La presse guinéenne traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente. Jadis, considérée comme le quatrième pouvoir, porteuse de vérité et de contrepoids face aux excès du pouvoir, elle est aujourd’hui fragilisée, marginalisée, parfois même trahie par ceux qui auraient dû la protéger et la renforcer.
Nos aînés, qui furent les pionniers de cette lutte pour la liberté d’expression, semblent avoir accepté volontairement ou sous contrainte de sacrifier ce précieux acquis sur l’autel des intérêts politiques ou personnels. À force de compromissions, de silences complices et de renoncements, ils ont laissé s’installer un climat où le journalisme devient un métier à haut risque, exposant la jeune génération à la censure, à la précarité et à la peur.
Mais que restera-t-il pour les jeunes journalistes ? Quelle flamme pourront-ils porter si leurs devanciers ont éteint le feu de la liberté ? La nouvelle génération se retrouve face à un dilemme «perpétuer un métier vidé de sa substance ou réinventer une presse indépendante, audacieuse et enracinée dans les valeurs d’intégrité et de responsabilité».
L’histoire nous enseigne que la liberté ne se donne pas, elle s’arrache et se défend. La jeunesse guinéenne, héritière d’une tradition de lutte et de résilience, doit refuser d’être spectatrice de l’enterrement de la presse. Elle doit se lever, innover et imposer une autre façon de faire du journalisme : «plus proche des citoyens, plus rigoureux, et moins vulnérable aux manipulations politiques».
Car si la presse s’effondre, c’est la démocratie elle-même qui vacille. Et si les aînés ont choisi le sacrifice, les cadets ont le devoir de bâtir la relève.
Mansaré Soumah Naby Moussa, journaliste et diplômé en sociologie développement communautaire.