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AccueilGUINEE«Sur les propos de notre respecté Cardinal Robert Sarah » (Ali Camara)

«Sur les propos de notre respecté Cardinal Robert Sarah » (Ali Camara)

Nombreux ont camouflé le débat avec une soutane. C’est une image qui me parle. Je suis foncièrement attaché à la fois chrétienne, dont je témoigne de façon empirique les biens faits. Mais pour ce débat, la complaisance ne peut être mon parti pris. Voir nos terres « rétribuer » à l’Eglise, ce qui est d’ailleurs une autre façon d’appeler le Vatican est une problématique réelle. Cela est différent – j’insiste et je persiste à le dire – d’un quelconque procès contre la foi chrétienne. Ce que je ne puis me permettre, d’autant plus que je considère que celle-ci devrait rester dans le domaine intime. Il est tout aussi inadmissible pour moi que des personnes se soient livrées dans des invectives et manquements à l’endroit de son Éminence Le Cardinal Robert Sarah. Je trouve de tels agissements rétrogrades et indignes. C’est une tentation à personnifier un débat qui ne l’est pas, et un prétexte pour retrouver cette bassesse dans laquelle d’autres excellent de nos jours.

Discuter de l’implication de l’église, c’est-à-dire le clergé et le Vatican n’est pas – pour le sujet qui nous concerne – faire débat religieux, encore moins discuter de la foi des uns ou des autres. Autrement dit, c’est que ce qui rend le débat compliqué, c’est sans doute le fait que nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à faire la distinction entre la foi chrétienne ( ce qui n’est pas le sujet que nous débattons) et le rôle intrinsèque de l’église dans la Colonisation et la spoliation par richochet des terres obtenues – par fois – au détriment des populations autochtones, et qui pour certains,  ont été obligés d’y travailler contre leur gré. Dire cela, c’est exactement la même chose que de distinguer l’islam et l’arabisation des africains et le rôle des arabes et assimilés dans l’entreprise de l‘esclavage, de la colonisation, et bien avant dans celle de l’invasion de nos grands empires. C’est une question de principe, indépendamment du fait que les villas appartiennent effectivement ou non à Sékou Touré.

Sur le titre foncier qui semble être la seule préoccupation de mes contradicteurs, je réponds  donc que c’est un autre sujet dont on pourrait sans doute évoquer sur plusieurs aspects, notamment sur un certain nombre de questions : 1. À quand et à combien a t-il  acheté ce domaine ? 2. Quelle était sa valeur à l’époque ? 3. Avait-il fait prévaloir son statut pour l’acquérir ?  Ce sont des questions légitimes pour toute personne qui contesterait la propriété de Sékou Touré sur le domaine des Cases de Bellevue. Mais de là à revendiquer la propriété de l’église, c’est oublier comment celle-ci fut établie. Je dis donc qu’on est libre de chercher les réponses aux questions susmentionnées, mais que parler de propriété de l’église ( avant même l’indépendance) sur ce domaine ou un autre, appartenant à Sékou ou non, c’est tout simplement renier notre histoire coloniale. Cela n’a rien à voir avec les positions partisanes des uns ou des autres sur ce que fit Sékou Touré.

Sérieusement? L’on voudrait nous parler de titre de propriété, de Code, de la Loi de l’époque et la seule sur la base de laquelle une bonne partie de Conakry ( ou même de la Guinée ) est aujourd’hui acquise par des milliers de guinéens. Au même moment – comme si de rien n’était – l’on voudrait nous imposer un silence radio sur le fait de la Colonisation, de l’accaparement des terres, de ses crimes humains et économiques. Mais d’ailleurs, ce Code a profité à qui ? De quelle loi parle t-on ? Est-il besoin de rappeler que la Colonisation et ses abus étaient bien légales ? Mais aux yeux de qui ? Sékou Touré ( son nom m’importe peu dans ce débat ) n’est pas le clergé, encore une fois, et on ne peut prétendre la propriété à l’église, comme autre entité ayant fait profit dans le même sens. Nous ne serions pas le premier pays à le faire. Même les pays européens, qui sont par excellence de culture chrétienne, n’ont pas manqué de passer par là. Ce que les gens ingnorent, c’est que l’église catholique est affiliée au Vatican : c’est un État, un clergé exclusif et une Église. Même si aujourd’hui l’autorité du Vatican semble davantage tempérer par rapport à cette histoire dont nous évoquions ici même, il n’en demeure pas moins que sa prédominance soit encore là. Cela n’a rien à voir avec le schéma de l’Isalm, où chacun est lié par Dieu par la simple profession de foi, le clergé y étant absent. Ce qui fait que dans le schéma du Catholicisme, nos États ne peuvent pas rétrocéder nos terres au motif que des compatriotes seraient devenus de bons chrétiens. Faut-il rappeler que Guinée est un pays laïc ?

Mais il faut croire finalement que le problème guinéen est plus encré qu’on ne l’imagine, et dommage que le débat guinéen soit devenu la recherche de consensus. Personne ne veut choquer, au risque même de se garder de dire la vérité. Je pleins nos intellectuels !

Ali CAMARA

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