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AccueilGUINEESurvie des entreprises en Guinée, étude et perspective (Abdoul Gadiri BALDE)

Survie des entreprises en Guinée, étude et perspective (Abdoul Gadiri BALDE)

Un webinar s’est tenu le vendredi 12 juin 2020 sur la restitution de l’étude sur la mortalité des entreprises en Guinée, initié par l’agence de promotion des investissements privés (APIP -Guinée) autour du thème : « survie des entreprises: quelle stratégie à adopter ? »

Un premier du genre, cette réunion virtuelle a connu un éclat réel et symbolique à la suite des débats des panelistes au parcours singulier remarquable entre autres, le Directeur général de l’APIP monsieur Namory Camara, son ministre de tutelle, celui des investissements privés et des PPP monsieur Gabriel Curtis, l’ex ministre de l’économie et des finances madame Maladho Kaba, madame Hawa Diallo secrétaire général du ministère des investissements, Monsieur le Directeur général de la Bicigui Dénis Rubrice, monsieur Éloi Kouadio représentant du PNUD en Guinée…. et plusieurs autres figures politiques ou entreprenantes d’ici et d’ailleurs. La présente analyse s’efforcera à la fois de faire une restitution fidèle du webinar tout en insistant sur certains points.

Quelles leçons en tirer?

Ce webinar qui a duré exactement 3 heures, s’articule autour de deux axes principaux ; l’un portant sur la restitution de l’étude effectuée (|) et l’autre sur la discussion fructueuse des panelistes et les recommandations (||).

(|)Sur la présentation de l’étude de mortalité des entreprises en Guinée :

Le contexte s’inscrivant dans la ligne de conduite de l’APIP, à la suite du constat d’augmentation remarquable des entreprises dans le processus de formalisation. Sur une échelle de 5 ans, la pyramide de création des sociétés a largement augmenté, allant d’un peu plus de 3000 entreprises enregistrées en 2014, en 2018 l’APIP a enregistré plus de 8570 nouvelles entreprises créées contre plus de 10.000 entreprises créées en 2019. Ce qui est rassurant au regard du progrès considérable dans le processus d’incitation vers le secteur formel, rôle au-devant duquel se trouve cette agence. Les statistiques démontrent que 70% des entreprises sont créées sous la forme individuelle en Guinée contre 27% sous la forme SARL ou SARLU et seulement 3% sous les autres formes. Ce qui explique l’explosion des PME en Guinée. Le débat s’est vu désormais orienté vers la survie de ces entreprises. Malheureusement, la Guinée n’a pas échappé au dénominateur commun des entreprises des États d’à côté, sur un taux de mortalité variant entre 80 à 95 % selon le secteur d’activité au Sénégal, la Guinée enregistre un taux de mortalité de 75% des entreprises ayant fait objet d’étude globalement dans tous les secteurs, ce qui sans doute fait croire à une survie de 25 % des entreprises créées. L’horizon temporaire de la mortalité n’étant pas déterminé ( perspective à tenir compte prochainement); il s’est révélé que si bien que la statistique est Guinéenne, le problème n’est pas seulement Africain mais mondiale ; l’un des panelistes accordait un taux de mortalité des entreprises en France en hauteur de 17% et jusqu’à 37% pour les PME en forme d’entreprise classique pour les trois premières années de leurs exercices.(fiable via internet)

L’étude démontre que le critère de diplôme n’est pas véritablement une garantie de survie des entreprises, un taux plus élevé des entreprises créées par des diplômés meurent alors qu’à plus faible taux pour celles créées par des jeunes n’ayant pas forcément fait des grandes études: c’est donc plus une question de culture entrepreneuriale que de diplôme. Par contre, celles qui sont dirigées par les propres associés (propriétaires) ont un taux plus élevé de survie que celles qui sont confiées à d’autre dans la direction : ce qui pose la problématique de la gouvernance des entreprises. Ensuite, celles qui sont dirigées par une équipe ont plus de chance de survie que celles dirigées par un seul; chose inattendue certes mais pourtant vraie, les entreprises pluripersonnelles ont plus de chance de survie que celles unipersonnelles (concret). La même étude démontre une participation entrepreneuriale à faible taux de 11% des femmes en Guinée comparativement à la France où le pourcentage entrepreneurial féminin est de 29% globalement dans toutes les créations d’entreprise. Cependant, la tendance s’inverse en fonction des secteurs et les femmes sont en tête dans les domaines de la santé, de la formation et de l’action sociale (avec une moyenne de 62% des entreprises créées en France); probablement une raison de mortalité élevée des entreprises d’où l’ultime nécessité d’encourager davantage l’entreprenariat féminin. 

Sur ces éléments concrets, l’étude s’est organisée sur des facteurs à la fois endogènes et exogènes de mortalité des entreprises. 

Au cœur des débats dans la phase de discussion, unanimement, les panelistes de taille ont soutenu une panoplie de causes avant d’envisager des pistes non pas d’endiguer complètement les problèmes mais de réduire sur un plan à moins et long terme considérablement la mortalité des entreprises.

(||)Sur les causes de mortalité élevée des entreprises en Guinée :

Un problème structurel:

Structurellement, il faut des réelles modifications. A la base, se pose un problème d’approche ; la question ne doit pas uniquement concerner la formalisation des entreprises. C’est une étape primordiale mais pas la seule, les mécanismes structurels établis font peur aux entrepreneurs qui croient uniquement à la priorité de traçabilité des entreprises dans le but d’imposition fiscale, il faut l’orienter sur la gouvernance des entreprises notamment songer à encourager le Leadership  féminin surtout sur la prééminence de la capacité managériales dont elles disposent qui pourrait sans doute booster la survie des entreprises; le redéploiement des activités dans des domaines plus en horizon, tendance, perspective, proactivité ( exemple en période de Covid , œuvrer désormais dans la production des gels de lavage de main alors qu’avant on faisait juste la savonnerie)

La lourdeur fiscale:

La nécessité de faire un plaidoyer sur l’allègement fiscal des entreprises lors de leurs premières années d’activités (récemment j’apprenais à une conférence du projet Congé fiscal: mécanisme de différemment de l’impôt dans le temps), l’effectivité du statut de l’entreprenant à accélérer, mettre en place une fiscalité non punitive (incitative comme le recommande l’OHADA) avec une dose de fiscalité légère à différer s’il le faut aux années de croissance.

La difficulté d’obtention des marchés sur les premières années:

Une réelle problématique en Guinée, elle est dû principalement au *monopole* déguisé en appel aux marchés publics « simplement formelle » qui rend quasi impossible l’accès au marché par une chaîne de corruption rendue normale par les services en charge. Ce qui rend le marché « non partagé » d’où l’ultime nécessité de briser le monopole et d’assainir le climat des affaires sur des principes d’égalité d’accès et de lutte contre la corruption. Pour s’y faire il faut révolutionner les méthodes de travail en œuvrant pour la digitalisation du service public. Non seulement ça réduirait l’accès aux pots de vin mais favorisera l’accès gratuit des documents y attrayants.

La problématique de financement des entreprises :

L’étude démontre que l’accès au crédit est l’élément stimulateur de la formalisation des entreprises. Pratiquement, la plupart des entreprises créées légalement seraient en quête de financement ou de marché. Malheureusement peu d’entre elles y accèdent encore pire peu arrivent à tenir tête et à rembourser. La méconnaissance des produits financiers disponibles, le taux d’intérêt élevé de crédit, la complexité et la longueur de la procédure de financement (dossiers à fournir) constituent des freins pour leurs financements et donc plus loin de leurs survie

Les délais importants de paiement :

Le non-respect des échéances de paiement est une cause de mortalité accélérée ou prématurée des entreprises. En effet l’OHADA a prévu tout un arsenal allégé de recouvrement des créances, sa mise en œuvre effective pose assez de difficultés prônant parfois des délais supplémentaires alors que la trésorerie de l’entreprise n’est pas encore préparée à y faire face. À lourde conséquence pour l’entreprise vis à vis des partenaires et fournisseurs qui à la fois fait face à des pénalités de retard mais aussi parfois rompt totalement ce lien crucial «d’affaires» avec ceux-ci. 

A la suite de ces multitudes difficultés auxquelles font face chaque jour ces milliers de jeunes aspirant évoluer dans leurs secteurs d’activité respectifs, il faut encourager le coaching, le mentorat entre entreprises et/ou entrepreneurs.

Le comité technique de suivi des investissements doit mettre en place une stratégie d’encadrement des entreprises dans la dureté (Le lancement du processus d’informatisation du RCCM en Guinée depuis Février dernier est déjà un bon élan dans ce sens) , penser à la mise en place d’une ligue des entreprises à l’image des J awards, du salon des entrepreneurs…pour booster les plus compétitives et inciter d’autres à la course. Continuer à renforcer le dispositif d’appui à la création des entreprises par la digitalisation ou la proximité par la forte représentativité géographique de l’agence (APIP mobile), l’amélioration de l’offre de financement sur le volet information (publicité) dans des langages financiers accessibles au plus grand nombre notamment par des nouvelles méthodes de placement et de renégociation ou s’il le faut penser à opérationnaliser le fond des PME amélioreront substantiellement et considérablement le taux de survie des entreprises. 

      Restitution de Abdoul Gadiri BALDE, Greffier; Consultant en droit des affaires.

Bibliographie:

Statut de l’entreprenant, article de Paul Gérard POUGOUE

Site web de l’agence de promotion des investissements privés 

Webinar disponible sur YouTube sur la survie des entreprises en Guinée.

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