conakry, va finalement s’ouvrir. Le ministre de la Justice a annoncé officiellement la date du 28 septembre 2022, pour l’ouverture de ce procès symbolique. D’ores-et-déjà, certains avocats des accusés affichent leur pessimisme.
C’est le cas notamment de Me Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité, l’ex aide de camp de Moussa Dadis Camara, chef de la junte d’alors au moment des faits. Pour la tenue de ce procès, les autorités judiciaires prévoient la mise en place d’un tribunal ad hoc : « Nous savons déjà que c’est pas une juridiction à dire le droit, parce que si déjà on n’a pas pu se prononcer sur les droits élémentaires : les mises en liberté, le non renouvellement des mandats de dépôts, ce n’est pas sur le fond qu’on dira le droit. Nous irons au procès, parce que l’institution chargée de dire le droit, nous la mettrons à l’épreuve. Que le peuple de Guinée et l’humanité toute entière sachent de quoi elle est faite et de quoi elle est capable. Nous scruterons les lois et verrons si l’application qui en est faite est saine », laisse entendre Me Paul Yomba Kourouma.
A en croire l’avocat de l’ex aide de camp du capitaine à la retraite Moussa Dadis Camara, plusieurs faits entachent déjà la bonne marche de la procédure : « Tout cela frôle la loi déjà. Nous avons un code de procédure pénale qui n’est pas abrogé, qui est en vigueur, qui s’applique. Et il y a une organisation judiciaire qui ne prête plus à équivoque. Nous savons que les lois n’ont pas changé. Les questions de compétences de territorialité n’ont pas changé. S’il y a un crime commis dans le ressort juridictionnel de Ratoma, la juridiction compétente c’est bien le tribunal de première instance de Dixinn. L’ordonnance de renvoi rendue par le pool des juges d’instruction, confère à cette juridiction là, la compétence. Alors, on ne sait pas à quel moment de la procédure, on a pu lui ôter cette attribution pour la conférer à un tribunal ad hoc qui même, n’est pas créé. Alors, on va faire un recrutement massif à l’échelle nationale, 61 magistrats qu’on va former. Ces deniers savent qu’ils ne vont pas tous siéger. On sait que la composition d’un tribunal est très simple : un président assisté de deux assesseurs tous des magistrats Et de l’autre côté, le ministère public représenté par le procureur de la République et ses substituts. Alors, c’est un gâchis, un gaspillage inutile. Et de l’autre côté, pendant qu’on les forme, l’administration judiciaire est bloquée. Qu’est-ce qu’on va inoculer à ces magistrats qu’ils n’ont pas eu ? Le programme de la politique ne doit pas être celui de la justice », a-t-il martelé ce samedi 17 septembre 2022, dans l’émission Mirador de FIM FM.
Mohamed Lamine Souaré
+224 627 56 46 67