spot_img
spot_img
AccueilGUINEEBâillonnée et traquée : La descente aux enfers de la presse guinéenne...

Bâillonnée et traquée : La descente aux enfers de la presse guinéenne (Par Oumar Kateb Yacine)

Le tableau est sombre. À l’image d’un ciel sans aube, la situation de la presse guinéenne reflète une inquiétante régression démocratique. Le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters Sans Frontières est sans appel : la Guinée chute de 25 places, se retrouvant 103e sur 180 pays. Une dégringolade brutale, qui fait écho à une réalité de plus en plus étouffante : le journalisme indépendant y est devenu une activité à haut risque.

Ce n’est plus une impression, ni une plainte isolée. C’est une vérité documentée, vécue et redoutée. Dans le pays de Mamadi Doumbouya la liberté d’informer est en passe de devenir un souvenir. La fermeture arbitraire de médias critiques, la brouille des fréquences, les sanctions abusives, les arrestations sans fondement légal de journalistes, sont désormais les instruments d’un pouvoir qui semble préférer le silence des cimetières à la cacophonie démocratique.
Le cas emblématique de Habib Marouane Camara, enlevé dans des conditions dignes des heures les plus sombres de la répression politique, illustre la dérive autoritaire en cours. Ce n’est pas seulement un homme que l’on a voulu faire taire, c’est un métier que l’on cherche à faire disparaître. Et à travers lui, c’est la société tout entière que l’on prive d’un droit fondamental : celui d’être informée.

Le silence, lorsqu’il devient institutionnalisé, n’est plus neutre. Il est un outil politique, un choix délibéré de contrôle par l’opacité. En étouffant les voix indépendantes, le pouvoir guinéen tourne le dos à la promesse d’un État de droit. Car une démocratie sans presse libre n’est qu’une façade sans profondeur, un théâtre sans acteurs, un pouvoir sans contre-pouvoir.
L’histoire contemporaine a maintes fois démontré que l’absence de liberté de la presse annonce les prémices d’un basculement autoritaire. Il est donc urgent de tirer la sonnette d’alarme. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités, tout comme les organisations régionales et les partenaires bilatéraux de la Guinée. Le silence complice serait une abdication morale.
La liberté de la presse n’est pas une faveur concédée par le pouvoir, c’est un droit inaliénable, un garde-fou contre les abus, un miroir tendu à ceux qui gouvernent. La Guinée ne pourra jamais se relever, se réconcilier avec elle-même, ni envisager un avenir de paix durable sans une presse libre, indépendante et respectée.
Pour finir, rappelons cette parole visionnaire de Thomas Jefferson, l’un des pères fondateurs de la démocratie américaine : « Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et elle ne saurait être limitée sans être perdue. »
Il est temps, pour la Guinée, de choisir la lumière du débat plutôt que l’ombre de la censure. La démocratie ne s’impose pas, elle se construit chaque jour – avec, et jamais sans, la presse.

Oumar Kateb Yacine Analyste-Consultant Géopolitique
Contact: bahoumaryacine777@gmail.com

RELATED ARTICLES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Most Popular

Recent Comments