Son Excellence,
Un proverbe mandingue dit : « Si tu prends la trahison à la légère, c’est qu’elle a été préparée sous tes yeux. »
Il y a quelques semaines, je vous ai écrit humblement pour vous demander de sonner la fin de la récréation.
Car je constatais, avec inquiétude, que certains individus proches de votre autorité commençaient à abuser de leur position pour arnaquer les citoyens les plus vulnérables, usant de leurs privilèges à des fins personnelles et devenant des experts en propagande.
Un tel comportement, s’il persiste, risque de jeter un discrédit profond non seulement sur votre gouvernance, mais également sur votre honneur et celui de votre famille.
Et voilà que certains ont franchi une ligne rouge : ils ont eu l’audace de manipuler la sensibilité religieuse des citoyens pour détourner des fonds destinés au pèlerinage, tout cela au nom de la présidence de la République et de votre famille biologique.
Comment ont-ils osé ? Quelle indignité ! Quelle trahison ! Et surtout, en cette période conjoncturelle pour le pays ! N’est-ce pas là une manœuvre délibérée pour saboter votre autorité et fragiliser votre système de gouvernance ?
Monsieur le Président, cette affaire a profondément choqué et frustré de nombreux Guinéens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Imaginez : un citoyen paie plus de 65 000 000 GNF pour envoyer sa mère au pèlerinage. Elle quitte son village, annonce fièrement à toute la communauté qu’elle part à la Mecque, remplit tous les formulaires… Et à la dernière minute, on lui annonce qu’elle ne partira pas. Pouvez-vous mesurer cette douleur, cette humiliation ?
Monsieur le Président, ceux qui ont orchestré cette escroquerie en instrumentalisant votre nom et celui de votre famille ne sont ni vos alliés, ni des patriotes.
Ce sont vos pires ennemis. Plus dangereux encore qu’une arme de guerre, car ils frappent dans l’ombre, avec le sceau du pouvoir. Ces individus seraient même capables de pactiser avec ceux qui souhaitent votre chute. Croyez-moi, Monsieur le Président.
Si cette affaire n’est pas traitée avec toute la rigueur nécessaire, elle risque d’embraser les esprits et d’engendrer des revendications violentes. Ce serait une déception non seulement pour votre image, mais aussi pour celle du pays.
Monsieur le Président, les personnes impliquées qu’elles soient à la présidence, à la primature ou au ministère des Affaires religieuses doivent être tenues pour responsables à la hauteur de leurs actes, que je qualifierais de rébellion intelligente.
Je vous exhorte, Monsieur le Président, à agir avec fermeté. À punir, sans aucune complaisance, tous ceux qui ont sali votre nom et trahi la confiance du peuple à travers ce projet maléfique.
Car c’est votre autorité, votre intégrité et celle de votre famille, biologique comme institutionnelle, qui sont en jeu.
Si vous laissez passer cette situation par clémence, vous cautionnerez une injustice grave, encouragerez une impunité flagrante, et surtout, n’oubliez pas que l’impunité a été l’un des principaux facteurs de la chute de votre prédécesseur.
Avec tout le respect dû à votre fonction,
Dr. Karamo Kaba
Écrivain Auteur Consultant