spot_img
spot_img
AccueilGUINEEDakar : Interview exclusive avec Aboubakr Guilavogui, leader du mouvement du réveil...

Dakar : Interview exclusive avec Aboubakr Guilavogui, leader du mouvement du réveil de la FEANF, par un journaliste de RFI

Journaliste RFI : Monsieur Guilavogui, vous êtes actuellement à Dakar pour rencontrer selon certaines sources le tandem jeune porté au Pouvoir (Diomaye-Sonko), ce qui suscite de nombreux espoirs parmi la jeunesse du continent. Avant d’aborder les détails de ce vivoir, permettez-moi de vous poser une question essentielle : que représente pour vous la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France, la FEANF, que vous aspirez à réveiller ?

Aboubakr Guilavogui : La FEANF est bien plus qu’une simple organisation estudiantine. Elle est le symbole de la lutte panafricaine, un creuset historique où se sont forgées les grandes figures de l’émancipation africaine. Si je m’engage aujourd’hui à réveiller ce mouvement, c’est parce que je crois fermement qu’il a le potentiel de redevenir un moteur de transformation pour l’Afrique. La FEANF incarne une jeunesse consciente de sa responsabilité, une jeunesse qui, autrefois, était aux avant-postes des luttes pour la souveraineté de nos nations. Mon ambition est de ressusciter cet esprit, d’en faire un levier pour impacter non seulement les étudiants africains en France, mais aussi les gouvernements de tout le continent.

Journaliste RFI : Vos ambitions dépassent clairement les frontières de la France. Vous parlez d’influencer “tous les gouvernements africains”. Pouvez-vous nous expliquer comment vous comptez y parvenir ?

Aboubakr Guilavogui : L’influence, telle que je la conçois, ne se décrète pas, elle se construit. Mon projet repose sur deux axes majeurs. Le premier est la conscientisation de la jeunesse africaine, à travers un renouveau de la FEANF qui servirait de plateforme de réflexion et d’action. Les étudiants africains, où qu’ils soient, doivent comprendre qu’ils sont les futurs leaders de leurs pays et que leur formation ne doit pas se limiter aux seules compétences académiques. Il s’agit de forger des esprits critiques, capables d’analyser les enjeux contemporains et de proposer des solutions innovantes adaptées à nos réalités africaines.

Le deuxième axe est la diplomatie panafricaine. Mon engagement n’est pas de nature strictement académique. Nous devons engager un dialogue permanent avec les gouvernements en place. Je prévois, dans le cadre de mes tournées, de rencontrer les décideurs politiques, d’échanger avec eux sur les attentes et les aspirations de la jeunesse africaine. Le changement ne viendra pas seulement des urnes, il passera aussi par une pression intelligente et constructive que nous exercerons à tous les niveaux.

Journaliste RFI : Vous vous positionnez donc à la croisée des luttes estudiantines et des enjeux politiques. Mais certains pourraient dire que la FEANF, aussi historique soit-elle, n’a plus la même pertinence dans le contexte actuel. Qu’est-ce qui vous fait penser que ce réveil est encore possible ?

Aboubakr Guilavogui : Ce qui rend la FEANF toujours pertinente, c’est sa capacité à transcender les générations. Les problèmes auxquels les étudiants africains faisaient face dans les années 60, bien que différents sur certains aspects, trouvent des échos troublants dans notre réalité actuelle. La crise de l’emploi, l’absence d’opportunités, la marginalisation des jeunes dans les processus de décision, ce sont des enjeux qui demeurent. La FEANF, dans sa forme renouvelée, sera une réponse moderne à ces défis.

Je ne suis pas dans la nostalgie d’un passé glorieux, mais dans la construction d’un futur inspiré de ce passé. Nous avons l’avantage aujourd’hui de disposer d’outils de communication puissants, de réseaux de solidarité qui s’étendent bien au-delà des frontières. Je suis convaincu que la jeunesse africaine, unie sous la bannière de la FEANF, peut influencer le cours des événements en Afrique.

Journaliste RFI : Vous parlez souvent d’unité africaine, mais l’histoire récente nous montre que cette unité reste difficile à atteindre, que ce soit entre les États ou au sein même des populations. Quelles sont vos stratégies pour concrétiser cette unité que vous prônez ?

Aboubakr Guilavogui : Vous avez raison de souligner que l’unité africaine est un défi. Mais ce défi n’est pas insurmontable. La première stratégie que je propose est la réconciliation entre les générations. Trop souvent, les jeunes et les aînés se trouvent en opposition, alors qu’ils devraient travailler ensemble. Les anciens ont l’expérience, les jeunes ont la vision et l’énergie. La FEANF, sous ma direction, travaillera à créer des passerelles entre ces générations pour renforcer notre front commun.

La deuxième stratégie est de créer des synergies entre les différentes organisations étudiantes africaines, qu’elles soient en Afrique ou dans la diaspora. Je suis en contact avec plusieurs leaders de mouvements étudiants sur le continent, et nous envisageons des projets communs. Il ne s’agit pas d’une simple coordination de façade, mais d’une véritable union d’intérêts pour défendre les causes qui nous concernent tous, à savoir l’éducation de qualité, l’accès à l’emploi et surtout une gouvernance transparente et responsable.

Enfin, l’unité passe aussi par la culture. Nous devons réhabiliter nos valeurs africaines et les adapter à notre époque. La diversité culturelle de l’Afrique est une richesse, et non une faiblesse. Si nous réussissons à fédérer nos énergies autour de projets communs tout en respectant nos spécificités, alors cette unité prendra forme de manière naturelle.

Journaliste RFI : Vous vous présentez comme un leader charismatique, engagé pour la cause africaine. Pourtant, d’autres mouvements estudiantins ou politiques en Afrique ne partagent pas toujours la même vision que vous. Comment envisagez-vous de gérer ces divergences ?

Aboubakr Guilavogui : Les divergences d’opinion sont naturelles dans tout processus démocratique, et je les accueille avec sérénité. Ce qui compte pour moi, c’est de maintenir le dialogue. Le charisme d’un leader ne réside pas seulement dans sa capacité à rallier les foules, mais aussi dans son aptitude à écouter et à intégrer les critiques constructives. Je suis conscient que certaines organisations peuvent ne pas partager ma vision. Mais cela ne doit pas être un frein au progrès collectif.

Je privilégie toujours le débat d’idées, la confrontation saine des perspectives. La FEANF sera un forum ouvert, où toutes les voix seront entendues, même celles qui sont en désaccord avec moi. Mon objectif ultime est de construire un avenir où la jeunesse africaine, dans toute sa diversité, pourra s’épanouir et participer activement à la gestion de nos États.

Journaliste RFI : Dernière question, Monsieur Guilavogui. Où vous voyez-vous dans dix ans ? Gouverner la Guinée, ou peut-être diriger un grand mouvement panafricain ?

Aboubakr Guilavogui : (Rires) Dix ans, c’est à la fois court et long. Mais une chose est sûre, mon engagement restera le même : œuvrer pour l’émancipation de la jeunesse africaine. Si gouverner un pays ou diriger un mouvement panafricain est une voie pour y parvenir, alors oui, je l’envisage. Mais ce n’est pas une fin en soi. Mon ambition est de contribuer, de quelque manière que ce soit, à la transformation positive de notre continent. Ce que je fais aujourd’hui avec la FEANF n’est qu’un début.

Journaliste RFI : Merci, Monsieur Guilavogui, pour cet entretien riche et passionnant. Nous vous souhaitons le meilleur pour vos futurs projets.

Aboubakr Guilavogui : Merci à vous, et à bientôt pour d’autres échanges !

RELATED ARTICLES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Most Popular

Recent Comments