Si Mamadi Doumbouya se portait candidat à la fin de la transition politique prévue pour le 31 décembre 2024, cela représenterait une trahison flagrante des principes qui ont légitimé son arrivée au pouvoir. En renversant Alpha Condé en 2021, la junte militaire s’était présentée comme un vecteur de restauration de la démocratie, promettant une transition rapide et transparente. Cependant, la candidature de Doumbouya ressemblerait à une manœuvre politique cynique, visant à renforcer son propre pouvoir plutôt qu’à restaurer l’ordre démocratique. Rien que l’idée de sa candidature enverrait un message clair : la soif de pouvoir, dissimulée sous le prétexte de la « transition », a pris le dessus sur les promesses de refondation institutionnelle.
Pire encore, si le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) venait à dissoudre les partis politiques, l’effet serait dévastateur pour la nation. Une telle décision révèlerait que le régime actuel, sous couvert de « transition », se transforme en une dictature déguisée, marquant une nouvelle étape dans l’effondrement de l’espace démocratique guinéen. Les partis politiques, malgré leurs défauts, sont essentiels à la démocratie, car ils incarnent la diversité des idées et les aspirations du peuple. Les dissoudre reviendrait à priver des millions de Guinéens de leur voix et de leur droit à un gouvernement pour et par le peuple.
Les conséquences d’une telle dérive seraient catastrophiques. L’histoire récente de la Guinée est marquée par l’instabilité politique, la violence et les régimes autoritaires successifs. Une nouvelle consolidation du pouvoir entre les mains des militaires ou d’une oligarchie serait un retour aux heures les plus sombres du pays. En dissoudre les partis politiques, on éteindrait toute opposition légitime et institutionnelle, transformant le débat politique en une question de force brute où la répression prendrait le dessus. Les Guinéens, cependant, ne resteraient certainement pas passifs face à cette tentative de museler leurs droits civiques et leur liberté d’expression.
Les risques sont nombreux. D’abord, une montée inévitable de la contestation populaire : la Guinée a toujours été un pays où les mouvements de protestation ont résisté farouchement aux tentatives d’étouffer la démocratie. Si Doumbouya recourait à la répression pour asseoir son pouvoir, cela ne ferait qu’alimenter la colère dans les rues, entraînant violences et insécurité. Les soulèvements de 2007 et 2009 en sont des précédents éclairants. Cette fois-ci, un soulèvement national pourrait dégénérer en un conflit civil plus profond, exacerbant les tensions ethniques et régionales.
Sur le plan international, la Guinée risquerait l’isolement. Les organisations internationales, telles que la CEDEAO, l’Union africaine et même l’ONU, ne toléreraient pas un retour à un autoritarisme aussi flagrant. Des sanctions économiques et politiques suivraient, aggravant une économie déjà fragile et exacerbant la pauvreté, ce qui renforcerait le ressentiment du peuple contre un régime perçu comme illégitime.
Enfin, la dissolution des partis pourrait entraîner une radicalisation des forces d’opposition. Privés d’un espace légal, ces partis n’auraient d’autre choix que de recourir à des méthodes de résistance plus extrêmes, allant jusqu’à la clandestinité, voire la lutte armée. La violence politique, loin d’être contenue, s’intensifierait en un cycle incontrôlable de répression et de représailles.
Si Mamadi Doumbouya devenait candidat et dissolvait les partis, le message serait clair : « Je suis prêt à tout pour conserver le pouvoir, même à détruire les fondements de la démocratie guinéenne. » Un tel acte anéantirait la confiance du peuple dans ses dirigeants et dans le processus de transition promis.
Pour la stabilité et l’avenir démocratique de la Guinée, il est crucial que cette voie ne soit pas empruntée. Le pays a besoin de réconciliation, de renforcement institutionnel et d’une véritable alternance démocratique. Si Doumbouya transforme la transition en un tremplin vers une présidence autoritaire, il condamnera la Guinée à des décennies supplémentaires de violence, d’instabilité et de régression. L’histoire jugerait sévèrement une telle trahison.
Allah, nous Te prions en ce moment crucial pour la Guinée. Guide nos dirigeants vers la justice, protège le peuple des injustices, et préserve la paix et la démocratie. Accorde-leur la sagesse et l’humilité de respecter leurs engagements. Aamiin
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen