Pour avoir lu ses œuvres et discuté avec lui – sa personne, je serai très étonné sinon déçu s’il était apprécié, à l’unanimité, à sa juste valeur en Guinée. D’ailleurs, la recherche facile des admirateurs reste la vocation du politique. L’intellectuel, lui, se contente d’être en accord avec sa conscience. Qui eût été Cheikh Anta Diop aux yeux de L. S. Senghor ? Qui eût été Camara Laye aux yeux d’Ahmed Sékou Touré ? Rien ! Des apatrides simplement – s’il faut reprendre vos discours disqualificationnistes teintés d’un sens de réflexion extrêmement proche du sol.
📌Peut-on vous inviter à lire Thierno Monenembo pour savoir qu’il n’est pas un ethno ?
Nullement ! Je ne suppose que cela pourrait être la solution à votre carence intellectuelle, car le Guinéen, même disposant d’un diplôme de doctorat, demeure un parfait idiot, oui je l’ai dit ; engloutissez-moi dans votre ridicule patriotisme inclusionniste allergique à toute pensée subtile. En observant ceux qui règnent dans l’arène politique et en les écoutant, je ne saurais donc vous recommander ni la lecture, encore moins un centre psychiatrique.
Si l’éminent Camara Laye a rendu l’âme dans des conditions misérables au Sénégal, qui, pourtant, pourrait apporter considérablement une plus-value dans l’éducation guinéenne comme l’a fait le Pr Cheikh Anta Diop ? C’est simplement parce que la place accordée à l’intelligence et à la subtilité de la pensée dans notre pays fut toujours embardée. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut questionner notre premier système de gouvernance ; son héritage sociopolitique. Dans cette entreprise d’auto-évaluation, de remise en question plutôt, les sékoutouréistes semblent s’opposer à toute voix dissidente, affirmant qu’elle doit se taire au nom du respect envers le père de l’indépendance. La malheureuse malédiction de la reproduction sociale pourrait certainement s’abattre sur la nouvelle génération guinéenne.
📌Thierno Monenembo est-il un modèle à suivre ?
Ma génération d’intellectuels a échoué, affirme-t-il dans plusieurs tribunes. De ce fait, il est conscient de la classe honorifique qu’il démérite. Mais alors, doit-il se taire ? Renoncer à sa vocation d’écrivain ?
Revenons donc à la première interrogation : Qu’a réellement apporté Thierno Monenembo à la Guinée ? Rien ! Il ne sert à rien d’écrire un livre, de vendre l’identité culturelle de son pays à travers des distinctions honorifiques. Je m’arrête là ; les élèves du primaire ne me liront pas, c’est à eux d’amener une personne lucide dans cette entreprise. Pour eux, j’écrirai un manuel pour enfant, afin qu’ils ne se posent pas – à l’âge adulte – la question de savoir ce qu’on apporte à son pays en écrivant.
Thierno Monenembo est ethno, c’est une vérité. Mais qu’est-il d’Alioufan Touré ? De Camara Laye ? De William sassine ?
Une grande part des accusations portées à l’égard de Thierno Monenembo, bien que pas toutes, est justifiée par son origine ethnique. Cette odieuse entreprise, à la fois manipulatrice et stupide, trouve ses racines dès les premières heures des indépendances en Guinée, visant à éliminer toute véritable grandeur au profit d’une banalité déconcertante.
Toutefois, cette entreprise absurde est destinée à l’échec, car notre génération refuse catégoriquement d’adhérer à de telles accusations fausses, empreintes d’extrémisme et nourries par une ignorance triomphante, systématiquement manifestée à chaque intervention intellectuelle dans l’espace public.
Savez-vous comment les dictateurs ont réussi à maintenir leur pouvoir oppressif sur une longue période ?
Pour s’imposer durablement à la tête d’un peuple, il est nécessaire de cultiver une doctrine extrémiste à l’encontre de toute forme de raffinement intellectuel. Cette stratégie, universellement adoptée et chère à tous les grands dictateurs de ce monde, a été perpétuée par les partisans d’Ahmed Sékou Touré, au nom de la prétendue reconnaissance envers l’homme qu’il fut. Cette pernicieuse entreprise perdure de nos jours, incarnée par certains individus se proclamant « PATRIOTES » dans l’espace public guinéen, où l’intellectuel est relégué à l’ombre de l’estrade. La majorité des intellectuels guinéens ont ainsi été contraints au silence, laissant la place à des individus médiocres, aucun ne souhaitant être affublé des injures de cette petite bourgeoisie. C’est dans ce contexte que Thierno Monenembo fait figure d’exception, apportant une contribution significative et incommensurable.
Abdoulaye sylla