Le système, qui tourne actuellement autour du pouvoir, me fait penser à Tullius Détritus, ce personnage de La Zizanie dont la mission était de semer la crise, pour briser des liens, une façon de diviser pour mieux régner. Cela dit, si on n’y prend garde, on tend vers la même chose en Guinée, avec ce perfide système, déterminé à maintenir notre pays dans la crise pour en profiter.
En effet, malmené après le 05 septembre, certains, parmi les plus toxiques, ont réussi à passer par le trou de la serrure du palais et à avoir les oreilles du Colonel. A tel point que l’homme du 05 septembre est méconnaissable. Personne n’aurait pu imaginer une situation pareille. Même lorsque, pendant mon passage au « Protocole » et à la Primature, en novembre dernier (pour remettre deux synthèses portant sur mes travaux contre la corruption et contre la pauvreté), un « haut cadre » m’avait lancé : « vous êtes content, vous allez le regretter ». A vrai dire, je n’avais pas saisi la profondeur de sa phrase. Aujourd’hui, elle est claire et limpide. Elle est même omniprésente dans les débats, sous d’autres formulations, comme par exemple : « C’est vous qui aviez applaudi le colonel, vous n’avez pas à pleurer… ».
Le système, comme Tullius Détritus, est un semeur de zizanie et un traître. Eh oui, il est tellement talentueux qu’il a fini par provoquer des tensions entre le peuple et son « sauveur », en faisant intentionnellement commettre des erreurs à ce dernier, pour se venger. De toute évidence, il continue d’œuvrer pour que le pays ne change pas dans le sens attendu du discours du 05 septembre et, au sommet du pouvoir, on ne s’efforce pas de revenir dans le bon sens. Le Colonel n’en tire aucune conséquence. Il s’embourbe donc dans les mêmes choses, les mêmes violences qui produisent les mêmes frustrations.
Mais tout finira par finir, pour laisser place à un dialogue sincère et inclusif.
En attendant, mon Colonel, je vous suggère d’attribuer le nom de l’hôpital Donka au Lieutenant Marie Jeanne Sylla, cette digne policière (paix à son âme) vertueuse, incorruptible, qui exerçait vers Nongô. Vous aurez ainsi posé un acte hautement symbolique qui couronne le mérite et l’excellence, vertus rares dans notre pays. N’écoutez pas le système qui veut imposer le nom de Hadja André Touré, par force. Les Guinéens doivent avoir les mêmes chances pour accéder aux positions valorisées, sans que celles-ci soient réservées à certaines personnes parce qu’elles seraient épouses de dignitaires ou issues d’un certain milieu social. L’idéal d’égalité des chances doit être en lien avec l’idéal méritocratique : l’accès à des honneurs doit être lié au talent et à l’effort et non à des privilèges.
Après la transition qui, je l’espère, sera rapide, notre pays repartira à coup sûr sur des bases nouvelles, sans règlement de compte : nous n’accepterons pas de vivre le douloureux passé. La Guinée a le ressort nécessaire pour rebondir. Elle a l’envie et des hommes qui ont la République chevillée au corps. C’est une vérité qu’il est facile de voir. Pas dans votre proche entourage, qui est en train de vous induire en erreur, mais en face !
Ibrahima Bah
Respect des deniers publics et du citoyen, rdpcguinee@gmail.com
Docteur en Sciences économiques, écrivain