Présidentielle du 28 décembre : entre ferveur pro-Doumbouya et rappel à l’engagement de non-candidature (Roland Curtis)

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À quelques semaines de l’élection présidentielle prévue pour le 28 décembre, le climat politique en Guinée se tend autour d’une question centrale : le Général Mamadi Doumbouya, président de la transition, sera-t-il candidat ?

Depuis plusieurs semaines, les appels à une candidature de l’actuel chef de la transition se multiplient. Mouvements citoyens, associations et groupements politiques favorables au pouvoir en place organisent des rassemblements et diffusent des messages plaidant pour « la continuité ». À Conakry comme dans certaines régions de l’intérieur, des banderoles affichent un soutien explicite : « Le peuple veut que le Général reste », « Pour la stabilité, Doumbouya 2025 ».

Pour ces partisans, le bilan des réformes engagées depuis la prise du pouvoir par le CNRD en septembre 2021, notamment en matière de gouvernance, de justice et d’infrastructures, justifie une prolongation de l’action du Général au-delà de la transition. Ils affirment que la « volonté populaire » doit primer sur les engagements initiaux.
Mais en face, les voix critiques rappellent que Mamadi Doumbouya, lors de ses premières déclarations en tant que président de la transition, s’était engagé à ne pas briguer le pouvoir à l’issue de celle-ci. Plusieurs formations politiques, organisations de la société civile et figures de l’opposition appellent à « respecter la parole donnée » pour préserver la crédibilité du processus de transition.

Cette tension entre partisans d’un maintien et défenseurs d’une stricte neutralité pose une question cruciale : comment mesurer objectivement la volonté populaire dans un contexte où les instruments fiables de mesure — notamment les sondages d’opinion — sont quasi inexistants ?

En effet, l’absence d’instituts de sondage indépendants et le manque d’enquêtes représentatives sur les intentions de vote rendent toute estimation hasardeuse. Ce flou alimente les spéculations et donne lieu à des revendications fondées davantage sur des perceptions et des démonstrations de rue que sur des données vérifiables.
Alors que la date du scrutin approche, le pays reste suspendu à une éventuelle déclaration du Général Doumbouya sur ses intentions. D’ici là, les débats s’intensifient, entre ceux qui voient en lui une figure de refondation nationale et ceux qui redoutent un glissement vers une personnalisation du pouvoir, en contradiction avec l’esprit même de la transition.

Roland Curtis, Dr en science politique

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