Depuis plusieurs mois, les Guinéens vivent une réalité aussi amère qu’absurde. La rareté des billets de banque ou la santé du Franc guinéen, représente une grande inquiétude; les files interminables dans les points de retraits et banques privés présente un plafonds humiliants et un grand soucis d’honorer une dépense urgente. Cela est devenus le problème commun de millions de citoyens malgré que le PM soit un grand économiste.
Mais il faut s’interroger: s’agit-il d’une véritable pénurie ou d’une stratégie imposée, où la population semble payer le prix fort de la refondation?
Dans un pays où les marchés de proximité s’animent essentiellement avec des billets de 10 000 ou 20 000 GNF, ce manque d’espèces équivaut à un étranglement social. La ménagère, le petit commerçant, le taximan ou encore l’ouvrier journalier, tous vivent au rythme de la rareté des billets de banques. Ils se sentent punis ou pris en otage par un système financier qui n’a pas su anticiper ni gérer les besoins de base des citoyens. Pendant ce temps l’administration est focus sur la campagne d’une nouvelle constitution.
Mais derrière ce chaos se cache un autre enjeu: la migration vers le numérique. Les banques et opérateurs téléphoniques profitent et multiplient les campagnes en faveur des paiements digitaux. Les transactions via OM ou cartes bancaires sont mises en avant comme une solution miracle. Certes, la digitalisation peut être une opportunité pour fluidifier l’économie, limiter la corruption et sécuriser les transactions. Mais comment l’imposer dans un pays où l’accès à l’internet reste inégal, où le droit à l’expression est au dernier plan, où la confiance dans les plateformes financières est fragile, et où l’illettrisme numérique touche encore une grande partie de la population?
Faut-il donc voir dans cette pénurie une punition silencieuse, une forme de pression sociale qui pousse le citoyen vers une solution qu’il n’a pas librement choisie? Ou bien faut-il y déceler une occasion forcée d’entrer de plain-pied dans l’ère numérique?
Sans doute la transition monétaire doit être accompagnée par des mesures claires, une communication transparente et surtout par la garantie d’un accès égal aux outils digitaux tout en restituant les agréments des médias fermés sans raison. Sans quoi, ce basculement vers le numérique ne sera pas une révolution moderne, mais une nouvelle fracture sociale.
La monnaie, qu’elle soit papier ou digitale, doit rester un outil au service du citoyen, non une arme de contrainte.
Mais que faire avec un peuple totalement aveuglé?
En attendant je prends mon café comme remède!

Olladi Ibrahim, journaliste.