On choisit de manifester – comme main dans la main – mais avec des revendications systématiquement contradictoires, et tous, avec la même ardeur contre une seule et même entité, le CNRD, Conseil National pour le Redressement et le Développement.
Les premiers sont dans le ressentiment d’avoir perdu le pouvoir, et se refusent davantage de réfléchir sur les causes qui ont rendu cela possible, sans préjudice de l’hypocrisie de principe à s’associer avec ce qu’ils trouvaient il n y a pas si longtemps « illégaux » et « illégitimes ». Même sans manifester au sens de la marche prévue, le RPG-arc-en-ciel « marche » depuis le 05 septembre.
Les deuxièmes, criant au complot, n’ont pas encore compris qu’il faut savoir se mettre à jour, et que la lutte politique ne saurait se limiter aux préoccupations personnelles d’une seule et même personne et toujours, et qu’à lui défendre bec et ongles, lui rend aux yeux de l’opinion contradictoire, de moins en moins innocent.
Les troisièmes, ceux qui reprennent désormais la vedette aux deux premiers qui – au-delà de nous avoir chanté leur représentativité et leur force de mobilisation, ont été incapables de les prouver – en prenant leur courage à deux mains pour leurs propres revendications politiques, au lieu se cacher derrière ces derniers qui, malheureusement, n’ont pas suffisamment compris le sens du combat pour lequel nous leur avions toujours défendu.
C’est dire, en dépit des questions de principe qui étonnent sur cette sauce étrange, le Front National de Défense de la Constitution, FNDC – puisqu’il faut le nommer – est en train de jouer sur un terrain très glissant, d’autant plus que sa revendication principale, sous fond de dialogue politique, est incompréhensible quand le discours qui l’évoque est foncièrement va-t-en-guerre.
Pour l’histoire donc, notez tout simplement que le problème, c’est que les gens ne sont pas à leurs places, et que le FNDC donne le flanc aux partis politiques en se refusant d’émerger comme une force sociale débarrassée de la « tutelle » de ceux-ci.
Sans spéculer, il faut également soulever le fait que la manifestation du 28 – est inopportune à tous les coups, sauf pour ceux qui désirent sans aucun répit à ce que le pays sombre définitivement dans le chaos. Elle est inopportune par le discours qui le porte, par l’hypocrisie de ses soutiens, et par la nécessité de donner plus de chance à la médiation de la CEDEAO, afin de permettre l’émergence d’un cadre de dialogue plus ou moins satisfaisant pour toutes les parties.
Est-il donc besoin de rappeler au FNDC que la manifestation dite pacifique du 28 – aujourd’hui donc – est à coup sûr « une lame à double tranchant » ? D’un côté le CNRD qui n’accepterait plus que ses leaders jaugent pour une énième fois son autorité à la fois politique et militaire. De l’autre, les attroupements illicites étant formellement réprimés par la loi – Art. 126 code pénal – et, sans oublier le risque que toutes ces manifestations dans l’agenda du FNDC – pour celui qui connaît la nature de nos manifestations dites pacifiques – pourraient faire effets boule de neige, après les arrestations probables de certains acteurs qui se rendraient ainsi coupables du délit d’attroupements « illicites ».
A ceux-là qui parlent de droit ou liberté de manifester sur la voie publique, sans aucune autorisation préalable donnée des autorités publiques nommément désignées par la loi à cet effet, ils se plantent dangereusement. LA FRANCE N’EST PAS LA GUINÉE, IL NE REVIENT QU’À LA COUR SUPRÊME DE GUINÉE DE NOUS EDIFIER SUR CE SUJET.
Mais en attendant, aujourd’hui – et plus que jamais – l’heure est à la retenue et à la responsabilité de chaque acteur majeur de cette transition. Et honte à tous ces pyromanes qui se mettent suffisamment à l’abri, en appelant les autres à la haine et aux affrontements. Parce que, comme pour conforter Einstein, « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Wo Laguinè Foulounn !
New-York , le 27 Juillet 2022
Ali CAMARA
