Suite au coup d’État du 5 septembre 2021, la Guinée a été engagée dans une nouvelle transition. Un an après la prise du pouvoir par le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD), plusieurs acteurs sociopolitiques dressent leur bilan. C’est le cas notamment du président du Mouvement Nouvelle Génération (MNG).
Dans un entretien accordé à notre rédaction ce vendredi 16 septembre 2022, Oumar Sylla fait remarquer qu’il est prématuré de dresser un bilan de la gestion du CNRD au pouvoir : « Ce qui reste à faire est beaucoup plus important que ce qui est déjà fait. Par ailleurs, il faut noter que le coup d’Etat du 5 septembre a trouvé la Guinée à un niveau où il fallait des personnes courageuses pour éviter que le pays ne tombe dans une spirale de guerre civile sans précédent. C’est pourquoi, d’ailleurs, la plupart de nos politiques ont applaudi la prise du pouvoir par le CNRD », martèle-t-il d’entrée.
Depuis un certain temps maintenant, la junte au pouvoir et une bonne partie des acteurs sociopolitiques ne conjuguent plus le même verbe. Conséquence, le dialogue inter guinéen semble être au point mort. Sur le sujet, le président du MNG soulève des interrogations : « Je pense qu’il y a lieu de se poser la question pourquoi ce malentendu ? Est-ce dû aux actes qui sont entrain d’être posés par les militaires au pouvoir ? Ou c’est le simple fait de voir le CNRD dépolitiser les actes estimés irréalisables, qui seraient la cause de ce malentendu ? La junte au pouvoir a exprimé sa volonté de revenir sur la table pour un dialogue logique, franc et sans préalable pour une sortie définitive de crise en Guinée », estime-t-il.
De plus en plus, de nombreux acteurs politiques estiment nécessaire la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, conduit par un Premier ministre de consensus. Là-dessus, Oumar Sylla a bel et bien son point de vue : « La mise en place d’un gouvernement d’union nationale dépend du compromis qui sera trouvé à la fin de la crise. Si c’est ce qui peut mettre fin à cette crise, qu’il en soit ainsi », dit-il.
Autre sujet abordé par notre interlocuteur, est celui relatif au climat tendu entre Conakry et Ankara, suite à la publication d’un article de presse par Jeune Afrique, sur le séjour médical du président déchu Alpha Condé. Pour le président du MNG, il en est pas question de spéculer : « J’ai l’impression qu’en Guinée, les gens se préoccupent de la forme et non du fond. Mais ce qu’il faut retenir, aucune transition n’est démocratique, ce qui fait que nos agissements ne seront jamais les mêmes […] Mais, par contre, ce qu’il faut retenir comme un acte majeur à saluer, c’est la volonté de vouloir donner la chance à M. Alpha Condé d’aller se faire soigner. Maintenant, si par malentendu les deux pays arrivent à s’ébaucher sur un certain nombre de principes, à mon avis, cela ne doit pas faire l’objet de spéculations », estime-t-il.
Le bilan du CNRD, c’est aussi la mise en place de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Si certains observateurs en cette juridiction un instrument de règlement de compte, le président du MNG dit apprécier le travail abattu par la CRIEF : « Depuis la mise en place de cette Cour jusqu’à nos jours, les gens pensaient que ça n’aboutirait jamais. Mais, je suis étonné par le travail qui est entrain d’être abattu par cette institution. Je pense que le peuple de Guinée avait besoin de se sentir enfin en sécurité en matière de Justice dans le pays. Je recommande à la CRIEF d’être responsable et de traiter les dossiers conformément à la loi, sans discrimination ethnique ou régionale. Les dossiers doivent être traités avec impartialité et beaucoup de discipline », a-t-il suggéré.
Sauf changement de dernières minutes, les autorités de la transition entendent organiser le 28 septembre prochain, le procès des tueries du 28 septembre 2009. Contrairement à certains observateurs, le président du Mouvement Nouvelle Génération et de l’ONG Jeunes conscients d’Afrique, se montre optimiste : « Je reste toujours optimiste et je préfère accorder le bénéfice du doute pour ne pas se faire tatouer par les mots. Mais, je pense que quand on veut, ont peut », a-t-il conclu.
Mohamed Lamine Souaré
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