L’Association des Familles et Disparus du 28 septembre 2009 (AFADIS) a animé une conférence de presse ce mardi 7 octobre à Conakry. À cette occasion, L’AFADIS s’est fendue d’une déclaration dans laquelle elle félicite l’État guinéen pour la tenue du procès du 28 septembre 2009, mais se montre préoccupée par la libération de l’ancien président, Moussa Dadis Camara.
« En effet, c’est une première historique. Un tribunal national, composé de juges guinéens, a poursuivi, jugé et condamné un ancien chef d’État, des ministres ainsi que des officiers supérieurs pour crimes contre l’humanité. Cela contraste profondément avec les régimes précédents qui, souvent, opposaient le silence, le mépris ou le rejet systématique aux appels à la vérité et à la justice. Cette décision judiciaire, saluée par la communauté internationale, constitue une avancée majeure et symbolique dans la lutte contre l’impunité. Elle rend enfin aux victimes la dignité et l’écoute qu’elles réclament depuis tant d’années », a déclaré Mamadou Bailo Bah, coordinateur de l’AFADIS.
Poursuivant, le coordinateur de l’AFADIS appelle la justice guinéenne à veiller à ce que toutes les victimes soient traitées sur un pied d’égalité.
« Le chemin n’est pas encore terminé. Nous appelons la justice guinéenne à parachever ce chantier historique afin que toutes les victimes bénéficient pleinement de leurs droits à la justice, à l’indemnisation et à la garantie de non-répétition. Ces principes constituent les fondements de la paix, du développement durable et de la cohésion sociale. C’est dans cet esprit que nous lançons un appel pressant pour l’indemnisation effective de toutes les victimes, conformément au délibéré du 31 juillet 2024. Si certains ont déjà commencé à recevoir leurs indemnisations, des dizaines de victimes attendent encore. Ce retard suscite frustration et incompréhension légitime », a ajouté l’organisation.
Par ailleurs, l’AFADIS s’est dite préoccupée par la récente libération de Moussa Dadis Camara.
« Dans la logique d’une justice pour tous, nous exprimons notre vive inquiétude face à la récente libération de Monsieur Moussa Dadis Camara, condamné pour crimes contre l’humanité, alors même que plusieurs parties au procès y compris sa propre défense ont fait appel. Cette libération, incomprise par de nombreuses victimes, ravive les blessures et soulève des questions sérieuses de sécurité et de risques de représailles potentielles contre les victimes et leurs familles. Rappelons qu’il existe une loi portant protection des victimes et des témoins, mais celle-ci n’a, à ce jour, pas été appliquée de manière stricte ni rigoureuse. C’est une faille qu’il faut corriger sans délai » a averti l’association.
« Face à ces enjeux, les victimes, les associations et leurs avocats réaffirment leur engagement indéfectible pour que la vérité éclate, que la justice soit effective et que plus jamais de tels crimes ne se reproduisent sur notre sol. Nous resterons toujours attachés aux valeurs des droits de l’homme, à l’État de droit et au principe selon lequel nul n’est au-dessus de la loi. Nous croyons qu’une nouvelle aube est possible : une Guinée réconciliée avec elle-même, fondée sur la vérité, la justice et le vivre-ensemble », a conclu Mamadou Bailo Bah, coordinateur de l’AFADIS.
Mansaré Soumah Naby Moussa


