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Hommage mérité et plus d’amour pour nos enseignantes et enseignants (Amadou Saikou Diallo)

Proclamée par l’UNESCO en 1994, le mois d’Octobre est considéré comme le mois au cours duquel le monde entier doit rendre un hommage mérité aux enseignantes et enseignants, de tous les ordres d’enseignement, ainsi qu’aux personnes qui se consacrent à la recherche en éducation.

Cette période consacrée à l’enseignant doit servir d’opportunité à mobiliser les gouvernements face aux engagements pris envers une éducation pour tous d’une part et les populations d’autre part pour assurer l’attribution d’une aide financière suffisante au soutien du personnel de l’enseignement et pour faire en sorte que l’accès à l’éducation devienne une réalité pour les jeunes des générations actuelles et futures dans tous les pays.

Aujourd’hui, dans toutes les régions d’Afrique, il est très difficile d’attirer des débutants de tous âges dans l’enseignement. En Afrique, le recrutement suffisant d’enseignants pose encore problème. Dans de nombreux pays, le recrutement d’enseignants en disciplines spécialisées est particulièrement problématique dans l’enseignement secondaire (surtout en mathématiques et en sciences). Le profil d’âge du professorat est également inquiétant car un grand pourcentage d’enseignants va prendre sa retraite dans les années à venir. Certains systèmes scolaires complètent le nombre de professeurs avec un noyau croissant de paraprofessionnels qui jouent toutes sortes de rôles. Des études ont prouvé qu’une augmentation de 5 pour cent de l’absentéisme professoral réduit la réussite de l’apprentissage de l’élève de 4 à 8 pour cent de la progression moyenne annuelle. Dans ce contexte, le statut des enseignants est en déclin.

Les pays qui se sont engagés résolument dans les politiques de recrutement d’enseignants contractuels ont obtenu des résultats appréciables en matière de scolarisation. Cependant, malgré ces succès quantitatifs, la présence massive de ces nouveaux enseignants suscite au sein de la communauté éducative une interrogation quant à leur incidence sur la qualité de l’éducation. Cette interrogation s’explique par le fait que ces enseignants non fonctionnaires possèdent des caractéristiques différentes de leurs collègues. En effet, outre leur statut, tous n’ont pas bénéficié d’une formation pédagogique et, quand ils ont suivi une formation, elle a généralement été de courte durée. De plus, ils ont généralement un niveau de rémunération nettement inférieur à celui des enseignants fonctionnaires. Ces différents éléments ne plaident pas a priori en faveur de ces enseignants. A travers cette interrogation sur la qualité, on voit bien que la question qui fait jour est en fait celle des profils enseignants qui permettront de réaliser la scolarisation primaire universelle. Le problème est très souvent posé en termes d’arbitrage entre la scolarisation du plus grand nombre d’élèves et d’étudiants possible et la qualité de l’enseignement dispensé. Le recrutement d’enseignants non fonctionnaires, qui est autant le fait des gouvernements que celui des communautés, serait un choix délibéré en faveur de la scolarisation du plus grand nombre au détriment de la qualité de l’éducation.

L’équilibre entre les sexes au sein du personnel est essentiel, les pays dont le nombre d’enseignants du primaire de sexe féminin est plus élevé ont plus de chances de présenter des taux de scolarisation des filles plus élevés dans le secondaire. En outre, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO, l’offre d’enseignants du primaire ne suit tout simplement pas la demande, notamment en Afrique subsaharienne.

L’égalité des sexes dans l’éducation est une préoccupation mondiale majeure, mais malgré les engagements pris en faveur des objectifs internationaux en matière d’égalité entre les sexes, la majorité des enfants non scolarisés et deux-tiers des adultes analphabètes sont de sexe féminin. Les femmes et les filles constituent ainsi la catégorie la plus importante de personnes privées de possibilités pleines et égales d’éducation.

Dur métier que d’enseigner aujourd’hui par tout au monde à en juger par les témoignages et les enquêtes: Stress, malaise, souffrance, violences, traduisent les difficultés d’une profession atteinte de plein fouet par les mutations sociales et les nouveaux fonctionnements de l’institution.

Les premières années de ma scolarisation, j’ai découvert que l’enseignant et l’Infirmier étaient les personnes les plus respectées et écoutées par les citoyens et il y avait un droit de reconnaissance, de considération pour eux. Mais fort est de constater aujourd’hui que tel n’est pas le cas. Des sondages et enquêtes prouvent aujourd’hui que plus de 75% des enseignants considèrent que le stress au travail est plus important dans leur métier que dans d’autres, qu’ils souffraient significativement d’affections spécifiques: insomnies, migraines, affections des voies respiratoires, conditions de travail dérisoires…. jugent leur profession dévalorisée et près de la moitié désirerait changer de métier (tout en restant au sein de la fonction publique).

En somme, le « malaise au travail » observé aujourd’hui dans de nombreuses professions, fait de déprises et de déprimes, d’épuisement physique et moral, n’épargne pas les enseignants et prend pour eux des caractéristiques bien spécifiques. Le paradoxe est que la pénibilité du métier semble être niée par la société qui considère souvent que les enseignants ont des conditions de travail privilégiées (vacances, horaires…) alors qu’une méconnaissance de la réalité quotidienne des classes rend difficile la reconnaissance de la complexité de leurs tâches.

Une amie enseignante me disait récemment: « Dans la classe, je suis comme le personnage de certains dessins animés de Tex Avery… Partout à la fois, je cours de l’un à l’autre, j’ai l’impression de me démultiplier par dix au moins… Alors, je me rétrécis,, je me sens vidée… Et pourtant il faudra bien que demain je motive, je rassure ces chers petits qui arriveront avec leurs problèmes sociaux, scolaires, psychologiques, affectifs…

Et puis, un matin, mon réveil a sonné et je n’ai pas pu me lever. Il m’était tout à fait impossible d’envisager l’idée de retourner dans la classe… C’est comme si mon corps refusait brusquement d’obéir à mon cerveau… Mes muscles étaient devenus si lourds que lever le bras me semblait impossible. »

Nous savons que depuis une dizaine d’années, les évolutions de la société ont contraint les enseignants à transformer leurs pratiques. Les élèves ont changé et ont acquis un droit d’expression parfois difficile à gérer: les profs doivent faire face à ces petites incivilités ou plus grandes violences qui sont entrées dans les murs de l’école, éduquer à la citoyenneté, à la démocratie, au respect d’autrui. Des élèves qui s’interpellent à haute voix, d’autres qui se cachent à peine pour jouer avec leur portable, d’autres encore qui viennent accaparer l’attention du prof pour protester sur une note estimée injuste…

Il faut prendre en compte aussi la variété des publics, la diversité des cultures, la connaissance des religions et des modes de socialisation familiale. Sans compter que, dans une société où l’échec scolaire est considéré comme une grave injustice, les enseignants se doivent d’obtenir de meilleurs résultats avec des élèves dont les familles aussi stressées et inquiètes du destin scolaire de leur progéniture et souvent suspicieuses vis-à-vis de l’école. Loin de l’attitude réservée qui était la règle lorsque l’école était considérée comme un sanctuaire quasiment impénétrable, les parents exigent aujourd’hui des comptes, demandent des explications sur les devoirs ou le suivi des programmes… Bref les exigences sont nombreuses.

Face a toutes ces exigences qui sont légitimes, les Enseignantes et Enseignants ont besoin sans conditions du soutient et de l’amour de tous: des gouvernants aux citoyens en passant par toutes les Organisations afin de mieux accomplir leurs tâches.

Bonne fête et Hommage distingué aux Enseignantes et Enseignants de partout au monde. Ensemble nous réussirons.

Amadou Saikou Diallo
“La Voix du Citoyen”
Washington D.C

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