Après la diffusion des vidéos et conversations privées portant atteinte à l’intimité de la vie privée, la question de justice se pose. Si certains estiment qu’il y a du deux poids deux mesures dans l’action du parquet, c’est le contraire chez le juriste Kalil Camara.
« En effet, le principe est que le ministère public doit engager des poursuites conformément à l’article 46 et suivants du Code de procédure pénale, lorsqu’une infraction est commise. Cependant, il y a des infractions, le ministère public ne peut pas engager des poursuites sans plainte préalable de la victime. Ce sont des infractions qui relèvent de l’atteinte à la vie privée. Il s’agit notamment des délits de diffamation, d’injure, de l’enregistrement d’une personne sans son consentement ou de la publication d’une vidéo faite dans un lieu privé.
Ce sont des infractions qui concernent plus l’intérêt privé que l’intérêt général. Pour agir, le parquet ne le fait que sur la plainte de la victime. Au cas contraire, l’action publique ne peut prospérer.
Il y a une dérogation, lorsque l’injure ou la diffamation a été commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, appartenance à une éthnie, nation, ou religion, le ministère public peut engager des poursuites sans plainte. Hors ces cadres, il n y a pas d’opportunité de poursuite.
C’est pourquoi lorsqu’une vidéo (sextape) ou un audio d’une conversation privée est mis sur la place publique, si la victime ne porte pas plainte, elle ne peut obtenir justice. Et le parquet reste inerte face à l’évènement. Et même si le ministère public agissait, il pourrait être confronté à la nécessité de la plainte devant le juge.
Kalil Camara, juriste journaliste
