Supposons que tout ce qui a été dit est vrai. On me dirait sitôt de supposer tout de suite le contraire, à tout le moins l’exagération; de supposer un coup de revanche. Et comme ce plat de la « vengeance » qui se mange à froid, l’homme – Monsieur Lansana Kouyaté donc – a t-il suffisamment attendu pour enfin manger ? On se rappelle des épisodes de 2010, de ce mariage difficile entre lui et son grand frère Alpha Condé ( selon ses termes ), et du divorce aussitôt prononcé. On avait promis à la mariée des lunes de miel, un toit et de l’assurance. Que nenni ! Rien de cela ne fut.
Le journalisme sérieux aurait été de poser la question essentielle sur le timing et les motivations de ces révélations. La question donc – la véritable me semble-t-il – c’est de se demander pourquoi ces révélations, maintenant, et de cette façon ? Il ne s’agit pas de poser au bout des lèvres ce genre de question aussi primordiale, il y a toute une nécessité d’amener l’invité à y répondre. Non pas de l’astreindre à coups de tiraillements, mais de poser la question à ce que la seule issue soit le fait d’y répondre, le plus clairement possible. La réponse peut décevoir. Mais ce n’est pas le plus important. L’important ici, c’est d’aider de manière que l’opinion publique puisse voir plus clair. C’est cela le journalisme. Autrement, ce ne serait qu’une cour de recréation et de jactance…
Tout cela dit, il saute aux yeux que l’argument de la frustration politique n’est plus suffisant. Il s’agit de voir les choses plus objectivement. De 2010 à maintenant, il y a plus de dix ans d’intervalle. Douze ans pour être exact ! La question est de savoir pourquoi donc ces dernières révélations après autant d’années ? L’autre bout de la question – puisqu’il faut aller jusqu’au bout – c’est bien de pouvoir expliquer tout le silence ou sinon le « mutisme » à pouvoir évoquer ces sujets depuis les présidentielles « controversées » de 2010. On ne pourrait en tout cas nier le fait que depuis longtemps, Monsieur Kouyaté n’a pas sa langue dans poche. Cela n’est pas un fait nouveau. Pour autant elle n’en est jamais été si visible. Surtout sur des choses aussi « confidentielles ». On ne sait d’ailleurs plus comment les qualifier. Et si on veut être plus actuel sur la problématique, alors les révélations qu’il fait sont-elles en lien avec la discorde annoncée depuis la dernière sortie du gouvernement sur les 10 axes de la transition ? Il y’a une certaine tendance flagrante ou dissimulée de certains partis politiques – appel rampant bien sûr – à vouloir boycotter les actions du CNRD, le PEDN est de quel côté de l’histoire ?
Je pose des questions.
Rien de plus…
Ali CAMARA