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AccueilGUINEETribune : La Guinée de 1958 à 2022 ‘’REVEILLONS-NOUS’’ (Aboubacar Biro Soumah)

Tribune : La Guinée de 1958 à 2022 ‘’REVEILLONS-NOUS’’ (Aboubacar Biro Soumah)

Depuis toujours le peuple de Guinée dans sa soif de vivre le bonheur d’un Etat développé, juste et démocratique a vu son rêve se briser encore et encore malgré l’immensité des ressources du sol et du sous-sol que regorge le pays, du fait de ses filles et fils au pouvoir dont l’avidité est sans égale.
Il est grand temps pour nous les guinéens de rompre définitivement le cycle infernal de la mal gouvernance, des crises institutionnelles quasi-permanentes qui mettent en péril la jeune démocratie de notre pays et empêchent son développement. Ces maux se sont mués en un système qui a toujours demeuré au sein de l’appareil étatique.
Il est possible de vivre ce rêve mais pour y arriver, nous devons nous réveiller pour enfin rompre avec nos vieilles habitudes, renouer avec le travail, l’effort et le mérite pour construire une Guinée unie, prospère et démocratique.
Il est impératif de faire une rétrospection sur l’histoire de la Guinée pour comprendre les maux qui la gangrènent et l’empêchent véritablement à amorcer son développement dans tous les secteurs.
Depuis son indépendance en 1958, différents régimes se sont succédés à la tête du pays avec comme arrière-plan le même système néfaste.
 Indépendance et le règne du Président Ahmed Sékou Touré.
La République de Guinée a connu plus de 60 ans de colonisation avec ses corolaires sous la domination française avant d’accéder à son indépendance le 02 octobre 1958.
Après l’ultime sacrifice consenti pour libérer la France, pendant son envahissement par l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler, le Général De Gaulle (Président de la France d’alors) a respecté son engagement qui consistait à accorder l’indépendance à ses colonies dont entre autres la Guinée.
Mais hélas, après l’indépendance de la Guinée en 1958, la France n’étant pas satisfait de la manière dont les leaders guinéens se sont comportés pour obtenir sa libération lui a tourné le dos.
Pour répondre à la France, le Président Ahmed Sékou Touré a opté pour le système communiste pur et dur dont les conséquences nous ont conduit dans une dictature sans précédent qui fut caractérisée par :
• Un système éducatif bafouillé avec l’exigence que chaque région étudie dans sa langue.
• Une démocratie bafouillée avec l’imposition du Parti Etat qui n’était autre que le PDG-RDA.
• Une administration et une armée caporalisées par le Parti Etat, le PDG-RDA.
• Plus de 50 milles cadres tués, portés disparus et d’autres forcés à l’exil.
• La Préparation et l’exécution de complots de toutes sortes par les membres du clan de Sékou Touré et attribués à d’autres guinéens servant ainsi de prétextes pour les faire disparaitre, tels que :
– Le complot des enseignants (Koumandjan Keita et Fodéba Keita qui furent arrêtés et emprisonnés au camp boiro).
– Le complot des commerçants provoquant l’interdiction de métier de commerce en Guinée.
– Le complot peulh avec Boubacar Telly Diallo, Petit Touré et ses amis, les commerçants
– Le complot des cadres de la Basse cote pour mettre fin à la bourgeoisie mineur (les planteurs de la Basse Guinée) etc.
Bref, les guinéens ont vécu un régime stalinien pendant les 26 ans du règne du Président Ahmed Sékou Touré.
 La prise du pouvoir par le CMRN.
Après la mort du Président Ahmed Sékou Touré en 1984, le Colonel Lansana Conté et ses amis du CMRN (Comité Militaire de Redressement National) ont pris le pouvoir.
Les premiers actes posés par la junte au pouvoir furent la libération des prisonniers politiques de feu Ahmed Sékou Touré incarcérés dans la célèbre prison de Camp Boiro dont tous les guinéens ont suivi les témoignages des prisonniers qui ont survécu ; l’ouverture des frontières ; l’invite faite à nos frères et sœurs de la diaspora dans le monde de rentrer au pays.
En décembre 1990, une constitution appelée Loi Fondamentale a été adoptée par référendum ouvrant ainsi la voie à la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de la presse, l’instauration du multipartisme intégral, les syndicats, la société civile, les ONG etc.
En 1993 la première élection démocratique fut organisée en Guinée avec huit (8) candidats.
Le candidat du PUP (Parti pour l’Unité et du Progrès), Lansana Conté est élu dès le premier tour.
En 1995 l’élection des députés et celle des conseils communaux fut aussi organisée.
Beaucoup d’efforts ont été fourni pour pouvoir amorcer le développement de la Guinée à travers entre autres :
• Les états généraux des différents secteurs du pays à savoir : la justice, l’éducation, l’économie, l’Agriculture etc.
• La construction d’infrastructures routières et sanitaires dans le pays ; des infrastructures et programmes scolaires notamment le « Programme d’ajustement structurel de l’éducation (Pase 1 et 2) » sous la conduite de Madame Hadja Aicha Bah.
C’est ainsi la Guinée quitta le système communiste socialiste pour le libéralisme démocratique, économique, culturel etc.
En 1998 le Président Lansana Conté brigua son deuxième et dernier mandat selon la constitution de 1990.
A la fin de son deuxième mandat, le pays a connu une certaine instabilité due aux soulèvements des étudiants dans les Universités du pays ; les contestations politiques et sociales.
En 2002, des cadres de la Haute Guinée ce sont réunis à Kankan pour ouvrir la voie pour un troisième mandat à Lansana Conté. Des cadres comme : le feu Mouloukou Souleymane Kaba, Mamadi Kaba Camara, Filan Traoré, Madifing Diané, Sidy Sissiko etc.
Ainsi le référendum qui a conduit à ce troisième mandat fut financé par les commerçants.
C’est pourquoi je félicite les députés du PUP d’alors qui malgré qu’ils avaient plus de deux tiers (2/3) pour pouvoir faire passer cette loi organique sans obstacle ont décidé de ne pas cautionner un troisième mandat pour le président Lansana Conté.
C’est à partir de là qu’on est tombé dans une autre dictature provoquant les évènements de 2006 et 2007 suivis par une répression sanglante de forces de défenses et de sécurité enregistrant ainsi plus d’une dizaine de morts.
Après la violente répression des forces de défenses et de sécurité sur les manifestants au niveau du pont 8 Novembre, la CEDEAO s’est impliquée dans la crise guinéenne, notamment le Chef de l’Etat du Nigéria son excellence Sani ABACHA menant une mission de médiation qui aboutit à la mise en place d’un gouvernement de consensus dirigé par un Premier Ministre chef de gouvernement.
C’est alors que Lansana Kouyaté a été nommé Premier Ministre chef de gouvernement, par le Président Lansana Conté.
Au début du premier trimestre de l’an 2008, le Premier Ministre Lansana Kouyaté a été limogé pour faute lourde et remplacé par son excellence Docteur Ahmed Tidiane Souaré qui forma un gouvernement de large consensus et 8 mois après, le Président Lansana Conté a rendu l’âme, le 22 décembre 2008.
 La prise du pouvoir pour le CNDD.
Dans les jours qui ont suivi le décès du Président Conté, l’armée à travers le CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement) prend le pouvoir par un coup d’Etat constitutionnel dirigé par le Capitaine Moussa Dadis Camara.
Le groupe de contact sur la crise guinéenne est mis en place sous la direction de la CEDEAO et les forces vives de la nation voient le jour, composées des partis politiques, des syndicats, la société civile etc.
Entretemps le CNDD à sa tête le Capitaine Dadis Camara avait nommé Monsieur Kabinet Komora comme Premier Ministre chef de gouvernement.
C’est dans ce contexte, malgré les efforts de la communauté internationale, le Capitaine Dadis Camara Président de la transition et son entourage ont commencé à dévoiler peu à peu leurs ambitions de confiscation du pouvoir menaçant ainsi le retour dans les meilleurs délais à l’ordre constitutionnel.
C’est dans cette situation tendue que les forces vives ont organisé un meeting le 28 septembre 2009 au stade du même nom, date d’anniversaire de l’avènement de la Guinée à l’indépendance.
Les forces du mal ont malheureusement eu raison sur le jeune capitaine et Président de la transition, en déployant les forces de défenses et de sécurité dont entre autres la garde présidentielle, qui ont réprimé dans le sang les manifestants, enregistrant plus de 156 morts, une centaine de femmes violées, des portés disparus, des blessés graves et à vie et des centaines d’arrestations.
Ces crimes ont été qualifiés de crimes contre l’humanité et crime de masse par les enquêteurs de la Cour Pénale Internationale (CPI) envoyés en Guinée à cet effet.
Et en décembre 2009, le Président de la transition le capitaine Dadis Camara est blessé par balle sur la tête, tir attribué à son aide de camp Toumba Diakité du camp koundara à l’époque.
Le général Sékouba Konaté reprend la tête du CNDD et devient Président de transition en janvier 2010 et un gouvernement d’union nationale a été mis en place dirigé par feu Jean Mari Doré et le CNT (Conseil National de la Transition) dirigé par Hadja Rabiatou Sera Diallo.
Une constitution a été élaborée et adoptée par le CNT, organe législatif et promulguée par le Président de la transition comme Loi Fondamentale de la Guinée et cette constitution a été appréciée à la fois sur le plan national mais aussi sur le plan international.
Les élections présidentielles ont été programmé le mois juin 2010 comme premier tour.
Mais avec des manœuvres dilatoires de certains cadres et responsables du pays, les élections présidentielles n’ont nullement été démocratiques, crédibles et transparentes, car toutes ces manœuvres visaient à favoriser le candidat du RPG Alpha Condé au détriment de Elhadj Cellou Dalein Diallo candidat de l’UFDG. .
C’est d’ailleurs pour la première fois dans l’histoire des élections qu’on ait quatre (4) mois entre le premier et le deuxième tour des présidentielles pour enfin déclarer vainqueur du second tour le candidat du RPG venu avec 18% des soufrages contre 44% de celui de l’UFDG au premier tour.
 La présidence d’Alpha Condé.
Alpha Condé comme Président de la république (avec 40 ans de lutte démocratique et ayant vécu tout ce temps dans un pays comme la France, où les libertés et la démocratie sont inviolables parce que la loi étant au-dessus de tous), le désir ardent des guinéens de vivre une démocratie est devenu une utopie.
Le pays a connu 11 ans de violation systématique des droits humains, de politisation à outrance de l’administration publique, de mauvaise gouvernance, de corruption à grande échelle, de justice aux ordres de l’exécutif, de musellement des opposants, de dégradation du système éducatif… Bref 11 années de gestion globalement négative.
Par contre la desserte du courant électrique à conakry s’est considérablement améliorée grâce au barrage de kaleta, bien qu’il faille souligner que ce projet a connu une surfacturation sans précédent qui a coûté des millions de dollars à notre pays.
A la fin du second et dernier mandat de Mr Alpha Condé, le projet d’un troisième mandat en toute violation de la constitution de 2010 qui limitait le nombre de mandats présidentielles à deux (2) maximum, a été concocté par le Président de la République, le gouvernement, le parti au pouvoir (APG-Arc-en-ciel).
Ce projet de troisième mandat était vu par l’écrasante majorité de la population comme un recul de la démocratie dans notre pays s’il arrivait à se concrétiser.
C’est pour faire front à ce projet machiavélique que les pro-démocratie ont mis en place le FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution) ; cette constitution de 2010 qui prévoyait un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois donc 10 ans maximum, pas plus.
Hélas, Mr Alpha Condé s’est entêté, appuyé par les forces du mal au sein de sa formation politique le RPG-Arc-En-Ciel et Alliés, l’administration publique, les institutions du pays, les forces de défenses et de sécurité y compris les forces spéciales dirigées par le Colonel Mamadi Doumbouya, la justice, le tout appuyé par un ethno stratégie sans précédent pour accéder à leur faim.
Malgré le forcing perpétré avec le référendum couplé aux élections législatives, le FNDC a réussi à affaiblir et à discréditer Alpha Condé conduisant ainsi son isolement sur le plan international.
 L’avènement du CNRD.
Le dimanche 05 septembre 2021, les Forces Spéciales à leur tête le Lieutenant-Colonel Mamadi Doumbaya commandant de cette unité, ont perpétré un coup d’Etat et déposé Alpha Condé.
Pour rappel le colonel Mamadi Doumbouya et son groupe ont été le bras armé du troisième mandat de Mr Alpha Condé.
Malgré que les guinéens dans leur majorité pensaient que le CNRD allait rectifier les erreurs du passé et permettre un retour à l’ordre constitutionnel conformément aux premières déclarations du CNRD et de son président.
L’opinion pensait que la Guinée allait tourner définitivement cette page noire de son histoire, mais malheureusement nous constatons les mêmes pratiques du système d’Alpha condé :
la politisation de l’administration, de la justice, des forces de défenses et de sécurité, certaines coordinations régionales, une partie de la société civile, l’administration décentralisée… C’est tout simplement du Alpha sans Alpha.
Nous constatons un manque total de respect de la Charte de la transition de la part du Colonel Mamadi Doumbouya qu’il a lui-même de façon unilatérale signé et publié.
Toutes les violations constatées pendant la gestion d’Alpha Condé ont encore refait surface de plus belle avec des violations de droits de l’homme ; la destruction des biens privés ; l’ethnicisassion de l’Administration ; la non publication de la liste des membres du CNRD ; la non publication des biens des membres du CNRD, du gouvernement et du CNT (Conseil National de la Transition) ; le refus de mettre en place un vrai cadre de dialogue inclusif et permanent pour discuter de la conduite de la transition, notamment la durée et le chronogramme de la transition conformément à l’article 77 de la Charte de la Transition qui stipule que « le chronogramme et la durée de la transition seront fixés en commun accord entre les forces vives de la nation et le CNRD ».
Les décisions unilatérales, le musèlement des leaders des forces vives, l’instrumentalisation de la justice par la création d’une Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières « CRIEF » qui se révèle contre toute attente comme un instrument qui vise des leaders charismatiques comme Elhadj Cellou Dalein Diallo Président de l’UFDG, Sidya Touré Président de l’UFR pour ne citer que ceux-ci, dans le seul but de les écarter de la course à la Présidence et enfin avoir carte blanche pour dérouler leur projet, celui de passer le pouvoir à la personne de leur choix.
Nous sommes à plus de 10 mois de gestion de la junte au pouvoir, force est de croire qu’il n’y a aucune visibilité sur les activités indispensables au retour rapide à l’ordre constitutionnel. La junte et le gouvernement mènent une gestion arrogante du pouvoir et ont un mépris total contre les forces vives de la nation.
Il faut signaler qu’on est presqu’à la fin du délai d’un mois accordé à la Guinée pour proposer une durée et un chronogramme raisonnable.
En dépit de la gestion unilatérale du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya et au vu des actes qu’il a déjà posé, comme la restitution de la case de bellevue à la famille de Sékou Touré en dehors de tout cadre juridique et règlementaire, l’aéroport de Conakry Gbéssia désormais rebaptisé aéroport Ahmed Sékou Touré… Il faut souligner que l’aéroport portait le nom du notable très respecté de la basse guinée appelé Gbessy Soumah).
Tous portent à croire que le Colonel Mamadi Doumbouya marche sur les pas du Président Ahmed Sékou Touré et la Guinée risque de voir la transition s’éternisée, retardant le retour rapide à l’ordre constitutionnel, si toute fois le peuple détenteur du réel pouvoir ne se lève pas pour barrer le chemin à toutes ces velléités.
Ce bref aperçu sur les différents régimes qui se sont succédés au pouvoir, est simplement une manière d’ouvrir les yeux de la population et des cadres du pays sur le système constamment présent et qui ne vise qu’enrichir une minorité au pouvoir au détriment de toute la population guinéenne et cela depuis toujours.
C’est pourquoi il est temps que le peuple de Guinée épris de paix, de justice, de démocratie, de bonheur, de lendemain meilleur prenne sa destinée en main, en exigeant au pouvoir en place le respect des textes qui régissent la nation et surtout un retour rapide à l’ordre constitutionnel à travers des élections justes, transparentes et acceptées de tous. C’est à ce prix qu’on amorcera le développement tant souhaité par le peuple de Guinée.
Vive la démocratie
Vive la Guinée
Par Aboubacar Biro Soumah (Président du PPC)

Conakry, 26 juillet 2022
Archives tirées ‘’des archives d’Afrique
d’Alain Foka et autres sources’’

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