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AccueilMONDEL’Union africaine, une union désunie ! (Sayon Mara)

L’Union africaine, une union désunie ! (Sayon Mara)

Soixante-et-un an après sa création, l’Union africaine continue encore de se demander à quand l’union des peuples africains ?

Créée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba sous le parrainage du roi Hailé Sélassié 1er, cette organisation continentale s’est donnée pour missions :

 1.    de défendre la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats membres ;
 2.    d'accélérer l'intégration politique et socio-économique du continent ;
 3.    de promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d'intérêt pour le continent et ses peuples.

Malheureusement, aucun des objectifs susvisés n’a été atteint. Devenue l’Union Africaine en 2002 (UA), rassemblant à date 55 Etats du berceau de l’humanité, cette organisation africaine a pitoyablement échoué sur tous les plans. Amorphe dans un continent incapable d’assumer pleinement sa souveraineté, l’UA n’est que l’ombre d’elle-même aujourd’hui. Son échec aujourd’hui s’explique surtout par le fait que la transition de l’OUA à l’UA n’a pas tenu compte :

1.    des impératifs d’association des peuples, des antagonismes et égoïsmes nationaux ;
2.    des disparités linguistiques, culturelles, économiques et politiques.

Conséquence, ces antagonismes et égoïsmes nationaux, ces disparités linguistiques, culturelles, économiques et politiques ont fini par emporter sur les objectifs de l’union. Ils l’ont plombée et rendue faible face aux Etats la composant.

Dépassée par les crises du continent et essoufflée à cause de l’attachement de ses Etats membre à leur souveraineté, l’UA est maintenant très loin des objectifs qui lui ont été assignés par les Pères fondateurs. L’africain devient de plus en plus étranger sur son propre continent du fait des obstacles de toute sorte qui sont entre autres : les barrières douanières tarifaires et non tarifaires, la xénophobie, les visas, les barrières monétaires etc…..

À titre d’exemple, le mardi 21 février 2021, le Président tunisien Kais Saied a tenu un discours violent, xénophobe, inadmissible et haineux sur l’immigration. Aussitôt, cette incitation à la haine et au racisme, cette invite lancée par Kais Saied à son peuple pour traquer, dans son pays, les africains noirs a été suivie à la lettre. Le feu a été mis à la poudre de la violence ; une chasse à l’homme infernale a été engagée, par les populations et autorités tunisiennes, contre les migrants africains, notamment ceux de peau noire qui ont été battus, tués, humiliés, sous le regard indifférent, complice et coupable des autorités de ce pays raciste. Malgré cette animosité viscérale vis-à-vis de nos frères noirs dans ce pays inhumain, les autorités africaines se sont murées dans un silence agaçant, révoltant et coupable.

Le respect ne se quémande pas, il se mérite ; il s’arrache et s’impose. Si les morts pouvaient parler, les Présidents Kwamé Nkrumah du Ghana, Hailé Sélassié 1er de l’Ethiopie, Ahmed Sékou Touré de la République de Guinée, Modibo Keita du Mali, Gamal Abdel Nasser de l’Égypte, Ahmed Ben Bella de l’Algérie, pour ne citer que ceux-là, exprimeraient leur amertume face à la gestion ridicule et honteuse de leur héritage commun. Le rêve de ces pères fondateurs était de conduire le berceau de l’humanité vers les Etats-Unis d’Afrique. Mais, plus de 61 ans après, ce rêve reste encore une utopie.

L’Union Africaine est devenue une véritable caisse de résonance pour les Institutions occidentales. Elle se plie aux desiderata de ces dernières à telle enseigne qu’on se demande même à quoi elle sert réellement aujourd’hui.

Comme le dirait l’autre, « L’Union Africaine doit se reformer en profondeur pour mieux remplir les missions qu’elle s’est fixées. » Plutôt que d’organiser des cérémonies de réjouissance pour encenser la création de cette association panafricaine, les dirigeants africains feraient mieux de mettre à profit cette journée de l’Afrique pour faire une rétrospective. Flash-back au cours duquel, sera passé au crible le parcours de cette organisation pleine de gloire, mais aussi de fiascos. L’objectif est de tirer des leçons de l’histoire commune du berceau de l’humanité afin de mieux permettre à l’organisation de se projeter vers l’avenir. Un exercice certes laborieux, mais qui permettra, in fine, de réaliser combien de fois cette organisation a trahi les attentes des peuples du berceau de l’humanité.

Comme je l’ai dit dans l’une de mes tribunes, tant que cette organisation continentale ne parvient pas à se délier entièrement du néocolonialisme pour se doter d’un budget conséquent qui lui permettra d’être à l’abri des injonctions extérieures, tant que ses Etats membres continueront à être faibles, elle demeurera toujours une organisation soumise, contrôlée par les organisations occidentales telles que les Nations Unies, l’Union Européenne, l’OIF, les institutions de Breton Wood etc…

C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à tous ces militants du panafricanisme qui ne cessent d’investir leurs énergies physique et morale pour unifier les africains du continent et de la diaspora en une communauté africaine mondiale.

Bref, l’Union Africaine doit faire sa mue. Il lui faut une réelle autopsie pour redorer son blason. Faisons donc en sorte que cet événement du 61ème anniversaire soit le véritable départ pour une véritable renaissance africaine.
Vive le panafricanisme !
Vive l’Afrique !

                                   Sayon MARA, Juriste
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