Au cours d’une conférence de presse animée par le bureau exécutif du Front national pour la défense de la constitution ce jeudi à Conakry, les leaders dudit front ont énuméré les incertitudes de la transition et les risques sur la stabilité et la sécurité du pays.
Dans un mémorandum lu par Sékou Koundouno, le FNDC souligne l’absence de dialogue et de concertation entre les forces vives et le CNRD comme une des incertitudes de la transition.
« Dans un contexte sociopolitique et économique aussi délétère que celui de la Guinée d’aujourd’hui, l’absence de dialogue et de concertation inclusifs et constructifs entre le CNRD et les forces vives de la nation sur le contenu, la durée et le chronogramme de la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel rapide, plus de sept (7) mois après la prise du pouvoir par les armes, présente des risques de soulèvement populaire certain. Ce risque est aisément perceptible à travers la montée progressive des tensions, palpables dans les déclarations des principales forces sociales et politiques qui n’excluent pas de recourir à des manifestions pacifiques de rue pour sauver la transition en cours. Ce risque est aussi palpable à travers les actes posés par les militaires au pouvoir qui présentent de plus en plus des signes d’agacement, d’intolérance, d’allergie à la critique. Dans le contexte de la reprise des manifestations, il est à craindre que le recours à la violence d’État soit privilégié par la junte pour étouffer et museler les voix dissonantes et s’éterniser au pouvoir. D’où la nécessité de la présente alerte en vue d’une mobilisation nationale et internationale pour éviter le chaos », a affirmé le responsable des stratégies et planifications du FNDC.
Poursuivant, Sékou Koundouno a souligné ce qu’il considère comme prémices d’un nouveau cycle de violences et de violation des droits de l’homme en Guinée. Il cite notamment la démolition des maisons alors que les dossiers sont pendants devant les juridictions, mais aussi la récente suspension du procureur Alphonse Charles Wright.
« Quoique salutaires, dans les mesures de récupération des domaines supposés appartenir à l’État, la manière de s’y prendre est aussi importante que le fond. Démolir des maisons pendant que des dossiers y afférents sont pendants devant la justice ne rassure ni les citoyens, ni les avocats quant à l’indépendance de notre justice. La suspension récente du Procureur Général Alphonse Charles Wright à cause d’une brouille avec un des rares éléments connus du CNRD, en l’occurrence le haut commandant de la gendarmerie nationale, le colonel Balla Samoura, demeure la preuve que la justice n’a jamais été la boussole et ne le sera sûrement pas davantage demain tant que les militaires restent au pouvoir », a-t-il souligné
Le manque de communication sur l’identité, le nombre et le lieu d’inhumation des victimes du coup d’État du 5 septembre, tout comme l’absence d’une volonté lisible de la junte de faire la lumière sur les sombres épisodes de la répression des manifestations de 2001 à 2021, en passant par le procès du massacre du 28 septembre 2009, sont selon les leaders du FNDC, des signes qui ne permettent pas d’être optimistes.
Hady MINTHE